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Jean Armand Nkoétam Zambo : « Nous devons aujourd’hui transcender les différents clivages pour finalement faire éclore l’Homme camerounais »

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Du 30 septembre au 4 octobre 2019, le Cameroun a connu un évènement inédit qui sera gravé en lettre d’or dans les annales d’histoire. Le dialogue national, puisqu’il s’agit de lui, aura permis aux fils et filles de ce pays réuni le temps d’une semaine au palais des congrès d’initier des mesures fortes dans le sens de faire revenir la paix dans les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest. 

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Jean Armand Nkoétam Zambo (c) Lebledparle.com

Alors que les échanges ont pris fin depuis plusieurs jours, les réactions autour de cette assise générale continuent de proliférer. Hommes politiques, universitaires et écrivains s’expriment toujours sur le sujet. C’est le cas de Jean Armand Nkoétam Zambo, universitaire, auteur du recueil Poésie nouvelle pour un hymne à l’amour et par ailleurs consultant à la Cameroon Radio Television (CRTV). Dans une chronique intitulée Aux citoyens camerounais, le poète revient avec pertinence sur ce qu’il a qualifié de : « grande assise familiale ».

Lebledparle.com vous invite à lire ci-dessous l’intégralité l’analyse de Jean Armand Nkoétam Zambo

AUX CITOYENS CAMEROUNAIS DE BONNE VOLONTÉ

 Il est si difficile de s’exprimer aujourd’hui. Il m’arrive même parfois de vouloir rester silencieux. De vouloir me taire définitivement. En réalité, il est difficile pour ne pas dire impossible d’être de tous les combats. Certains valent la peine parce qu’on les choisit soi-même. Surtout parce qu’il y a nécessité, urgence et enjeux. D’autres par contre croyez-moi, on peut s’en passer ou alors laisser les autres les mener tranquillement.

J’aurais encore voulu rester silencieux. Mais, puis qu’on nous somme de toutes parts de nous prononcer, de nous exprimer au sujet de l’actualité au Cameroun, notamment du Grand Dialogue national, je voudrais donc profiter de cet espace que vous m’accordez pour le faire hic et nunc. Peut-être aussi pour donner mes impressions. Rien que pour cela, et, éventuellement pour d’autres raisons que je n’entends guère mentionner ici, qu’il me soit donc permis de m’exprimer. Je m’adresse à tous les citoyens camerounais de bonne volonté.

Montée du chômage, tellement d’injustices et d’inégalités, grèves par ci, grèves par-là, développement de la haine, des querelles, des divisions, distractions financières, etc. L’évidence est certes là, il faut corriger beaucoup de choses dans notre pays. Le dire ne fait pas de nous une personne intelligente, reconnaissons-le d’abord. Mais en tout, restons patriotes et nationalistes. Le Cameroun d’abord.

La situation actuelle dans notre pays avec la fin du Grand Dialogue national devrait davantage unir les cœurs des Camerounais à la solidarité. Nous sommes des frères et des sœurs. Nous devons rester unis malgré la diversité. Laquelle est notre atout d’ailleurs. La vérité est que, la solidarité élève une nation et les divisions que nous développons par nos soins la fragilisent, hélas.

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Il est important de rappeler à toutes fins utiles qu’à chaque génération correspondent des missions précises. Nous sommes tous l’État du Cameroun. Nous devons donc construire notre pays ensemble. Nos dirigeants actuels accomplissent leurs missions. Nous pouvons certes apprécier et/ou évaluer ces missions. C’est peut-être aussi de notre droit. Un jour viendra, c’est certain, nous aussi nous serons aux affaires et, on nous évaluera avec la même mesure que nous utilisons présentement.

Ne nous limitons pas/plus à dénoncer, à critiquer, à condamner, à vouloir humilier et à dénigrer. Le temps est venu d’oublier le passé et d’agir. Toi aussi tu peux être un vecteur, un agent du changement où que tu sois. Commence donc à ton niveau à faire le minimum, ce qu’il faut, c’est tout. Croyez-moi, avant d’espérer faire de grandes choses, il faut commencer par réaliser les petites. 

