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Hommage : Après 62 ans de règne, sa Majesté Jiéjip Pouokap Joseph a répondu à l’appel des ancêtres Bandrefam

Sa Majeste Jiejip Pouokap Joseph 2

15 janvier 2018-15 janvier 2019, un an jour pour jour que le Chef Supérieur des Bandrefam, sa Majesté  JIÉJIP POUOKAP Joseph quittait physiquement cette terre. C’était un homme des grands combats de la cause nationale et nos divinités africaines, camerounaises et traditionalistes l’ont appelé auprès d’elles le même jour qu’Ernest Ouandié, dont la conscience nationale commémore également les 48 années de son assassinat à Bafoussam. En Afrique, les morts ne sont pas morts, avons-nous coutume de dire. Il reste présent avec nous spirituellement et métaphysiquement. Romain NONO JIEJIP son fils continue d’expérimenter cette dimensionnalité de sa présence en lui rendant ce vibrant hommage que LeBledParle.com, vous propose.


Sa Majeste Jiejip Pouokap Joseph 2
Sa Majesté Jiéjip Pouokap Joseph – DR

« Quelle que soit l’intensité de la canicule, elle ne brûlera jamais une maison en paille ».

Ce matin, je me suis souvenu de ce propos que tu as prononcé un jour lors d’une de nos différentes causeries Pa’a.

Aujourd’hui, je l’ai expérimenté. Je l’expérimente toujours et comprends comment cet autre 15 janvier a pu nous voir encore en vie, debout, plus forts, contre méchants et haineux.

En effet, le 15 janvier 2018, nos ancêtres t’élisaient pour éclairer la caste des hommes bons qui logent dans les prairies, de là où viennent les bénédictions et la protection dont nous bénéficions au quotidien. Tu y avais donc répondu favorablement. Pas contre nous, mais pour nous.

Le 15 janvier donc, comme Ernest Ouandie. C’est symbole du combat que tu avais fait tien.

Je te revois dès 1961 à la Maison d’arrêt de Bafoussam puis, à la prison de Dschang, où tu as passé 18 mois sans jugement.

Je te revois dans ton exil à Bangou dès 1963, tu avais été reconnu « NON COUPABLE » des faits d' »Hostilité contre la patrie » et blanchi, mais tes bourreaux n’avaient pas été poursuivis. Je doute que tu eûsses accepté de les voir souffrir, le pardon étant ta marque de fabrique. Ton peuple en avait souffert, jeté en Pâture. Tu pleurais alors plus de 100 de tes sujets (hommes), morts le même jour et le royaume mis en cendre.

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Je te revois tenir tête à militaire blanc de l’armée coloniale qui, mettant le feu aux cases de la Chefferie supérieure Bandrefam, le jeudi 29 mai 1961, avait cru te faire mal quand tu étais ligoté et roué de coups.

Croyant te narguer en te posant la question de savoir si tu voyais ton royaume en feu, tu lui avais dit, souriant : <<Je vois. Mais Dieu est grand>> ». Rien que ça. Et il était déboussolé. Il t’avait alors avoué qu’il était en mission commandée et avait cité les commanditaires. Tout jeune, tu n’avais même pas 30 ans, à ta cinquième année au pouvoir, Sa Majesté JIÉJIP POUOKAP Joseph.

Je te revois pendant 62 années couvrir ton peuple, travailler sans relâche et servir la Nation sans te servir. Car, tu es resté pauvre : pauvre en biens matériels.

Je te revois à la Mairie. Je te revois à la tête des Coopératives de Planteurs.

Je revois ton sain sourire devant nos débats politiques, démocrate que tu étais.

Je te revois auprès de tes paires, chaque jeune Roi venant s’abreuver à la source que tu constituais. Tu apprenais à tous, la bonne hygiène de vie ; les mêmes enseignements que nous avons reçu de toi.

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Je te revois auprès de tes nombreux enfants, prenant les nouvelles de chacun chaque jour, malgré tes multiples charges. Tu te souciais du moindre mal de tête dont pouvait se plaindre un des tiens. Tu appelais encore et encore pour te rassurer que tout va bien.

De ta vie, tu as combattu pour la Justice et le bien-être de tous, sans distinction. Tu ne savais ni discriminer, ni être rancunier. L’unanimité à ce sujet est. C’est la marque des Grands hommes.

Comme avec certains dans ton genre, l’État avait failli te voir passer sans reconnaître tes oeuvres.

Je suis heureux d’avoir œuvré, participé et m’être mis à disposition dans tes derniers jours, aux côtés de certains de tes fils, afin qu’en 2016, tu sois exceptionnellement distingué.

Ta médaille de Commandeur de l’Ordre du Mérite Camerounais en cette année-là, pendant la célébration de tes soixante années de règne, était un départ.

Mais à l’aune de 2018, tu avais décidé de prendre soin de nous, autrement, nous privant de ta présence physique.

À titre posthume, on t’avait fait Grand Cordon de l’Ordre du Mérite Camerounais ; quelque chose engendrant toujours une autre.

Né vers 1932, tu avais 86 ans en 2018, ayant accédé au pouvoir le 23 janvier 1956.

Tu as tracé le chemin, nous y marchons contre vents et marrées Père….

*Romain NONO JIEJIP *


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