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Malversations financières : Un scandale de 1200 milliards à la SCB-Cameroun

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À la suite d’une mission de contrôle de la Banque des Etats de l’Afrique centrale (Beac) il ressort que la direction générale de la Société Commerciale de Banque du Cameroun n’a pas rétrocédé, entre 2017 et 2019, plus de 1200 milliards de devises à la BEAC, comme le prévoit la réglementation en la matière en zone Cemac, a appris Lebleparle.com du journal spécialisé dans les questions d’économie et de finances, EcoMatin.

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Agence SCB (c) Droits réservés

Dans ce long dossier proposé par notre confrère, l’on apprend que la direction générale de cette filiale marocaine de Attijariwafa a choisi de financer des opérations de commerce international dans des économies hors zone CEMAC. « Détenue à 41 % par l’État du Cameroun, la SCB Cameroun est considérée comme la banque de la présidence de la République qui y détient plusieurs comptes », relève EcoMatin.

C’est selon le journal dans son édition en kiosque le 17 mai 2019, « un autre scandale que couve la Société commerciale de banque Cameroun (SCB Cameroun), filiale du groupe marocain Attijariwafa ».

À en croire des sources bien informées au ministère des Finances (Minfi) qui se sont confiées à notre confrère, cette filiale a subi, il y a peu, un contrôle de la Banque des États de l’Afrique centrale (Beac). La Banque centrale s’est alors rendu compte que la SCB s’est permis de spéculer avec des devises issues des prestations de la Société nationale des hydrocarbures (SNH).

Sur la période 2017-2018, et début 2019, c’est l’équivalent de 1200 milliards de FCFA qui n’ont pas été déclarés et ont été frauduleusement détenus par la filiale d’Attijariwafa. Une moyenne de 400 milliards par an. « Au lieu de mettre les devises à disposition de la banque centrale comme le veut la réglementation, la direction générale a pris sur elle pendant plusieurs années, le risque d’exposer la banque, en gardant ces devises sans les déclarer et les rétrocéder à la BEAC. Le plus grave, c’est que les Marocains ont commencé à spéculer avec ces devises dans des économies hors zone CEMAC. Notamment en Afrique de l’Ouest, alors que la zone CEMAC traversait une crise de devises sans précédent. Les profits qu’ils en ont tirés sont énormes », souffle dans les colonnes du journal, une source proche du dossier.

La même source ajoute que : « La SCB s’est substituée en une banque centrale bis, en gérant illégalement un volume hyper important de devises. Ce qui a aussi contribué à créer une pénurie organisée de devises au Cameroun où les opérateurs économiques ont du mal à en trouver »

En guise de sanctions règlementaires, souffle-t-on au ministère des Finances, la Beac a décidé d’infliger une amende réglementaire de 30 % à la SCB : « Si on applique rigoureusement la loi, cette banque doit payer des amendes d’un montant de plus de 300 milliards de FCFA. Mais l’on est en train de voir actuellement comment une amende comprise entre 1 et 2 milliards sera appliquée », peut-on lire dans les colonnes d’EcoMatin.

D’après une autre source approchée par le journal, si la BEAC opte pour une application stricte des sanctions, à savoir, faire payer 30 % des montants frauduleux, cette banque fermera à coup sûr et tous les acteurs de la chaine de décision répondraient de ces actes devant la justice camerounaise. « Cette banque est à surveiller de près. Avec tout ce qui s’y passe actuellement, elle risque d’exploser ou alors nous allons nous retrouver avec une situation semblable à celle des Marocains de la Camerounaise des Eaux (CDE) », s’inquiète un spécialiste du secteur bancaire.

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En effet, cette spéculation, apprend-on, avait plusieurs pièces maîtresses, dont l’actuel directeur général, le marocain Mohammed Mejbar, et le Camerounais Victor Emmanuel Menye. Ce dernier est le directeur général adjoint (DG-A) de la Société camerounaise de banque, mais en détention provisoire depuis le 9 mars dernier.

Le commissaire de police divisionnaire, Oko Petis, a signé le 5 mars 2019 dans la nuit, un bon de garde à vue aux noms des nommés Edgard Alain Mebe Ngo’o, ancien ministre de la Défense ; Maxime Mbangué, ancien conseiller technique au ministère de la Défense ; Joël Mboutou, colonel de l’armée et ancien adjoint en chef du secrétaire militaire ; puis Victor Emmanuel Menyé, directeur général adjoint de SCB Cameroun, la filiale locale du groupe bancaire marocain, Attijariwafa Bank.

