Dans un entretien accordé au quotidien Emergence, la militante du MRC et membre de l’équipe de communication du Porte-parole de Maurice Kamto analyse le déroulement des sessions de plein droit qui sont perturbées dans certains arrondissements à cause du fait que le comité central du RDPC veut imposer des maires à la tête des communes.
Lebledparle.com vous propose l’intégralité de l’interview.
Est-il démocrate pour le comité central d’imposer des maires ?
MFM : En réalité Démocratie et RDPC ne riment pas. Ce sont ces mêmes dérives que l’on observe durant tout le processus électoral. Processus mené à 90% par le RDPC.
Pour revenir à la question, la désignation du maire par le comité central du RDPC ne date pas d’aujourd’hui, on a assisté à ce même type de désignation en 2013 et même avant. Or ça parait incongru qu’au lieu que ce soient les conseillers municipaux qui désignent, parmi eux, celui qui remplit tous les critères objectifs pour être maire, c’est plutôt le parti qui le fait. On a le sentiment qu’ils n’ont pas été élus mais nommés par le comité central de leur parti.
Nous assistons là à un processus électoral orienté par des intérêts de parti, plutôt qu’une démarche transparente et décentralisée comme le préconise le code électoral. Il va s’en dire que, être hors la loi est devenu la norme, dans la démarche démocratiquement biaisée du rdpc. Vu qu’être à la fois partie prenante et décideuse, laisse évidemment croire qu’il y a connivence ou trafic d’influence, dans le choix des maires, par le même comité qui a validé les listes de sélections. Pourquoi devrions-nous voter au final si les dés sont pipés. En effet, ce constat marque une fois de plus le fait que l’électorat camerounais n’a pas réellement un mot à dire, dans le choix des élus. Combien de temps allons-nous encore nous contenter de si peu de pouvoir dans notre pseudo démocratie.
Est-ce que cette façon de faire n’est pas de nature à créer comme d’habitude une déflagration au sein du rdpc quand on sait que les investitures s’y passent toujours mal ?
MFM : Vous pensez réellement que ces conseillers municipaux « nommés » auront le courage de lever la tête quand ils savent que leur gagne-pain vient d’être garanti par ce parti ? Si les intérêts égoïstes n’étaient pas au cœur de la politique rdpciste ces élus se seraient insurgés contre ce mode désignation des maires. Mais hélas ! « La bouche qui mange ne parle point »
Et même ceux qui oseront critiquer la toute-puissance du comité central seront tout simplement réduits au silence par tous les moyens. À mon avis, les déflagrations comme d’habitude ne seront que des bruits éphémères vides d’impact.
Peut-on justifier cela par le seul souci de la discipline du parti ?
MFM : C’est à se demander si cette discipline du parti est au-dessus de la loi.
Est-ce de la discipline ou tout simplement de la défiance envers les électeurs et les responsables municipaux qui ont un rôle bien défini dans le choix de nos élus ou représentants. Au lieu de discipline, parlons plutôt de cloisonnement, puisque les décisions à ce niveau se font entre pairs et non plus dans les règles.
Cela s’assimile plutôt à une dictature du parti, car c’est la seule expression qui sied réellement au cas d’espèce. Une dictature qui ma foi n’accorde aucune place à la méritocratie.