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Retrait Can 2019 au Cameroun : Voici l’intégralité de l’interview d’Ahmad Ahmad avec Afrique Média

Ahmad Ahmad Afrique Media

Dans un entretien exclusif à Afrique média, le président Ahmad Ahmad s’explique sur les raisons du retrait de la Can 2019 au Cameroun. « Les infrastructures vous le savez très bien, ont un taux de finition entre 50 et 55%… » affirme t-il. « Nous ne pouvons pas aller dans un stade ou dans un hôtel dont la construction vient à peine de s’achever et y amener 500 jeunes footballeurs professionnels ».


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Ahmad Ahmad sur Afrique Média le 03 décembre 2018 – Capture vidéo 

Monsieur le président, que s’est-il réellement passé entre la caf et le Cameroun ?

Ahmad Ahmad : Normalement, je ne devrais même pas parler ici parce qu’il y’a autour de cette question trop de polémiques qui ne servent à rien pour notre continent. Notre démarche, ce qui nous anime dans la gestion de la Caf, c’est le panafricanisme. Et tout ce qu’on a fait depuis, c’est toujours dans l’intérêt de notre continent. Et surtout, pas par vanité, mais j’ose vous dire que nous faisons partie de ceux qui ne veulent plus qu’on traite l’Afrique comme « Afrique » tout le temps. « Voilà les africains », on en marre de ça.

D’ailleurs, si j’ai été élu président de la Caf, c’est par cet engagement de changer. Je dois respecter cette  promesse que j’avais tenu  devant le congrès de la Caf qui m’a donné son mandat de président, de la destinée de la Caf pendant les 4ans à venir.

Pour revenir à votre question, c’est clair, il ne faut pas chercher loin, la Can est un héritage que nous devons assumer et l’on assume. La Can 2019 a été attribuée au Cameroun, 2021 à la  Côte d’Ivoire, nous avons effectué des visites d’inspections dans ces deux pays, une fois en Côte d’Ivoire et plusieurs fois au Cameroun. La Caf a à cet effet dépensé beaucoup d’argent pour accompagner le Cameroun et rappeler que ces travaux nécessitent des accélérations. Vous savez, c’est depuis le 20 septembre 2014 que cette Can a été attribuée au Cameroun, vous pouvez voir avec moi à quel moment ont commencé les travaux. Lorsque nous avons fait les visites, nous avons pris des cabinets privés, renforcés par l’administration technique, nous avons annulé les mêmes membres du comité exécutif  pour les visites d’inspections parce que nous sommes des politiciens. Et de deux, nous avons monté une commission des spécialistes en sécurité composée notamment :  d’un général, ancien président de fédération du Rwanda qui était Chef de mission des Nations Unies pour la sécurité du Mali, le président de la fédération de football du Niger et un colonel major habitué à des sécurisations dans les pays du Sahel et deux spécialistes de sécurité de la Fifa.

Nous nous sommes réunis car la date limite était prévue ce mois-ci. Il y’a nos partenaires, car vous savez, c’est la Can qui fait vivre le football africain et puis surtout quoi qu’il en soit, c’est l’étendard, le saumon des compétitions en matière sportive en Afrique. Nous sommes partis avec toutes les parties prenantes du football pendant ce symposium reconfirmer ce que nous voulons vraiment, nous les acteurs du football africain. Voilà les différents éléments qui ont confirmé et nous avons validé par le comité exécutif et approuvé par le congrès de la Caf que le Cameroun n’était pas prêt. Ce sont des décisions légitimes et légales que nous avons prises. Tous les 20 membres du comité exécutifs présents ce jour-là on dit que ce n’était pas possible pour le Cameroun d’organiser cette Can. Nous ne  pouvons faire aucune entorse malgré les efforts constatés et  la volonté réelle du chef de l’Etat Paul Biya, car le règlement, c’est le comité exécutif qui l’a mis en place depuis fort longtemps.

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Afin que l’on comprenne très bien monsieur le président, qu’est ce qui a réellement fait problème ?

Ahmad Ahmad : Les infrastructures vous le savez très bien, avec un taux de finition entre 50 et 55%. Nous ne pouvons pas aller dans un stade ou dans un hôtel dont la construction vient à peine de s’achever et y amener 500 jeunes footballeurs professionnels. Il y’a aussi le rapport de la visite d’inspection, tout ça c’est réel.

