Présidente par intérim du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun, Tiriane Balbine Noah a accordé une interview a lebledparle.com. Dans cette interview, la femme politique a apporté des éclaircies sur les considérations, les étiquettes souvent accolées à son parti politique, le MRC.
Durant notre entretien, elle est revenue sur les marches pacifiques, les manifestations de la B.A.S, ainsi que la préparation des prochaines échéances électorales.
Nous vous proposons cet entretien entre Lebledparle.com et Tiriane Noah.
Toutes les marches pacifiques organisées par le MRC entrainent l’emprisonnement d’un de vos leaders. Dites-nous, la stratégie de votre parti consisterait-elle à faire embastiller tous vos leaders ?
Écoutez, les marches pacifiques que nous organisons ont un mot d’ordre. Ce mot d’ordre recense toutes les raisons pour lesquelles, le MRC marche. Le président national, le Pr Maurice Kamto avons mis sur pied un programme de résistance nationale après les élections du 7 octobre 2019. Nous l’avons implémenté parce que cela rentre dans l’idéologie du MRC. Nous dénonçons les problèmes concrets que traverse le Cameroun en ce moment. D’ailleurs, avant l’élection présidentielle, nous avons fait des propositions de loi… Nous avons souhaité la révision du code électoral dans son entièreté, pour que les élections se passent désormais dans la transparence, sans aucune contestation. Pour y arriver, nous avons également souhaité la résolution de la crise anglophone afin que les populations de cette partie du pays puissent elles aussi, prendre part aux élections de façon légitime. Malheureusement, ce problème n’a pas été résolu avant les élections. Alors, une fois les élections passées, nous sommes d’accord que les élections ont été fraudées, nous avons les preuves, voilà pourquoi nous sommes allés au contentieux. Les membres du contentieux eux-mêmes étant à la solde du régime en place, le résultat qui a été donné par ceux-ci ne correspond pas aux résultats du terrain. Voilà pourquoi, nous avons mis sur pied un programme de résistance national, pour contester le hold-up.
Vous êtes l’actuel président du MRC. Que faites-vous concrètement à l’absence de votre leader ? Quels rôles jouez-vous de façon nette ?
J’assure les affaires courantes du parti. Nous avons une organisation qui doit continuer de fonctionner, malgré le fait que le président national et son premier vice-président soient incarcérés. De façon précise, je continue de maintenir les troupes. Lorsque nous avons commencé les marches et que nos leaders ont été incarcérés, le régime en place ne savait pas que le parti pouvait continuer de fonctionner. Je suis dans la logique de mon président national, je continue de travailler sur nos projets.
Vos marches pacifiques sont souvent très portées par le groupe d’activiste basé en Europe, appelé la Brigade Anti-sardinards. For de cela, il est devenu très facile de faire un rapprochement entre la B.A.S et le MRC. Dites-nous, quelles relations y a-t-il entre le MRC, et la B.A.S ?
Je vais être très claire, parce qu’il me semble qu’il y a un peu trop d’amalgames dans ce pays ; et cette situation entretenue par le régime en place qui n’arrive plus à trouver les solutions des conflits internes. Il est plus facile au RDPC d’assimiler tout ce qui est négatif au MRC, et détourner l’attention du peuple et même de la communauté internationale sur les véritables soucis du Cameroun. Le MRC n’a absolument rien à voir avec la Brigade anti-sardinards. Le Mouvement pour la Renaissance du Cameroun est un parti politique et la B.A.S est un mouvement d’activistes qui ont des contestations. Il y a tellement de contestations, au Nord-ouest et Sud-ouest, le Grand Nord, à l’Est, sans compter les multiples détournements de fonds, et si le président de la République n’a pas pu résoudre ça, les gens doivent revendiquer. Les déclarations, tout comme les manifestations de la B.A.S ne sont pas les nôtres. D’ailleurs, nous avons condamné ces manifestations ; ne rentrant pas dans la logique du MRC qui jusqu’ici reste un parti responsable et pacifique.
Le tribalisme au Cameroun se mange désormais dans tous les restaurants. Il y a eu des appels aux génocides, et bien d’autres dérives tribales extrêmement graves. Jusque-là, nous n’avons pas une position officielle du MRC. Est-ce que le silence de votre parti signifierait que vous abandonnez tout au pouvoir en place ?
En fait, le problème tribal, tout comme les individus isolés comme monsieur Nganang relève du régime en place. Parce que si nous en sommes là, c’est parce que le régime a voulu que nous en arrivions là. Contrairement à ce qui se dit, le MRC a pris position pour condamner ce genre de dérapage, en collaboration avec le président national qui a toujours été contre ce genre de glissade. J’ai envie de vous demander ce que Patrice Nganang est au Cameroun. Nous sommes au Cameroun, et nous nous battons pour que les conditions de vie des populations s’améliorent. On ne peut pas réduire le MRC à Patrice Nganang. Maintenant, si vous voulez Patrice Nganang, les autorités savent où le trouver. Ses sorties tribales je ne voudrais pas les justifier, et je n’ai pas l’intention de le faire, parce que le MRC est contre ce genre de dérapage. Il faut que vous compreniez que Patrice Naganang ne réagit pas par rapport au MRC tout comme la B.A.S. tous trouvent peut-être en le Pr Maurice Kamto, la personne idoine, capable de redresser ce pays, en raison de son programme politique.
Les élections municipales et législatives approchent. Que fait le MRC pour conquérir le terrain et gagner les cœurs des Camerounais ?
C’est vrai que les gens sont davantage focalisés sur nos revendications juridiques, par rapport à nos camarades qui sont en prison. Sur le terrain, nous continuons de travailler, de créer des unités, de faire adhérer les militants chaque semaine au MRC. Chaque semaine, nous amenons les Camerounais à s’inscrire sur les listes électorales. Bien que nous ayons des revendications à faire, nous nous battons également pour que nos revendications soient prises en compte.
Quels sont les rapports du MRC avec les autres partis politiques ?
Vous le savez sans doute monsieur le journaliste qu’avant l’élection présidentielle du 7 octobre 2018, nous avons tendu la main aux autres partis d’opposition, mais ils n’ont pas voulu qu’on s’asseye autour d’une même table. Ils ont leurs idées, je ne saurais parler de ce qui se passe ailleurs, nous respectons les autres partis. Ce que je sais c’est qu’après les élections, nous sommes tombés d’accord que ce n’est pas le RDPC qui l’avait gagné. Même Cabral Libii l’avait déclaré. Nous demandons sans cesse à monsieur Biya qu’il installe un véritable dialogue national pour que le pays retrouve sa stabilité.
À quand la prochaine marche pacifique du MRC ?
Nous vous le ferons savoir. Vous savez que tout ce que le MRC fait, il l’annonce. Nous ne trichons pas comme les autres à l’exemple du meeting du RDPC à l’ouest. Quand c’est les autres partis, c’est systématiquement interdit. Les autres partis n’ont pas les mêmes chances que le RDPC qui peut tout organiser quand il veut. Quand ils veulent marcher, ils marchent. La loi jusque-là est partiale.