Le Grand Dialogue national a été un moment fort mémorable. Un véritablement instant de cohésion nationale, de partage, d’échanges. Rappelons que c’était un succès malgré le peu de temps consacré à sa préparation. Qui l’eût cru ? Bravo aux organisateurs !

Comme l’a dit l’économiste français Frédéric Bastiat, « Chacun veut vivre aux dépens de l’État, en oubliant que c’est lui qui vit aux dépens de tous ». Pour dire que l’État n’est rien sans ses citoyens. Tous les citoyens doivent contribuer au rayonnement de l’État. D’ailleurs, dans ce même sens, le Révérend Martin Luther King rappelait à ce propos qu’« aucune nation ne naît grande, la grandeur d’une nation est l’œuvre de ses citoyens ». Autrement dit, le devenir d’une nation est tributaire des efforts et actions de sa population.

Le Cameroun c’est toi ma sœur, c’est toi mon frère, c’est moi, c’est nous tous. Toi aussi tu peux faire quelque chose pour ton pays si tu as la volonté au-delà des considérations ethniques, religieuses, idéologiques, sociales, etc. Seulement, nous devons agir tout en respectant les règles et les codes en vigueur. Aucun État ne peut se développer dans les ruines, dans la haine, les divisions et les querelles permanentes.

Nous devons aujourd’hui transcender les différents clivages pour finalement faire éclore l’Homme camerounais. Chacun est concerné, car la République nous appartient tous. C’est notre République, nous devons ensemble la bâtir et la (re)construire.

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Un mot à présent sur la situation dans nos deux régions anglophones.

Ma conviction est la suivante. L’expérience des crises en Afrique n’est pas toujours exaltante. À preuve, le cas de la Somalie (Somaliland), Soudan (Sud Soudan), Nigeria (Delta), pour ne citer que ces trois, le démontre à suffisance. 

Selon le Monde Afrique, depuis le début 2017 jusqu’ici, cette crise que nous vivons dans nos deux régions anglophones a engendré plus de 2000 morts (civiles et hommes en tenue) et plus de 530 000 déplacés aussi bien à l’interne qu’à l’international.

En ce qui concerne la construction de la paix, parlons-en à présent. Elle a un aspect psychologique. Car, on ne peut y avoir de paix sans élan pacificateur, je pense. Il faut des personnes disposées à l’échange, à l’entente, à la médiation et à la promotion de la paix. Il faut créer un climat de paix, d’amour, de sympathie, de tolérance, de pardon, d’humilité, d’acceptation réciproques, etc. Ces valeurs doivent d’abord être internes aux Camerounais avant de pouvoir les extérioriser. La vérité est que, on doit être le reflet du changement qu’on souhaite voir. Dans le prolongement de cette idée, le philosophe camerounais Ebenezer Njoh Mouelle écrit : « le Cameroun ne peut rayonner à l’extérieur si déjà dans le cœur des Camerounais il ne rayonne pas déjà ».

Le Grand Dialogue national a donc été un rendez-vous du donner et du recevoir. J’ai eu envie de dire une grande assise familiale où, il fallait échanger sur certains points certes prédéfinis, mais non moins importants. Parce que, la famille est une petite nation et la nation est comme une grande famille. C’était donc à mon sens une grande réunion de famille dont on s’en souviendra toujours.

Nous émettons le vœu que la plupart pour ne pas dire toutes les propositions élaborées par les différentes commissions aboutissent à des actes. Toutes nos attentions sont désormais portées vers le père de la grande famille, le Chef de l’État, dont l’agenda n’est maîtrisé par personne ; si ce n’est par la Providence. En tout cas, nous ne perdons rien à espérer.

Vivement que ce Grand Dialogue national apporte définitivement une ère nouvelle, pour que vive la paix au Cameroun !


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