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Tribalisme au Cameroun : Le Père Ludovic Lado indexe Patrice Nganang, Jean De Dieu Momo et le Groupe l’Anecdote

Momo GDN

La semaine dernière la ville de Sangmélima a été le théâtre des affrontements inter-ethniques. Dans une publication sur son mur Facebook, saisissant l’opportunité de cette actualité, le Prêtre Jésuite Ludovic Lado n’est pas allé du dos de la cuillère pour épingler quelques personnes qui distillent la haine tribale : Patrice Nganang, Jean De Dieu et le groupe l’Anecdote à travers Vision 4 TV. Lebledparle.com, vous propose l’intégralité du texte.


Momo GDN
Momo Jean De Dieu – capture photo

NON ! SANGMELIMA NE DONNE PAS RAISON A NGANANG.

Les événements de Sangmélima constituent une grave entorse au vivre ensemble et appellent à la vigilance. Mais il convient de se garder de toute dramatisation. Aucun Bamileké ne doit céder ni à la provocation ni aux sirènes de haine. Certains tentent de faire croire qu’il s’agit là d’une confirmation d’un supposé complot d’extermination des Bamiléké par les Bulu au Cameroun, une thèse malheureuse constamment soutenue par Nganang et ses disciples. Je m’inscris en faux contre une telle lecture pour la simple raison qu’elle est dangereuse et pèche par naïveté sociologique. Il est indéniable que le régime Biya a récemment mobilisé une chaine de télévision comme Vision 4, des milices de la haine sur les réseaux sociaux, des organes de presse comme Anecdote et Cie, des acteurs politiques comme Jean de Dieu Momo pour stigmatiser publiquement l’ethnie Bamileké, mais je maintiens que sur le terrain les Camerounais n’ont pas fondamentalement un problème de vivre ensemble. Le seul véritable problème du peuple camerounais est la mauvaise gouvernance dont l’instrumentalisation du tribalisme n’est que le cache-sexe.

Je viens de participer à une rencontre panafricaine à Johannesburg sur les questions de Justice et Paix où un évêque sud-africain, à l’ouverture des travaux, a tenu à s’excuser auprès des participants pour le spectacle désolant de incidents de xénophobie qui ternissent l’image de l’Afrique du Sud depuis quelques semaines. Mais il a aussi tenu à préciser qu’il serait simpliste de réduire ce déchainement de violence au concept de xénophobie. Le problème serait plus profond. Selon lui, c’est fondamentalement un problème de compétition pour les ressources limitées entre les pauvres de l’Afrique du Sud et les pauvres venus d’autres pays africains pour « se chercher ». Il a fait remarquer qu’en général, les étrangers qui arrivent en Afrique du Sud sont plus entreprenants que les jeunes Sud-Africains qui, pour la plupart, attendent tout de l’Etat, et voient ensuite d’un mauvais œil l’essor des étrangers qui ont appris à se débrouiller. C’est pour cela que le Nigérian est la figure typique de la victime des violences en Afrique du Sud. La xénophobie ne serait donc qu’un symptôme d’une crise de jalousie qui amène à croire que le succès des étrangers est la cause de mon échec. Or le problème de la distribution équitable des ressources est un problème de gouvernance.

C’est partout dans le monde que les « autochtones » ne supportent pas que les « étrangers » prospèrent sous leurs yeux tandis qu’ils stagnent. C’est un (re)ssentiment trop humain. Et il suffit souvent d’un petit incident pour qu’on manifeste ces pathologies en s’en prenant aux attributs du succès de l’autre. Ça vaut pour le capital matériel comme pour le capital symbolique. C’est pour cela que quand votre étoile brille, les jaloux s’en prennent à votre réputation. Les images récentes de pillage des boutiques de ressortissants de l’Ouest à Sangmélima par des bandes incontrôlées de jeunes rappellent malheureusement celles qui nous viennent de l’Afrique du Sud.

L’unité dans la diversité qui caractérise l’humanité suppose justement qu’on ne sacrifie ni l’unité à la diversité ni la diversité à l’unité, mais qu’on les maintienne dans une tension dynamique et féconde. La diversité humaine quand elle est célébrée, assumée et non subie, est une richesse pour toute l’humanité. Chaque Camerounais doit être fier de ses racines et les célébrer tout en se laissant enrichir par l’autre au rendez-vous du donner et du recevoir. C’est déjà une réalité au Cameroun dans les domaines de la cuisine et de la culture. Quand je savoure un bon plat de Mbongo ou quand j’écoute un bon morceau de Charlotte Dipanda, tous ces apports enrichissent ma bamilékitude et m’inscrivent dans le registre du métissage. Le tribalisme existe au Cameroun, certes, mais il n’a pas d’ethnie. On ne peut pas faire porter à tout un groupe ethnique les égarements de quelques-uns de ses membres. Ce n’est ni honnête ni responsable.

Ludovic Lado, Jésuite !

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