Le 23 octobre 2019, Paul Biya a ordonné la suspension du processus d’adjudication du terminal à conteneurs du port autonome de Douala-Bonabéri. « En attendant les conclusions définitives de l’affaire société APM Terminals BV et Bolloré SA contre Port autonome de Douala pendante devant le Tribunal administratif de Douala et portant sur la requête de sursis à l’exécution de la décision no 00006219/DG/PAD du 08 janvier 2019 », peut-on lire dans la correspondance.
Une décision qui rendre en contradiction avec celle du Secrétaire général à la présidence à la République du Cameroun, Ferdinand Ngoh Ngoh qui par correspondance datée du 31 juillet 2019, prescrivait au directeur du Port autonome de Douala (PAD), Cyrus Ngo’o, d’« accélérer le processus de sélection du nouvel opérateur pour l’exploitation du Tarminal à Conteneurs ».
En effet, le Terminal à conteneurs est géré depuis 2005 par le consortium APM Terminals et Bolloré SA. Les deux entreprises ont été écartées au profit de TIL à la faveur du renouvellement en cours de la concession. Une décision que le français Bolloré n’a pas digérée.
Le 16 septembre, le PAD avait annoncé la désignation du groupement Til comme adjudicataire provisoire de la concession du très disputé terminal à conteneurs du port de Douala, à compter du 1er janvier 2020.
Le journal La Météo dans son N° 992 révèle que « le nouvel opérateur s’est proposé de payer 357 milliards de francs à l’État sur 15 ans du Cameroun pour s’octroyer ce marché pour une durée de 15 ans. Ce montant, rapproché à celui actuel du consortium franco-danois Bolloré-Apm Terminals (Apmt), soit 62 milliards de francs et dont le mandat est déclaré échu à fin décembre prochain, fait apparaître un avantage en revenus de l’ordre de +576 % ».
Notons que TIL est arrivé en tête de la phase de sélection devant Dubai Ports World (Dpw), avec 95,5/100 contre 75,5/100. Il a en outre proposé un programme d’investissements de 153 milliards FCFA (+294 %) pour la même durée, contre 52 milliards francs pour la concession actuelle d’Apmt évoluant sous la dénomination de Douala International terminal (Dit).
Dans le même ordre d’idées, les avantages proposés par Til, par rapport à l’actuel opérateur, concernent également les redevances de concession (+576 %), alors que la participation nationale au capital passe à 45 %, au lieu des 6 % et 2,5 % jusque-là concédés respectivement au Pad et aux nationaux.
« Se plaignant d’avoir été évincé de la phase de préqualification, Bolloré-Apm Terminals avait pour sa part saisi la, justice camerounaise à travers le tribunal administratif du Littoral. Lequel a, le 16 août, pris une ordonnance suspendant le processus de désignation d’un nouveau concessionnaire sur cette place portuaire, une sentence contre laquelle le Pad a aussitôt formé un pourvoi devant la Cour suprême », rappelle La Météo.
Selon le consortium franco-danois, en activité à Douala depuis 2005, le Pad lui a, en début octobre 2017, accordé une prorogation d’exercice jusqu’en 2023, la partie camerounaise s’étant alors engagée à permettre au concessionnaire d’amortir ses investissements constitués d’une contribution exceptionnelle de 24 milliards francs. APMT, de son côté, devait à travers DIT, augmenter les actifs des nationaux dans son capital, doubler de la redevance à verser au pays et réaliser des investissements supplémentaires à hauteur de 20 milliards de francs.
« D’un bout à l’autre du processus, le Sg/Pr aura joué un rôle trouble que les prochains jours permettront, à coup sûr, de mieux comprendre. Et le rebondissement d’hier (23 octobre 2019 Ndlr) semble indiquer qu’il a largement contribué à induire Paul Biya en erreur », indique le journal La Météo dans son édition du 24 octobre 2019.