Dans une courte réflexion publiée sur Facebook le mercredi 8 avril 2020, le journaliste camerounais en service à Jeune Afrique Georges Dougueli revient sur la sortie de Paul Atanga Nji par communiqué le mardi 7 avril dans lequel, il met un terme aux initiatives de collecte de fond privé pour lutter contre le Covid-19. Le journaliste estime qu’à travers cet acte du ministre, ceux qui nous gouvernent montrent que nos décrets et lois valent mieux que nos vies.
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Nos décrets valent mieux que vos vies
Hier (mardi 7 avril 2020, Ndlr), un ministre a dégainé un communiqué pour stopper un appel de fonds destinés à lutter contre l’épidémie en cours. Pour la seule raison que l’initiative vient d’un opposant démonisé par le pouvoir. C’est « illégal », disent ces « Excellences » tropicales, alors que leur pays ne compte que quelques dizaines de respirateurs… On en est là. Ils sont prêts à tous les sacrifices pour LUI.
LUI, est le président le plus intelligent, le plus clairvoyant, le plus avisé au monde, voire du système solaire. Un virus menace d’extinction l’espèce humaine ? Pas de panique, vous ne le verrez pas, ne l’entendrez pas. D’ailleurs pourquoi voulez-vous le voir ? Il vous suffit d’appliquer ses « Hautes instructions », transmises par ses collaborateurs avec ferveur au peuple, telles les Tables de la loi inspirées à Moïse par Dieu. Sauf que ce Moïse-là, souverain et condescendant, n’a même pas daigné descendre de sa montagne ! Un tel peuple de pauvres gueux ne mérite pas ce chef. Le Pape, la Reine Elisabeth II et tous les autres font tant et tant de discours ? Et alors ? Petits joueurs ! Est-ce sa faute s’ils ne savent pas ce que c’est qu’un chef ? Un vrai ?
Pendant ce temps, l’épidémie gagne du terrain. Rien de nouveau sous le soleil… D’ailleurs, pour être cohérent, faisons comme les Aztèques : érigeons les sacrifices humains en institution religieuse et politique. Pourquoi pas ? Ça donnerait du sens à cette habitude du malheur. On saura enfin pourquoi on enchaîne les catastrophes humaines ou naturelles, avec des morts par centaines : le coup d’Etat du 6 avril, le gaz du lac Nyos, l’incendie de Nsam, les crashs de la Camair, les accidents de la route Yaoundé-Douala, le déraillement d’Eseka… Bof, toute cette boucherie a tué des milliers de Camerounais mais le Cameroun est toujours là ! Son président aussi ! Le reste ne compte pas.