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Le juriste, écrivain et universitaire a publié une chronique dans laquelle il apporte un éclairage sur la politique. Il pense qu’il y a un besoin pressant de politique.
UN BESOIN PRESSANT DE POLITIQUE…
L’homme est un animal politique, c’est bien connu ! Il est éminemment politique parce qu’il est un animal sociable. Né dans une communauté et évoluant dans la société, l’homme est intégré aux activités du groupe et inséré dans un faisceau de liens desquels dépendent la vie, l’essor, l’épanouissement et la perpétuation de cette société.
Il ne peut vivre et s’épanouir qu’au milieu de ses semblables dont il ne peut ni se passer ni renoncer, dans son intérêt propre. C’est la raison pour laquelle l’homme a tant besoin de politique ! C’est le pourquoi nous avons tous cruellement besoin de politique, afin que nos conflits d’intérêts, nos luttes de positionnement et nos conquêtes de positions se règlent autrement que par la violence, par d’autres moyens que par la guerre.
Nous avons besoin de politique pour que nos forces s’ajoutent plutôt que de s’opposer, pour que nos atouts s’additionnent au lieu de s’annuler, pour que nos espoirs se fécondent au lieu de se neutraliser. Nous avons besoin de politique pour échapper à la violence, à la guerre, à la barbarie, à la solitude, à la peur. En un mot, nous avons besoin de la politique pour échapper à cet état de nature dont parle HOBBES dans lequel la règle est celle de ‘‘la guerre de chacun contre chacun’’ !
Et c’est parce que nous avons besoin de politique que NOUS AVONS AUSSI BESOIN D’UN ETAT. Non ‘‘par nature’’ comme semble le soutenir ARISTOTE, mais par culture comme le martèle COMTE – SPONVILLE, par histoire nécessairement. Et c’est là que la politique trouve sa principale raison d’être : l’histoire en train de se faire et de se défaire, de se refaire et de recommencer, de discontinuer et de continuer.
MAIS QU’EST-CE DONC QUE LA POLITIQUE ? La politique c’est la gestion non guerrière des conflits sociaux, des alliances et des rapports de force, non seulement entre individus mais à l’échelle de toute une société. La politique c’est l’art de vivre ensemble, dans une même Cité, un même Etat, une même communauté nationale, avec des concitoyens que l’on n’a pas choisis, que l’on ne connait pas très souvent, pour lesquels on n’a aucun sentiment particulier, et qui sont des rivaux à bien des égards, autant ou davantage que des alliés. Cela suppose, comme le reconnait le philosophe, un pouvoir commun et une lutte pour le pouvoir. Cela suppose un gouvernement et des changements de gouvernements. Cela suppose des oppositions et des alliances momentanées ou ponctuelles. Cela suppose des affrontements, mais réglés, des compromis, mais provisoires. Cela suppose, enfin, UN ACCORD SUR LA FAÇON DE TRANCHER LES DESACCORDS.
MAIS QU’EST-CE DONC QUE LA POLITIQUE ? La politique c’est le vivre-ensemble différent, c’est la vie commune et conflictuelle sous la domination de l’Etat et pour son contrôle : c’est l’art de prendre, de conserver et d’utiliser le pouvoir dans l’intérêt de tous !
Sans cette politique, nous rappelle COMTE – SPONVILLE, il n’y aurait autrement que la violence, et c’est ce que la politique, pour véritablement exister, doit d’abord empêcher ! LA POLITIQUE COMMENCE LÀ OÙ LA GUERRE S’ARRÊTE.
Toutefois la politique c’est nécessairement aussi le désaccord, l’opposition et la contradiction. QUAND TOUT LE MONDE EST D’ACCORD CE N’EST PAS DE LA POLITIQUE. Mais quand chacun se barricade dans son coin, s’isole dans la poursuite de ses intérêts particuliers, ce n’est non plus de la politique. LA POLITIQUE NOUS RASSEMBLE EN NOUS OPPOSANT ! LA POLITIQUE NOUS OPPOSE SUR MEILLEURE FAÇON DE NOUS RASSEMBLER !
Chronique précédemment publié dans »MUTATIONS »
