Dominique Strauss-Kahn (DSK) l’ancien directeur du Fonds monétaire international (FMI) a récemment publié une étude intitulée « Zone Franc. Pour une émancipation au bénéfice de tous ».
Il y propose, en 30 pages environ, « douze pistes pour réformer la coopération monétaire entre la France et quatorze pays d’Afrique de l’ouest et d’Afrique centrale ». C’est ce que souligne le newsmagazine hebdomadaire Jeune Afrique qui l’a rencontré sans oublier de noter que c’est la première fois qu’une personnalité française ayant par le passé joué un rôle de premier plan « brise le tabou du Franc CFA ».
« Il m’a semblé que le moment était venu d’essayer d’apaiser et d’élargir le débat, a énoncé DSK dans les colonnes de JA. Il est ici question du rattachement du Franc CFA à l’euro. Le sujet devrait donc concerner l’ensemble des Européens, et pas seulement les Français ».
« ILS EXAGÈRENT TOUS »
Sur le fond, l’ancien ministre français de l’Économie, des finances et de l’industrie ne laisse pas pencher la balance d’un côté ou de l’autre : « Certains considèrent que le Franc CFA a nui aux pays africains et qu’il doit disparaître. Je pense qu’ils exagèrent. D’autres au contraire pensent qu’il a joué un rôle formidable. Je pense qu’eux aussi exagèrent ».
Interrogé sur sa proposition concernant la tenue d’un sommet des chefs d’État de la zone Franc, incluant le président français, l’économiste de 70 ans précise : « J’ai également dit qu’il fallait y associer d’autres Européens, à commencer par les Allemands et des experts internationaux non européens devraient siéger dans les conseils d’administration des banques centrales, afin d’ouvrir et d’élargir le débat ».
Et de poursuivre, entre prudence et optimisme : « Le système actuel doit être sérieusement dépoussiéré, des rigidités doivent disparaître. Si l’on y parvient, le maintien d’une zone monétaire liée à l’euro présente selon moi, de nombreux avantages… »
Cette sortie de DSK survient dans un contexte où de nombreuses sociétés civiles africaines appellent de tous leurs vœux l’ouverture d’un débat sans langue de bois sur cette monnaie créée après la deuxième Guerre mondiale pour 14 pays d’Afrique francophone, dont la plupart ont aujourd’hui des économies en difficulté.