Abbas Mahamat Tolli, le gouverneur de la Banque des États de l’Afrique centrale avait prévenu des banques comme la SCB. En effet, il a fait une sortie au mois de mars dernier au sujet des informations « infondées et totalement inexactes » relayées dans la presse, faisant état d’une rareté des devises dans la CEMAC. Ceci du fait d’une politique de rationnement qui serait entretenue par la Banque centrale : « Au quotidien, la BEAC met à la disposition des agents économiques, à travers les banques, les devises sollicitées dès lors que les dossiers soumis sont conformes aux exigences de la réglementation des changes. Celle-ci prescrit aux banques, en son article 34, un délai de deux jours ouvrés pour l’exécution des ordres remis par la clientèle, sous réserve que toutes les conditions de conformité à la réglementation des changes et au dispositif de lutte anti-blanchiment soient réunies », a déclaré le gouverneur.

Abbas Mahamat Tolli a invité donc tous les agents économiques dont les demandes de transfert seraient rejetées par les banques, au motif de la rareté des devises, d’en informer la direction nationale de la BEAC de leur pays de résidence, avec tous les éléments justificatifs. Sur un ton menaçant, le gouverneur avait déclaré : « La Beac se réserve le droit de mener toutes les actions nécessaires, en particulier l’application des sanctions prévues par la réglementation des changes en vigueur, à l’encontre des banques qui, par leur pratique, entraveraient la bonne réalisation des opérations internationales des agents économiques ».

Aux dires de M. Tolli, la Banque centrale dispose des avoirs en devises permettant de couvrir largement les besoins des économies de la CEMAC. À preuve, ajoute-t-il, la stabilité extrême de la monnaie de la zone est confortable comme l’atteste son taux de couverture extérieure qui s’établit à plus de 62 %.

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Des informations recueillies auprès des responsables de cette entreprise de la finance renseignent que son directeur général Mohammed Mejbar, a d’ailleurs déposé récemment une plainte à la direction régionale de la police judiciaire pour le littoral à Douala, suite à des irrégularités observées dans le système de gestion de la banque. Il était question, en fait, de transferts de fonds irréguliers et des virements suspects interceptés dans des comptes y logés. En l’occurrence, des centaines de millions de FCFA transférés, de façon frauduleuse, à plusieurs clients de la banque, pour un montant total d’environ 2 milliards de FCFA. Selon les mêmes sources, 27 Camerounais. 9 cadres de la Scb, et 18 clients et autres, seraient déjà été placé sous détention provisoire à la direction régionale de la police judiciaire pour le littoral, pour cette affaire.

Toutefois, face à la délicatesse d’un tel dossier, certains préfèrent jouer la carte de la prudence, dès lors que certains responsables des systèmes d’information de la banque ayant des droits particuliers dans ledit système bancaire ne sont curieusement ni suspectés ni interpellés, étant donné que la responsabilité des supérieurs hiérarchiques des personnes arrêtées est également engagée du fait de la stratification verticale de la chaîne de décision. Ceci, pour la simple raison que dans le système bancaire, « les engagements et les mouvements financiers sont soumis à des niveaux de responsabilité gérés par les accès et codes informatiques traçables ».

Et pourtant, la SCB se porte plutôt bien du point de vue financier. Au cours de la période 2014-2016, le montant global du dividende versé à l’État camerounais par SCB Cameroun est de 15,9 milliards de FCFA. Cette enveloppe de dividende dépasse de près de 2 milliards de FCFA, la somme de 14 milliards de FCFA versée à l’État, au titre de dividende sur la même période, par la Société nationale des hydrocarbures (SNH), le mastodonte pétrolier public, que l’État contrôle à 100 %.

Selon les mêmes données, le 3e contributeur aux dividendes reçus par l’État du Cameroun, au cours de la période 2014-2016, est la filiale locale du groupe bancaire français Société Générale, avec une enveloppe globale de 2,48 milliards de FCFA versée à l’État, sur la période considérée. Au total, entre 2014 et 2016, l’État du Cameroun a reçu un dividende global de 36,3 milliards de FCFA en provenance de 12 entreprises dans lesquelles il détient des actifs, sur les 84 que comptait le pays au cours de la période sous revue.


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