Après quelques d’absence sur les réseaux sociaux, le père Ludovic Lado est de retour sur la toile et offre à ses lecteurs une réflexion homélique sur le coronavirus à la lumière des textes du 4e dimanche du temps de carême, année liturgique A.
Au-delà des conséquences que cette maladie engendre, le prêtre reconnait que « La rencontre de l’humanité avec Coronavirus est plutôt désastreuse ». Il s’interroge sur l’origine de cette pandémie et indique le lieu de la solution d’une guérison. « Coronavirus est un désastre/événement cosmique et appelle une thérapie aux dimensions cosmiques. Comme le dit le Pape François dans son encyclique écologique Laudato Si, au sujet de la grande solidarité cosmique, « tout est lié » pour le meilleur et pour le pire. L’humanité cherche une solution à coronavirus et elle ne sera pas que médicale ou chimique. Jésus prend de la salive et fait de la boue qu’il applique sur les yeux de l’aveugle-né et puis l’envoie se laver dans la piscine de Siloé. Dans cette thérapie, tout est lié : l’homme, la salive, la terre, le lien social, l’eau, etc. La solidarité cosmique fait du cosmos une communauté thérapeutique dans laquelle l’homme doit réapprendre à jouer sa partition avec beaucoup d’humilité. Coronavirus, un des éléments de ce cosmos, nous rappelle aujourd’hui de la pire des manières que l’homme doit faire attention aux dérives de la volonté pathologique de puissance. C’est un avertissement ! Nous ne sommes pas les maîtres du monde, comme nous le prétendons, mais juste un élément de la chaine cosmique. Coronavirus nous rappelle que l’humanité peut disparaitre de la surface de la terre comme un jeu, comme les dinosaures avant nous », écrit le Jésuite.
Lebledparle.com vous propose l’intégralité de la chronique dominicale.
CHRONIQUE DOMINICALE (22-3-2020) : SPECIAL CORONAVIRUS
HUMUS, HUMANITE, HUMILITE
Humus, humanité, humilité, même racine! Alors que l’humanité traverse des moments de ténèbres, la liturgie de ce dimanche -que beaucoup suivront virtuellement- est dominée par le thème de la lumière. Un aveugle de naissance retrouve la vue après une rencontre providentielle avec Jésus qui va changer le cours de sa vie, qui l’ouvre à la lumière. La rencontre de l’humanité avec Coronavirus est plutôt désastreuse. Depuis quelques mois, l’humanité, rattrapée par l’impuissance, ne voit pas clair, tâtonne, titube, doute, pleure, enterre, etc., dans la recherche de la solution à ce désastre aux dimensions cosmiques. Elle cherche la lumière. Comme les disciples de Jésus, on a envie de demander à Dieu : « Qui a péché, lui ou ses parents, pour qu’il soit né aveugle ? » (Evangile). Oui, qui a péché pour que coronavirus terrorise l’humanité entière. Les Chinois omnivores ? Les scientifiques ? La mondialisation ? Qui a péché donc ? Ecoutons bien la réponse de Jésus : « Ni lui, ni ses parents n’ont péché. Mais c’était pour que les œuvres de Dieu se manifestent en lui. » (Evangile). Œuvre de Dieu ? En effet, « Dieu ne regarde pas comme les hommes. Les hommes regardent l’apparence… », les milliers de morts, la moitié vide du verre. Et si on osait regarder au-delà de la catastrophe immédiate pour nous laisser illuminer pour que le vrai sens de la pandémie de coronavirus soit « rendu manifeste par la lumière » (seconde lecture).
Coronavirus est un désastre/événement cosmique et appelle une thérapie aux dimensions cosmiques. Comme le dit le Pape François dans son encyclique écologique Laudato Si, au sujet de la grande solidarité cosmique, « tout est lié » pour le meilleur et pour le pire. L’humanité cherche une solution à coronavirus et elle ne sera pas que médicale ou chimique. Jésus prend de la salive et fait de la boue qu’il applique sur les yeux de l’aveugle-né et puis l’envoie se laver dans la piscine de Siloé. Dans cette thérapie, tout est lié : l’homme, la salive, la terre, le lien social, l’eau, etc. La solidarité cosmique fait du cosmos une communauté thérapeutique dans laquelle l’homme doit réapprendre à jouer sa partition avec beaucoup d’humilité. Coronavirus, un des éléments de ce cosmos, nous rappelle aujourd’hui de la pire des manières que l’homme doit faire attention aux dérives de la volonté pathologique de puissance. C’est un avertissement ! Nous ne sommes pas les maîtres du monde, comme nous le prétendons, mais juste un élément de la chaine cosmique. Coronavirus nous rappelle que l’humanité peut disparaitre de la surface de la terre comme un jeu, comme les dinosaures avant nous.
HUMUS, HUMANITE, HUMILITÉ, etc. ont la même racine étymologique qui nous ramène à notre chair commune : la terre. Coronavirus aura choisi le bon temps liturgique, le temps de carême, pour sévir, pour nous administrer sa leçon : « Tu es poussière et tu redeviendras poussière ». De nombreuses familles, sur tous les continents, enterrent les leurs frappés par cette pandémiqe. Dans le même élan de solidarité cosmique et humaine, nous sommes de tout cœur avec elles. C’est en ces temps que les métiers de la santé révèlent toute leur beauté et noblesse, quand on voit les corps médicaux du monde entier se déployer pour sauver la vie au prix de beaucoup de sacrifices, et parfois, de leur propre vie. C’est cette même compassion de proximité qui caractérise la rencontre entre Jésus et l’aveugle de naissance : il le touche. C’est dans le creuset de ce contact humain que sont mobilisés des éléments cosmiques comme la terre, la salive et l’eau pour guérir. Solidarité humaine et solidarité cosmique conjuguent leurs efforts pour guérir l’homme. Mais c’est aussi une solidarité pour le pire. Comme on le voit, il suffit qu’un seul ne respecte pas les consignes de prévention pour que la chaine de contamination traverse les frontières. Nous sommes tous liés et coronavirus se moque des frontières humaines. Il n’a pas besoin de visa pour circuler.
« Va te laver à la piscine de Siloé » dit Jésus à l’aveugle de naissance. « L’aveugle y alla donc, et il se lava ; quand il revint, il voyait. » Il n’y pas de doute que l’humanité aura raison de coronavirus, grâce à la lumière de la raison qui est déjà à l’œuvre dans les laboratoires. Mais n’oublions pas que coronavirus n’est pas qu’un simple virus, c’est aussi un messager, un messager certes brutal, mais un messager tout de même. Avant de le tuer, accueillons d’abord son message qu’on peut ainsi traduire : « Nous sommes tous liés dans ce cosmos pour le meilleur et pour le pire. Prenons soin les uns des autres. Exerce ta raison avec sagesse et humilité. » Oui, en effet, « qui s’élève sera abaissé et qui s’abaisse sera élevé ». Il n’y a qu’un seul Dieu et ce n’est pas l’homme. Coronavirus fait bien de nous le rappeler « pour que les œuvres de Dieu se manifestent» en l’humanité, pourvu qu’elle accepte d’aller se laver à la piscine de Siloé.
Ludovic Lado, Jésuite.