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Richard Makon : « Le [Cameroun] étouffe et l’avenir s’obscurcit » [Chronique]

Richard Makon

Dans une tribune intitulée « la société bloquée » et publié sur sa page Facebook ce mercredi 16 janvier 2019, Richard Makon, Docteur / PhD en Droit International, Expert/Consultant en Droit des investissements et Leadership, parle de l’ambiance de fin de régime au Cameroun. L’écrivain ressort les signes de l’ambiance de règne pour montrer que les signaux sont au rouge. LeBledParle.com, vous propose l’intégralité de cette chronique.


Richard Makon
Richard Makon – DR

LA SOCIETÉ BLOQUÉE

‘‘La fin d’un régime commence toujours lorsqu’en haut on ne peut plus, et en bas on ne veut plus !’’. Cette sagesse Bassa paraît traduire trait pour trait la situation actuelle du Cameroun. En effet, toute observation attentive du pays révèle ces deux (02) visages de l’errance camerounaise : d’un côté, un pouvoir dépassé par les évènements et de l’autre, une société démobilisée et désabusée par ses gouvernants.

En effet, à l’orée d’un septennat nouveau, le pouvoir semble déjà paradoxalement lessivé, malmené et désorienté par une conjoncture de plus en plus contraire. Sur le plan politique, une crise sécuritaire sévit dans le Nord, l’Extrême-Nord, le Sud-Ouest, le Nord-Ouest, l’Est et depuis peu l’Adamaoua et l’Ouest, soit sept (07) régions sur les dix (10) que compte le pays.

À cela s’ajoute le séparatisme, des revendications d’essence électorale ou l’explosion des crimes économiques. Sur le plan économique, un marasme semble s’installer durablement, marqué par une contraction de la demande intérieure, un ralentissement de la croissance, un affaiblissement du pouvoir d’achat des populations, une crispation des activités du secteur privé, la fuite des investisseurs étrangers qui préfèrent localiser leurs capitaux dans des hémisphères nationaux plus sereins. Sur le plan socioculturel, l’installation durable de la peur des lendemains, la généralisation des inquiétudes, la montée de l’intolérance et du fractionnisme identitaire, l’augmentation de la criminalité et de la violence physique.

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Cette situation nationale qui rappelle LES TEMPS DE L’APOCALYPSE crée un environnement sombre, caractérisé par une crise de confiance sans précédents. Les citoyens n’espèrent plus, les gouvernants ne rassurent plus, les entrepreneurs ne rêvent plus, les commerçants ne commandent plus, les banques ne prêtent plus et les investisseurs ne risquent plus.

LE PAYS ETOUFFE ET L’AVENIR S’OBSCURCIT ! Pis, les ‘‘vraies fausses nouvelles’’ pullulent, les demi-vérités se multiplient, les rumeurs rivalisent d’absurdité avec les petits mensonges d’Etat, les ‘‘fake news’’ anesthésient l’information officielle, rendant inefficace la communication d’Etat, dont le circuit est déjà obstrué par l’impréparation, l’approximation, l’improvisation et l’incapacité d’anticipation.

Cette CRISE DE CONFIANCE des citoyens envers leurs institutions atteint le point critique lorsque s’épanouissent les théories conspirationnistes les plus saugrenues, sur l’authenticité des actes du Président de la République, le piratage des sceaux de l’Etat, l’éventualité d’une doublure du Président, l’existence d’un coup d’Etat scientifique, ou le contrôle du pouvoir par des réseaux ayant pris le Chef de l’Etat en otage.

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Conséquence directe, la société camerounaise est bloquée, et chaque analyste redoublant d’ingéniosité y va de son qualificatif : ‘‘la République immobile’’ ; ‘‘le pays paralysé’’ ; ‘‘l’Etat figé’’ ; ‘‘la nation suspendue’’ ; ‘‘la République formalisée’’, et dernière trouvaille, ‘‘l’Etat stationnaire’’.

Comment ‘‘débloquer’’ le Cameroun et lui redonner un élan nouveau en ce début de septennat que seul le Président de la République, pour l’instant, annonce comme historique ?

Assurément par un nouveau pacte social, républicain et civilisationnel, qui doit s’articuler autour de l’idée de CONFIANCE, dont le Prince doit impérativement recréer les conditions essentielles. Réapprendre à écouter son peuple constitue le premier pas dans cette voie salutaire !

*Chronique publiée dans « Mutations » du 16 Janvier 2019.


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