À l’issue du scrutin du 7 octobre 2018, le candidat du MRC, Maurice Kamto est sorti deuxième. Certains pensent que le rang de Maurice Kamto, fait du MRC désormais le leader de l’opposition. SAIDOU MAIDADI, ancien vice-président du SDF et de l’AFP, et aujourd’hui membre du bureau politique de l’UNDP, pense qu’il ne faut tirer très vite cette conclusion. Les élections attendues en 2019, vont clarifier ce débat qui est né de l’élection présidentielle 2018.
Avec la réélection du président Paul Biya, certains observateurs retiennent aussi un nouvel élan dans l’engagement politique des camerounais. Les élections législatives et municipales de 2019 peuvent-elles à votre avis amplifier ce message ?
Il est clair qu’il y a un certain marasme au niveau des populations. Il se traduit d’une part par le faible taux d’inscription sur les listes électorales, suivi d’un faible taux de participation aux élections. Et d’autre part par le bon score obtenu par de nouveaux partis comme Cabral présenté par Univers qui a su mobiliser les jeunes mais également Kamto même comme c’est un vote essentiellement identitaire. À mon avis, il est prématuré de dire que les élections locales vont amplifier ses résultats parce que les élections locales obéissent à d’autres logiques. Il faut constituer des listes crédibles notamment 25 citoyens pour la plus petite municipalité par exemple. Il va falloir d’un autre côté valider ces listes par le paiement des cautions. Ceci n’est pas donné à tous les partis.
Cette dynamique nouvelle, c’est aussi la contre-performance des anciens Garga Haman Adji et Ada- mou Ndam Njoya et la montée de nouvelles forces. Est-ce un avertissement aux barons qui n’attendent pas céder leurs sièges dans les municipalités et au parlement ?
Il est évident qu’il y a un besoin de renouvellement et ce besoin est clairement exprimé à travers ces élections. Il y a un besoin de nouvelles têtes dans tous les partis. Il y a nécessité d’impliquer les jeunes et les femmes en très grand nombre. Seuls les partis qui accepteront et organiseront cette mutation pourront s’en sortir. Pour ce qui est de l’UNDP, nous n’avons pas attendu cette élection pour impulser cette orientation politique. La place que notre parti fait aux jeunes est déjà importante mais il faut aller plus loin encore. Nos villes sont peuplées en grande majorité par les jeunes, il devient alors impératif que les exécutifs municipaux soient gérés par des jeunes pour régler des problèmes des jeunes. Notre parti est dans cette optique depuis 2013. C’est la raison pour laquelle nous avons les plus jeunes maires de la république ainsi que les plus jeunes conseillers municipaux.
L’un des enjeux des élections de 2019 sera la bataille pour le leadership au sein de l’opposition au RDPC de Paul Biya. Le MRC pourra-il par exemple définitivement ravir la vedette au SDF ?
Ravir la vedette, je n’en suis pas sûr. Le MRC se présente déjà comme un parti fortement marqué par une identité et cette impression va aller s’accentuant. Cela fera reculer beaucoup de Camerounais. Il était clair depuis sa création que le MRC allait bouffer toute la composante francophone du SDF venant en grande partie d’une communauté précise. Mais pour les élections locales, le SDF en jouant bien peut améliorer ses résultats par rapport à 2013. L’hypothèse d’un SDF plus fort que le MRC n’est pas à exclure. Il faut être convaincu que le parlement de 2019 sera peut-être plus intéressant que celui actuel.