Sur les réseaux sociaux où il a ses habitudes, l’analyste Wilfried Ekanga s’interroge sur les chances du Cameroun de gagner la lutte contre le coronavirus. Le jeune homme explique statistique à l’appui que les camerounais courent droit dans la fosse.
Je vais commencer cet article comme j’aurais dû le terminer : à ce jour, le Cameroun n’a pas les ressources hospitalières et logistiques lui permettant d’amortir une vague de malades à l’italienne. Même si l’on réunissait tous les hôpitaux dits de référence, toutes les cliniques privées et toutes les chambres d’hôtels à niveau pour ce faire, il n’y aurait ni assez de personnel soignant, ni assez de matériel médical pour juguler le fléau.
Le simple fait que les pays les plus développés du globe rencontrent d’énormes difficultés dans ce domaine devrait nous donner une petite idée de la catastrophe qui s’avance à grands pas vers nous : ce samedi, l’Italie a enregistré le terrifiant record de 800 nouveaux morts, l’Espagne connaît 5000 nouveaux cas confirmés en 24 heures, et rien que dans la région du Grand Est en France, nous en sommes à 1767 hospitalisations pour 435 en réanimation.
Les infirmiers sont au bord de la rupture, et leurs concitoyens de tous ces pays se retrouvent tous les soirs à 20 heures à la fenêtre pour leur donner du courage par de vifs applaudissements. En un mot, pour un pays pauvre comme le Cameroun ( en dépit de la prétention de certains ), il n’y a qu’une seule voie à suivre pour vaincre le Corona. Une seule :
LA PRÉVENTION !
C’est-à-dire qu’il ne faut déjà pas laisser le virus s’introduire à haute échelle sur le territoire. Malheureusement, il est impossible de remonter le temps. Car dès les premières vives alertes en pays étrangers, la fermeture des frontières ( y compris avec les voisins immédiats ) aurait dû se faire immédiatement et sans ménagement. Il n’y aurait eu ni besoin de confinement ( de toute manière impossible à implanter ), ni d’autre mesure gouvernementale particulière.
A ce moment là, seules passent les marchandises indispensables à la survie de la nation, et les personnalités ayant une raison incontournable de pénétrer le territoire. Ceci tout en se soumettant ( sans négociation et sans distinction aucune ) à un test et à une mise en quarantaine préventive obligatoire de deux semaines ( comme dans le reste du monde !)
Actuellement, il y a une bonne et une mauvaise nouvelle : d’une part, la fermeture des frontières est bel et bien effective depuis quelques jours ( quoique les méandres ne soient pas tous connus ). Cela signifie en théorie que le pays n’aura à faire à aucune contamination extérieure dans l’immédiat. Mais d’autre part, à cause de la léthargie de départ, quelques mouches s’étaient déjà glissés dans le ruche de miel.
C’est en ce sens que le sieur Malachie, ministre de la santé, révélait les 13 nouveaux cas confirmés, portant le nombre à 40. Et ceux-ci provenaient du fameux Paris-Yaoundé du 17 mars 2020 ( qui aurait donc en fait dû être intercepté et traité dès l’atterrissage ).
CE QU’IL FAUT FAIRE À PRÉSENT
Puisque le miel est déjà souillé, il n’y a plus qu’à limiter les dégâts. Et cela consiste à retracer tous ceux qui sont entrés au Cameroun sur les 15 derniers jours, soit à peu près le temps de la période d’incubation du virus dans l’organisme, et qui correspond aussi plus ou moins à une période où l’on peut dire avec certitude qu’il n’y avait encore aucun cas sur notre sol ( sachant que les premiers passagers testés positifs foulèrent le sol national à bord d’un vol du 7 mars 2020 ).
Le problème, c’est que nous sommes nés dans un pays lui-même malade, avec des dirigeants qui se prennent pour des démiurges ou des Apophis éternels. Cavaye Y. Djibril, président de l’assemblée nationale, débarqué la semaine dernière à bord d’un vol contaminé, n’a rien trouvé de mieux que de convoquer deux sessions parlementaires coup sur coup dans les jours qui ont suivi, serrant des poignées de main, et faisant des bains de foule monarchiques. C’est le seul pays au monde où pareille hérésie fut possible !
