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Cameroun : Confidences sur la mafia au sein de l’Archidiocèse de Yaoundé

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Au cœur de tout ce tumulte qui a poussé l’actuel archevêque de Yaoundé à piétiner toutes les règles de discrétion qui singularisent l’Église catholique pour se fendre dans une lettre confession volontairement balancée sur la toile, un seul homme, « Monseigneur » Victor Tonyé Bakot, l’archevêque émérite de Yaoundé, contraint à la démission le 29 juillet 2013 par le Vatican, pour de multiples fautes managériales.

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Fidèles de l’Archidiocèse de Yaoundé (c) Droits réservés 

Depuis le 9 octobre 2019, « Monseigneur » Victor Tonyé Bakot a pris deux nouvelles habitudes. La première, il se méfie de plus en plus des coups de fil anonymes. La seconde, comme jamais, il scrute WhatsApp avec une attention toute particulière. Car via ce réseau social qui permet de cheminer PDF, photos, sons audios, etc., de nombreuses personnes de son riche répertoire téléphonique lui envoient des données collectées de part et d’autre.

Et à ce propos, deux documents lui sont déjà parvenus plus d’une fois. Le premier, c’est une lettre signée d’Albert Roland Amougou, qui se présente comme « Économe général honoraire de l’archidiocèse de Yaoundé, ancien responsable de la Jeunesse étudiante chrétienne universitaire, laïc engagé. »

Dans cette missive adressée nommément aux évêques Julio Murat, Samuel Kleda, Faustin Ambassa, Cornelius Fontem Esua, Joseph Atanga et à bien d’autres figures de proue de l’Église catholique au Cameroun, un message froid et poignant.

« Monseigneur Victor Tonyé Bakot, votre frère a urgemment besoin d’un dispositif institutionnel lui permettant de couvrir ses besoins de santé, de logement et de subsistance. Il ne vit plus de charité, mais presque de mendicité. Seule son humilité profonde ne le conduit pas à la déprime et le pousse inlassablement à tendre la main. J’admire son courage dans l’épreuve. Cependant, ceci n’est pas acceptable si nous sommes réellement une Église foyer de miséricorde et de charité » indique ce laïc engagé.

Qui, de toute évidence, connaît mieux que quiconque les difficultés de l’ancien archevêque de la capitale politique du Cameroun. Mgr Tonyé Bakot tirerait résolument la queue du diable, si bien qu’avoir un sou pour se prendre en charge lui serait impossible.

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« Monseigneur Victor Tonyé Bakot doit se rendre en France d’ici le 15 octobre 2019 pour le contrôle des prothèses qu’il porte désormais, suite au terrible accident que vous connaissez tous. Même les entreprises capitalistes de l’économie néolibérale (les moins enclines à la plus petite solidarité) accordent des pensions d’invalidité à leurs collaborateurs tombés dans l’infortune d’un accident du travail et frappé d’incapacité partielle permanente. Bien que Monseigneur Tonyé soit ainsi frappé, il ne bénéficie de rien à cet égard », tranche avec autorité, Albert Roland Amougou.

Mendiant

À l’en croire, la différence entre Mgr Bakot et les enfants de la rue, c’est juste son accoutrement, sa renommée. En dehors de cela, pour se nourrir, l’ancien évêque auxiliaire de Douala procède comme un gueux. « Monseigneur Victor Tonyé Bakot n’a pas l’argent du billet d’avion, de l’assurance voyage, des frais de subsistance et d’accommodation durant son séjour en France pour son indispensable contrôle médical. Il doit donc quémander pour une chose qui devrait bénéficier d’une couverture institutionnelle. D’autre part, Monseigneur Victor Tonyé Bakot n’a pas de maison personnelle. Il habite, tout le monde le sait, un logement d’emprunt qu’il doit maintenant quitter incessamment. Le véhicule d’occasion qu’il utilise a été acheté (…) grâce à un prêt de l’archidiocèse de Yaoundé. Et son maigre pécule de ce même archidiocèse est froidement amputé des échéances de ce prêt. Pouvez-vous agir auprès de Monseigneur Jean Mbarga afin que cesse cette persécution morale et matérielle ? Cette indigence programmée ? » Cette lettre, telle une trainée de poudre, a fait le tour du monde. De nombreuses personnes ont tout de suite aperçu le rédacteur de ladite missive comme un messie, un envoyé de Dieu secourir cet évêque qui a pris la cathèdre de Yaoundé en 2003.

Saigneur

Seulement, l’intensité de la secousse de la lettre Albert Roland Amougou est venue perturber la quiétude de Mgr Jean Mbarga. Réservé et méfiant des réseaux sociaux lui aussi, l’ancien évêque d’Ebolowa a perdu le sommeil. Connaissances, confrères du Cameroun et de l’étranger, hommes politiques, etc., lui ont assailli de messages et d’appels téléphoniques. Il fallait donc communiquer selon le canal choisi par « le défenseur » de Mgr Bakot. Ce qui n’a pas tardé.

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Et le 14 octobre, la réaction de l’archevêché est tombée. « L’Archidiocèse de Yaoundé précise que Sieur Amougou ignore ou veut ignorer les dispositions décentes prises pour la retraite paisible de Monseigneur Victor Tonyé Bakot. Ces dispositions vont du paiement régulier de ses émoluments comme Archevêque émérite de Yaoundé jusqu’à la prise en charge de ses autres besoins incluant l’assurance santé, le salaire de son personnel d’appui (chauffeur, cuisinière et blanchisseuse). Sans oublier la générosité des fidèles de l’Archidiocèse de Yaoundé et d’ailleurs, les interventions ponctuelles telles que la réparation des véhicules mis à sa disposition, l’achat ou la réparation du mobilier, etc. ».

Au niveau de l’archidiocèse, certaines sources anonymes vont en profondeur. Il y est dit que Mgr Bakot, malgré les difficultés financières de l’archidiocèse de Yaoundé, reçoit 600 000 FCFA, en dehors de la prise en charge du personnel d’appui mis à sa disposition.

« Mais en interne, nous sommes convaincus d’une chose au moins, communiquer via les réseaux sociaux ce que le Père Jean Mbarga fait pour son aîné, prouve qu’il a voulu à son tour ternir l’image de Mgr Bakot, qu’il accuse (sans le dire à haute voix) d’avoir fait saigner les caisses de l’archevêché », indique un prêtre de l’archidiocèse. Malgré cette remarque, la lettre « Pour le respect de Monseigneur Victor Tonyé Bakot » aura encore de longs jours devant elle, ainsi que ses révélations.


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