L’ex-patron de la compagnie nationale Cameroon Airlines (Camair) incarcéré pour des faits de détournement de fonds publics a quitté le Cameroun dans la nuit de dimanche à lundi 19 août 2019, pour des raisons de santé.
Malade depuis plusieurs mois, l’homme d’affaires se trouve actuellement au Maroc où il est suivi par le corps médical. Jusqu’ici, aucune information ne filtre sur la durée de son séjour.
Notons tout de même que, c’est à la suite d’une requête adressée à la présidence de la République que l’autorisation lui a été donnée. Le détenu sollicitait une permission présidentielle pour une évacuation sanitaire à l’étranger.
Comme l’indiquait lebledparle.com dans un récent article sur le sujet, certaines sources renseignent que c’est le président Paul Biya en personne qui a autorisé ce voyage en terre marocaine.
Quand on sait que plusieurs autres détenus (dans le cadre de l’opération épervier) ayant sollicité cette grâce présidentielle ne l’ont pas obtenu, comment comprendre cet acte de générosité à l’endroit de Yves Michel Fotso ?
La même grâce a été refusée à Marafa Hamidou Yaya. Des personnalités comme Henri Engoulou et Jérôme Mendouga sont décédés en prison.
Pour plusieurs observateurs cités par Radio France internationale (RFI), l’évacuation de Yves Michel Fotso traduirait tout simplement le retour d’ascenseur à l’endroit de son père, le milliardaire Victor Fotso, dont l’amitié et la fidélité au président Biya n’ont jamais été prises à défaut. Une partie de l’opinion dénonce une « exfiltration » au mépris de toute règle de droit.
Rappelons qu’Yves-Michel Fotso a toujours clamé son innocence dans les peines qui lui ont été infligées par la justice camerounaise. Quelques fois, ses avocats ont même boycotté les audiences du Tribunal criminel spécial, créé pour juger les auteurs présumés de corruption à grande échelle, pour dénoncer des vices de procédure.
EcoMatin indique qu’en 2008, les juges accusent l’ancien administrateur directeur général de la Camair d’avoir profité de l’achat manqué de l’avion présidentiel (affaire albatros Ndlr) pour s’enrichir. Quatre ans plus tard, en 2012, Yves-Michel Fotso est condamné à 25 ans de prison pour avoir détourné la somme de 32,4 milliards FCFA. Mais ses ennuis judiciaires ne se résument peut-être pas à ses affaires de gros sous.
« Pour ses proches, Yves-Michel Fotso est un bouc émissaire : il payerait les frais d’un incident technique qui avait perturbé le vol inaugural du Boeing présidentiel. Le pilote avait eu du mal à rentrer les volets des ailes. Le chef de l’État Paul Biya, qui se rendait alors à Paris, en avait été quitte pour une grosse frayeur », lit-on dans le journal d’Émile Fidieck.