Il est fort probable qu’à cause de lui ou de sa suite, d’innocents élus soient aujourd’hui contaminés. C’est d’une irresponsabilité et d’une inconscience affligeante ! La suite nous enseignera bientôt que l’immunité parlementaire n’est pas une immunité coronale.
Tous les passagers de ces vols doivent être retrouvés, placés en quarantaine obligatoire et contrôlée, testés, et les résultats doivent être communiqués, en particulier ceux des hautes personnalités. Même Trump des USA ou le brésilien Jair Bolsonnaro ont communiqué les leurs. Les gens que monsieur Djibril a approchés ont à plus forte raison le droit de savoir s’il fut leur potentiel contamineur.
Et en attendant, tous doivent être mis en quarantaine comme lui. TOUS! C’est-à-dire, tous ceux qui étaient présents aux deux sessions parlementaires de ces derniers jours, ainsi que tous leurs amis et proches qu’ils ont côtoyés de près par la suite. De même que tous ceux qui se souviennent les avoir approchés, même si les concernés eux ne s’en rappellent plus. C’est un impératif catégorique !
OPÉRATIONALISATION
Retrouver tout ce beau monde n’est pas chose facile, puisque cela nous amène vite à quelques milliers de personnes. Mais dites-vous toujours qu’il sera plus facile de confiner 5 000 personnes que d’en confiner 25 millions dans un pays enclavé et délabré. C’est dans ces 5 000 personnes que se trouvent actuellement tous les malades du Covid-19 en terre camerounaise. Circonscrire ce périmètre démographique permettra, à défaut de stopper, de sérieusement neutraliser le virus dans le pays. Et ce n’est pas facultatif !
Aussi bien la logistique, le coût financier, l’exigence de personnel et surtout le bilan humain seront largement supportables par rapport à ce que donnerait une propagation réelle de l’épidémie, consécutive à un laxisme comme seul le Cameroun sait en faire preuve.
Dans le même temps , les villes où ont été recensé des cas ( Yaoundé et Douala en première ligne ) doivent être mises en quarantaine pour au moins 15 jours, et dès cet instant. De sorte qu’il soit impossible d’en sortir ou d’y entrer . Même si cela devait ralentir une économie ( par ailleurs moribonde ) , il vaut mieux faire ce mini sacrifice là et souffrir un peu plutôt que d’avoir à faire face à l’enfer proprement dit.
A défaut d’abriter la CAN ou le CHAN ( qui n’ont donc pas eu lieu ), les stades magnifiques ( selon vos propres dires ) dont nous disposons ( a priori ) peuvent ( comme dans le cas de la Chine ), fort bien servir de lieu de quarantaine pour les quelques milliers de covid-suspects que le traçage aura permis de réunir. On peut aisément y caser 5 à 10 000 personnes sans que l’une ne soit proche de l’autre de plus d’un mètre, tout en organisant la mécanique de leur quotidien ( sanitaire, alimentaire etc …)
EN BREF
Celui qui n’a toujours pas compris que l’affaire est très sérieuse sera très bientôt surpris par l’annonce brutale de la mort d’un proche. Nul ne le souhaite bien sûr, mais c’est inéluctable si rien n’est fait pour prévenir. Le monde fait face à organisme froid, rapide, hyper contagieux et extrêmement létal. Il y a une semaine, l’Allemagne, première puissance européenne ( 4000 milliards d’euros de PIB ) se trouvait à 1000 cas de moins que la France, et en quelques jours, selon le journal SPIEGEL dans son édition du 21 mars 2020, le pays, a cause d’une politique étonnamment négligeable caracole désormais à 21 828 cas, et une augmentation de 2000 sur la seule journée écoulée.
Le Cameroun possède t-il 21 828 lits d’hôpitaux ?
Ce dont on est sûr par contre, c’est qu’il y a assez de place pour enterrer tout le monde.
EKANGA EKANGA CLAUDE WILFRIED
( L’Allemagne compte plus de médecins Camerounais … que le Cameroun ! Bon dimanche à tous )