Dans une interview accordée au quotidien Le Jour de ce 28 mars 2019, Me Hippolyte Meli, l’un des conseils de Maurice Kamto parle de l’incarcération des militants et sympathisants du MRC
Le conseiller de Maurice Kamto déplore dans cette sortie, la mauvaise compréhension de la loi de la part du premier juge qui a conduit cette affaire et espère une issue favorable du second juge qui selon lui est un peu plus expérimenté : « Nous espérons avoir raison devant le second juge plus expérimenté. Ce sont des juges qui n’attendent pas de grades ; des juges, bien que carriéristes, ont un certain confort intellectuel qui leur permet de comprendre ce que nous disons », a-t-il fulminé.
Ci-dessous, l’interview intégrale de Me Hippolyte Meli, réalisée par nos confrères du journal Le Jour
Quel était l’objectif de l’audition de Maurice Kamto et CIE le 26 mars par le juge de la Cour d’Appel ?
L’échange de ce 26 mars avec le juge visait à continuer à instruire le dossier en habeas corpus en second degré parce que nous n’avons pas eu gain de cause auprès du juge du premier degré. Les juges n’ont pas estimé que le Pr Kamto et Cie pouvaient bénéficier de la libération immédiate. Le juge a rendu son ordonnance en se fondant sur ce que nous appelons la motivation de sa décision. Nous avons critiqué cette décision de rejet de la demande d’habeas corpus. Ce 26 mars, on statue en appel sur la même demande parce que le second degré de juridiction est un droit de l’homme. Nous pensons que les juges plus expérimentés comme ceux-là pourront dire le droit ; s’il est vraiment question de dire le droit dans cette affaire qui concerne les sept leaders qui étaient présents ce matin.
Y a-t-il des observations particulières à faire à la sortie de cette entrevue ?
Ce qui nous gêne le plus c’est la restriction illégale de la publicité des débats. Vous avez vu le palais de justice complètement assiégé. Pour emprunter à ce que disait l’honorable Albert Dzongang, ils sont poursuivis pour hostilité à la patrie et on empêche au peuple contre lequel on leur prétend des idées d’hostilité d’accéder à leur jugement. Un palais de justice assiégé par les armes, par des gendarmes et policiers empêchant aux personnes au nom desquelles la justice est rendue d’accéder au débat. Cela nous a gênés. Nous avons fait cette observation liminaire au juge en charge de cette procédure qu’il a appelé demande ou doléance. Mais en réalité, il s’agit d’une observation pertinente parce que la justice est rendue publiquement. Lorsqu’il y a des causes justifiées qui peuvent restreindre la publicité des débats, on prend une décision pour retreindre la publicité des débats. Par la suite, on précise dans quelle mesure cette restriction doit accompagner la procédure. Aucun journaliste n’a accès à la salle. Aucune autre personne qu’un policier ou un personnel de l’administration carcérale n’a accès au débat. Cela pose problème. Nous pensons que la loi sur la publicité des débats et même des audiences est violée. Ça nous fait peur.
Quelle suite donner à la procédure ?
C’est reporté au 2 avril parce que le dossier d’instance à partir duquel la première décision a été rendue n’est pas parvenu à son niveau, nous a dit le juge. Deuxièmement, le titre en vertu duquel ils se retrouvent en prison n’est pas encore parvenu à son niveau. Ce qui fait que pour qu’il apprécie l’œuvre du premier juge, il n’a pas tous les éléments nécessaires pour dire si les critiques que nous formulons contre la première décision sont fondées ou pas.
En tant qu’avocat des personnes incarcérées, espérez-vous voir vos clients libres dans les prochains jours ?
J’ai toujours soutenu devant ces juges du début jusqu’à la fin que l’instrument de communication entre les avocats et les juges c’est la loi. C’est le seul instrument de communication qui existe. Il semblerait que la loi que nous lisons, telle qu’elle est et que nous interprétons doit être autre chose que les juges lisent. Mais, ce n’est que la motivation de la décision rendue par le juge qui amène à constater que soit il a respecté la loi soit nous avons raison. Pour l’instant, nous sommes en train d’instruire l’affaire. Nous espérons avoir raison devant le second juge plus expérimenté. Ce sont des juges qui n’attendent pas de grades ; des juges, bien que carriéristes, ont un certain confort intellectuel qui leur permet de comprendre ce que nous disons. Nous pensons que, sauf influence insidieuse, si on lit la loi, les griefs que nous relevons contre les arrestations et les détentions sont fondés.