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Richard Makon : « Le Cameroun est comme un boxeur sonné qui s’accroche désespérément sur les cordes du ring pour éviter le K.O »

Richard Mako Panel

Dans une tribune libre publiée sur les réseaux sociaux la semaine dernière, le chercheur en sciences sociales, Richard Makon parle du Cameroun. Selon le juriste, le pays de Paul Biya est passé de la zone de turbulence à la zone de chaos (rapide). Lebledparle.com vous propose l’intégralité de la chronique.


Richard Mako Panel
Richard Makon – capture photo

DE LA ZONE DE TURBULENCE À LA ZONE DE CHAOS !

Le Cameroun traverse depuis de longs mois la plus grande zone de turbulence de son histoire. Une zone de turbulence tellement immense qu’on se demande comment un pays aussi fragmenté, divisé, segmenté, réussit-il l’exploit d’être encore debout !

En effet, si l’on met de bout en bout les pièces de notre tragédie, entre autres la crise sécuritaire qui frappe le Cameroun depuis près de quatre (04) ans maintenant, la crise identitaire qui défigure les régions dites anglophones, la crise politique qui étrangle le pays depuis le dernier scrutin présidentiel, la crise tribale qui sévit dans certaines régions depuis quelques mois déjà, on est mieux à même de se faire une idée du niveau de résilience de notre pays.

Comme un boxeur sonné qui s’accroche désespérément sur les cordes du ring pour éviter le K.O., notre pays tangue sans tomber. Mais pour combien de temps encore ?

En effet, tout a commencé, dans un climat politique et social pourri depuis plusieurs années auparavant, par les attaques au Nord du pays d’organisations criminelles djihadistes apparentées Boko Haram ; les incursions à l’Est de divers groupes d’insurgés tchado-centrafricains ; puis récemment les exactions au Nord-Ouest, au Sud-Ouest et à l’Ouest des groupuscules séparatistes ; une grave crise politique consécutive aux revendications électoralistes de la présidentielle de 2018 ; enfin des violences intercommunautaires à coloration tribale au Littoral et au Sud du pays ; des attaques répétées à l’étranger des membres les plus radicaux de la diaspora contre le Président de la République.

Si l’on ajoute à ce triste répertoire la profonde crise de gouvernance que traverse le pays, marquée par une incapacité de l’ordre gouvernant à satisfaire les besoins élémentaires des populations, un sérieux déficit de leadership, et l’interminable liste d’actes de prévarications et de détournements de deniers publics qui éventrent depuis des décennies maintenant les caisses de l’Etat, laissant le trésor public quasiment exsangue, il n’est excessif de dire que la zone de turbulence s’est progressivement transformée en zone de chaos.

Ce qui est le plus surréaliste dans cet immense désastre, ce sont les attitudes paradoxales des camerounais. Parmi ces surprenantes attitudes, deux (02) en particulier forcent l’exclamation.

Il y a d’un côté, ceux des camerounais qui sont enfermés comme souvent dans une arrogance aveugle, une idiote certitude, et pour qui il n’y a rien d’alarmant dans la déliquescence actuelle de notre pays. Vautrés sur les assurances de leur fortune, repus de la jouissance permanente de leurs festins répétés, à l’ombre complice et rafraichissante de leurs palais, ils ne perçoivent pas, ou feignent de ne pas voir venir, les vagues magmatiques de l’éruption de violence qui déferle du mont de notre irresponsabilité.

Il y a de l’autre côté, ceux qui sont cloitrés dans leur habituelle apathie, dans leur permanente léthargie, ceux-ci sont par contre conscients de la déchéance généralisée, mais pour eux les responsables ce sont les autres. Ceux-là ce sont les indolents, les immobiles, les spectateurs, engoncés dans la fausse quiétude que seule la mollesse peut conférer, et qui attendent la fin du monde sur leur balcon, l’air libidinal, une coupe de vin dans la main.

Au bout des comptes portant, il ne fait aucun doute que l’interminable zone de turbulence a accouché d’une véritable zone de chaos, et que le chaos lent a accouché d’un chaos rapide !

*Chronique précédemment publiée à « Mutations »

Pour approfondir :   Didier Badjeck : « Le Cameroun est devenu le morceau choisi des clowns et artistes en perte d'inspiration »

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