Dans une publication faite ce 28 mars, l’analyste politique Wilfried Ekanga tourne en dérision les Camerounais qui refusent de se joindre à ceux qui se battent pour le changement, parce que tétanisés par la peur du régime de Paul Biya. Il se demande comment on peut avoir envie de changement et ne pas se battre pour l’obtenir.
FÉLICITATIONS À PAUL BIYA
Le temps est enfin venu pour moi de le dire
Paul Biya est le meilleur choix
Peuple camerounais, tu sembles si lâche
Peuple tétanisé par la peur, malgré la forte envie de changement
Tu désires la liberté, mais tu ne comprends toujours pas qu’elle s’arrache
Comment peux-tu vouloir quelque chose et ne rien faire pour l’obtenir ?
Tu aimerais que d’autres se battent à ta place, et que tu viennes déguster les fruits pour finir
Comme si dans l’histoire humaine, un peuple en a déjà libéré un autre
Tu veux que d’autres prennent des risques, pendant que tu dis « bravo » derrière le rideau
Mais à chaque fois que ta présence est requise, tu t’effaces comme de la peinture à eau
Parce que tu as peur de mourir, tu ouvres tes bras à celui qui cherche à te tuer
Ce type de paradoxe insolite, il n’y a qu’au Cameroun qu’on peut en trouver
Alors vive Paul Biya, le meilleur choix
Car quand on veut vivre dans la terreur d’exprimer ses opinions
Quand on veut rester un pays où l’avis contraire devient une « rébellion »
Quand on veut léguer à nos enfants un État où le seul droit est celui de se taire
Il est bel et bien le meilleur choix
Quand le simple mot « politique » suscite de l’effroi chez ta mère
Quand tes critiques contre le RDPC donnent des frayeurs à ton père
Quand tes amis pensent que ton engagement te conduira forcément six pieds sous terre.
Alors, oui : Paul Biya est le meilleur choix, monsieur le Maire
Il a créé un pays de vingt-cinq millions de prisonniers qui s’ignorent
Où chacun affirme être libre, mais évite en même temps les sujets sensibles
C’est cela la vraie prison : celle qui possède des murs invisibles
Au Cameroun tu ne risques rien … enfin, tant que tu dis « Biya je t’adore »
C’est un pays où les gens ont oublié que l’Etat a pour rôle principal de nous protéger toi et moi
On leur a injecté la peur sans anesthésie, et ils ne savent même plus qu’ils ont des droits
Alors même devant la pire des injustices, chacun préfère faire semblant de n’avoir pas vu
Et quand tu poses la question, chacun répond : « Je suis neutre et apolitique, vois-tu »
Ne vous y trompez pas : c’est de la paralysie mentale, rien de plus
Ou comment se mentir à soi-même, et y croire par-dessus
Personne n’est apolitique sur cette terre. La neutralité n’existe pas
Au fond de toi, tu sais très bien que tu n’aimes pas Paul Biya
Comme moi, tu aimerais voir quelqu’un d’autre à sa place
Il se peut même que tu sois beaucoup plus radical que moi :
Si ça ne tenait qu’à toi, peut-être qu’il serait déjà dans l’au-delà
Mais quand on te pose la question : « Quel est ton choix ? »
Tu préfères lancer : « je suis apolitique »
Comme si les accidents sur l’axe Douala-Yaoundé épargnaient les gens apolitiques
Comme si tu refusais souvent de rouler sur du goudron, sous prétexte qu’il est l’œuvre d’un parti donné
Paul Biya a rendu la politique dangereuse : tout le monde pense qu’il ira en prison.
Quand la psychose atteint ce niveau, alors on a bel et bien touché le fond
Il a transformé ses compatriotes en monstres ; qui ne sont même plus choqués qu’on tire sur des femmes
Ils veulent plus me voir emprisonné aussi, que ceux qui ont détourné les milliards de la CAN
« Hostilité contre la patrie », pour ceux qui écrivent des textes sur Facebook
Mais un voleur d’ordinateurs promu ministre d’Etat : pays de plouc
Le 27 juillet 1942, juste avant d’être fusillé pour une faute qu’il n’avait pas commise, Valentin Feldman se tourna vers ses bourreaux et leur dit :
« Imbéciles, je meurs pour vous »
Je peux donc le dire enfin, Paul Biya est le meilleurs choix
Alors vous voulez qu’il s’en aille pourquoi ?
Puisque vous refusez encore de vous joindre à nous
Vous cachez vos visages, comme une fillette derrière sa nounou
Si vous pensez que face à l’injustice, l’aide viendra de Dieu
Alors continuez de vous taire, c’est mieux
Ekanga Ekanga Claude Wilfried
( Les Défis de l’Histoire )