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Interview Maurice Kamto sur RFI : « La fraude est dans l’ADN du RDPC »

Maurice kamto Canal2

Le Candidat du MRC au scrutin présidentiel du 7 octobre 2018 était l’invité de RFI ce 21 septembre 2018


Maurice kamto Canal2
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En ligne avec Christophe Boisbouvier, Maurice Kamto parle de la crise anglophone, de la revalorisation du Smig, son parcours politique ou encore de la fraude électorale et revient sur les déclarations du candidat Osih et Jacques Fame Ndongo qui ont eux aussi subit ce même exercice sur les antennes de RFI.

Paul Biya et son porte-parole disent dans l’Ouest anglophone il n’y a pas de « crise anglophone » il y a juste une « question anglophone » et qu’elle est en train d’être résolue grâce aux initiatives de paix du régime.

Qu’on appelle crise ou question, peu importe la terminologie, les faits sont là : il est incontestable qu’il y a des pertes en vies humaines ; que ce soit du côté des sécessionnistes ou hélas du côté des forces des forces de défense.

Et si vous êtes élu, quelle sera la première mesure que vous prendrez pour l’Ouest anglophone ?

Ma première sortie officielle serait dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Pour porter un message de paix et de fraternité. Pour dire aux innocentes populations qui ne sont pas des sécessionnistes, donc prises souvent entre deux feux ; entre le feu criminel des sécessionnistes et le feu des forces de défense nationale, le feu de l’Etat, le feu républicains des forces qui défendent l’intégrité territoriale, dire à ces populations, vous êtes nos frères et sœurs, sortez des forêts. Je vais aller chercher dans les camps de réfugiés. Ensuite, dans un 2è temps, je mettrai en place le cadre du dialogue inclusif qui va nous permettre de mettre nos cœurs ensemble pour trouver la solution. Je n’ai jamais caché que ma préférence personnelle, c’était pour le régionalisme avec des compétences spéciales ou un statut spécial pour les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest afin de prendre en compte leurs spécificités historiques. Avec un transfert réel des compétences et des ressources, ou pourrait trouver une solution à la crise. Mais si le dialogue que je vais mettre en place, opte pour une autre forme de l’Etat, à la majorité des Camerounais -parce que j’entends soumettre au référendum le résultat du dialogue- si donc la préférence des Camerounais est la forme de l’Etat qui sortira de cette discussion, de ce dialogue, alors je prendrai acte du choix des camerounais.

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S’il est élu, votre concurrent Joshua Osih promet de multiplier par cinq le salaire minimum des Camerounais sur une période de 5 ans. Qu’est-ce que vous en pensez ?

Moi, je ne me livrerai pas à un jeu de massacre entre camerounais. C’est beaucoup trop facile parce qu’on va créer une foire d’empoignes entre les candidats de l’opposition pendant que celui qui est en réalité l’adversaire que les Camerounais voudraient voire remplacer, va en réalité se délecter de spectacle et compter les points. Non ! Je ne me livrerai pas à cet exercice-là.

Si vous êtes élu, est-ce que vous laisserez le salaire minimum à 36 FCFA ou vous l’augmenterez ?

Nous le monterons à 55. 000 FCFA. Nous avons choisi ce montant après des calculs et des échanges avec des organisations syndicales. Certaines voulaient une revalorisation beaucoup plus importante. Mais nous ne devons pas oublier que si on relève brusquement le Smig, d’abord il y aura une répercussion sur l’ensemble des salaires donc il y aura forcément une revalorisation des salaires en cascades et deuxièmement il faut éviter de relever brutalement tous les salaires parce que vous allez créer de l’inflation et créer des charges que certaines PME ne pourraient pas supporter si le Smig était très élevé.

Entre Akere Muna et vous on ne voit pas de grande différence idéologique. Vous êtes tous les deux contre la corruption systémique qui ronge le Cameroun et pourtant vous n’arrivez pas à vous mettre d’accord pour la candidature commune. Est-ce une bataille entre deux égos ?

 (rire) Non ! J’entends parler de beaucoup d’égo surdimensionné. D’abord, j’ai toujours dit que ce n’était pas le mot le plus approprié parce qu’il faut toujours avoir un peu d’égo pour entreprendre quoi que ce soit. Me Akere Muna et moi avons effectivement des convergences, nous n’avons cessé de garder le contact. Est-ce que même à deux semaines de l’élection nous pouvons encore espérer aboutir à quelque chose, je ne désespère pas. Nous sommes ouverts, on peut créer une vraie synergie, créer les conditions d’une certitude de la victoire.

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Vous avez été ministre de Paul Biya pendant 7 ans. Quand Joshua Osih dénoncent les candidats qui changent d’habits est-ce que vous ne vous sentez pas visé ?

Non, j’assume pleinement une trajectoire de vie et une trajectoire politique. Certains perdent de vue que j’ai été au gouvernement il y a 7 ans, c’est-à-dire que depuis 7 ans je ne suis plus au gouvernement. On veut faire croire qu’au Cameroun, nous sommes le seul pays où l’expérience devient une faiblesse. Mais voyez-vous, dans un pays comme le Sénégal, l’actuel Président de la République, donc le Président Macky Sall actuel, a occupé les fonctions de ministre, de Premier ministre, de président de l’Assemblée nationale ; a démissionné du gouvernement du Président Abdoulaye Wade et il a été élu. Personne n’y trouve à redire. Il n’y a qu’au Cameroun qu’on veut créer une fausse polémique sur la question. Je pourrais citer également en Afrique de l’Ouest, l’exemple du Président actuel du Burkina Faso qui a été non seulement à plusieurs reprises ministre, mais surtout à diriger le parti du Président Blaise Compaoré.

Craignez-vous la fraude, craignez-vous une coupure d’internet le jour du scrutin ?

Bien évidemment ! La fraude est dans l’ADN du RDPC et il faudrait un miracle pour qu’ils s’en défassent. Mais tout ce que je peux dire, c’est qu’ils sachent qu’ils trouveront les Camerounais en face d’eux. Parce que plus que jamais, notre peuple est mobilisé. Donc ils seront là, ils vont aller voter, ils vont surveiller le vote, ils vont le défendre si nécessaire. En ce qui concerne les coupures d’internet, oui c’est une perspective qu’il ne faut pas écarter. On a vu des coupures d’internet dans la zone anglophone. Pourquoi ne seraient-ils pas tentés de le faire à l’occasion de la prochaine élection ? Mais on sera là, d’une manière ou d’une autre nous assureront que nous avons des résultats sortis des urnes.


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