Il faut prendre en compte l’histoire, on n’oublie pas ce qui s’est passé à Kabinda. La CAF a payé lourd, nous ne pouvons donc pas nous amuser. Lorsqu’on est responsable, il faut regarder les choses de manière générale, puis détaillée et après, prendre des décisions même si elles nous font mal. Ce n’était pas facile pour nous. Si on s’est réuni pendant dix heures, c’était pour cette raison. Et donc, c’est pour cela qu’on a pris cette décision car on a constaté que même la Côte d’ivoire ne serait pas prête pour 2021. Pour arranger les choses de manière humaine, nous décalons donc toutes les CAN pour donner plus de chance au Cameroun afin qu’il réalise les infrastructures et nous allons les accompagner de près afin qu’ils soient prêts en 2021. On organisera donc la CAN 2021 au Cameroun et la CAN 2023 en Côte-d’Ivoire. C’était la décision prise par le Comité Exécutif.

Donc 2021 au Cameroun c’est confirmé ?

Ahmad Ahmad : C’est confirmé, par le Comité exécutif.

Certains pensent qu’au-delà de tous ces aspects techniques que c’est une affaire politisée. Que répondez-vous à cela ?

Ahmad Ahmad : Moi je ne sais pas quelle est l’éducation que vous avez chez vous au Cameroun, mais chez moi à Madagascar, lorsqu’on gagne, ce n’est pas le gagnant qui s’acharne contre le perdant. Je suis ébahi et vraiment très étonné car c’est loin de mon éducation. Si vous avez suivi, lorsque j’ai déposé ma candidature à la présidence de la CAF, les journalistes m’ont toujours sollicité pour parler du président en exercice. A vous (les journalistes) [ndlr]de parler de ce que vous avez vu de sa gestion. En aucun moment,   moi je ne le  pourrais, car c’est contraire mon éducation. Moi j’ai gagné les élections, à quoi cela me servirait encore ? Pour moi c’est  des has been, ça n’existe même plus dans le calendrier du football international. Maintenant, c’est une nouvelle équipe qui gère la CAF et on va de l’avant. Moi-même je pense que comme d’habitude,  ce sont peut-être  les membres de l’entourage de ceux qui ont perdu leurs petits avantages qui essaient toujours de personnaliser les choses. Vous êtes des journalistes, si on veut attaquer quelqu’un, m’avez-vous déjà entendu parler de ce dont j’ai hérité à la CAF ? Si aujourd’hui, les  camerounais veulent que j’étale   que j’ai vu à la CAF depuis que j’en suis le président, j’aimerai bien le faire et on ira de l’avant. Mais jusqu’ici, vous ne m’avez entendu parler de la gestion de mon prédécesseur, en aucun moment. Si on veut attaquer, c’est dans ce sens qu’on attaque une personne, pas avec des blablas.

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Selon certaines indiscrétions, cette affaire risque de se retrouver devant le Tribunal Arbitral du Sport. Etes-vous préparé à cela ?

Ahmad Ahmad : Nous sommes confiants. Nous avons pris de bonnes décisions pour le bien du football africain selon les règles et les statuts des compétitions de la CAF. Tout est clair. Si pouvez parcourir le règlement de la CAN, l’article 25 et l’article 92 notamment. Nous n’allons pas faire comme les autres, retirer l’organisation d’une CAN à un pays et le laisser tomber, non. Et, je l’avais toujours dit, pour développer le football africain, on doit coopérer avec les gouvernements, surtout avec les Chefs d’Etats. Je le précise bien, surtout avec les Chefs d’Etats. Parce que nous savons aussi ce qui se passe chez nous que ce soit à Madagascar ou chez vous autour d’un Président de la République.

Si nous avons bien compris, l’option du Tribunal Arbitral du Sport n’est pas la meilleure. Et justement, parlant entre autres de gestion, on se souvient de ce nettoyage que vous avez effectué au sein de certaines fédérations en Afrique, est ce que ce serait également le cas  pour le cas ?

Ahmad Ahmad : L’option TAS, moi je pense que notre faute à nous la CAF, c’est de vous (camerounais) [ndlr]  avoir donné 2021. Ce sera une faute qui va être ciblée par le TAS. Parce qu’aucun règlement ne nous permet de vous l’attribuer. Jouons le jeu, on y va, si c’est cela l’option choisie par le Cameroun, on va y aller. Quant aux fédérations, je pense qu’aujourd’hui, l’on fait des efforts d’assainissement et je remercie, je ne vous le cache pas, le président en exercice de l’Union africaine, monsieur Kagamé. Nous avons récemment discuté à plusieurs occasions avec le Président de la FIFIA Gianni Infantino.

*Interview précédemment publié dans Eco Matin


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