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Covid-19 : Les Péchés capitaux du pouvoir

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Dans un Edito paru dans Mutations du 13 avril 2020, le directeur de publication du quotidien privé de la rue des basseries a proposé à ses lecteurs les péchés capitaux du gouvernement dans la gestion de la lutte contre le Covid-19.


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Covid-19 – DR

Lebledparle.com vous propose l’intégralité de l’Editorial.

Péchés capitaux

Il est de l’Homme comme d’une nation. C’est quand il se mesure à l’obstacle qu’il se découvre, pour reprendre Antoine de Saint-Exupéry. Le 18 avril prochain, c’est-à-dire dans cinq jours, cela fera un mois que le Cameroun a adopté le rythme de croisière dans la guerre contre le coronavirus, à la faveur des 13 mesures barrières édictées par le Premier ministre, Joseph Dion Ngute.

Dans une précédente livraison, nous indiquions que le gouvernement s’était pressé lentement concernant la fermeture des frontières, notamment aériennes. Aujourd’hui cela nous coûte cher, puisqu’il est avéré que les cas importés sont les premiers et les plus nombreux parmi les personnes infectées. L’insouciance de certains individus en provenance de pays contaminés, l’inconscience de certains Camerounais et les défaillances de départ du dispositif de confinement ont embrasé et complexifié la situation.

Dans le déploiement du gouvernement, y compris après la première sortie du Premier ministre, l’on a perçu ensuite une certaine incoordination qui a contribué à brouiller davantage la stratégie de riposte. Fort de son exubérance juvénile et de sa démarche volontariste, le ministre de la Santé publique y est allé pratiquement avec ses tripes, mais on l’a senti pendant un bon bout de temps bien seul au front. Il était pourtant clair que sa seule communication, aussi offensive fût-elle, et ses descentes aux charbons, aussi régulières fussent-elles, ne suffisaient pas à rattraper les retards inhérents à notre système de santé, à notre modèle de gouvernance.

Face à la montée vertigineuse du nombre de personnes infectées, la question demeure de savoir si nos hôpitaux ont des équipements et du matériel médical pour assurer convenablement la prise en charge. Une chose est de relativiser les limites de notre système de santé en invoquant les cas des pays économiquement mieux lotis que nous, qui ont chaviré face au COVID-19, une autre chose est de pouvoir repousser nos limites en nous montrant proactifs.

De plus, au regard de ce qui est apparu comme des flottements au niveau de la coordination opérationnelle, il n’a pas échappé à l’observateur averti que certains ministres ont choisi de se la jouer en solo, ou simplement de troubler l’eau pour mieux pêcher. Le recadrage du Premier ministre, nous l’espérons, remettra sans doute de l’ordre dans les rangs.

Par ailleurs, s’il faut se féliciter de ce que le pouvoir ait enfin marqué officiellement sa volonté d’associer des forces politiques concurrentes, à travers l’échange de fin de semaine dernière entre le Premier ministre et les représentants de l’opposition parlementaire, il reste que cela est arrivé sur le tard. On est d’ailleurs en droit de se demander s’il s’est agi d’un exercice de pure forme ou d’une consultation d’affichage…

Du point de vue de l’accompagnement, plusieurs Etats au monde ont pris des mesures préférentielles pour venir à la rescousse des entreprises, de la presse, des ménages, etc. Au Cameroun, le gouvernement prend certes entièrement en charge les malades et les confinés, mais il doit voir plus grand et faire mieux. Par ces temps de COVID-19, de hautes autorités ont par exemple renoncé à leurs privilèges et avantages pour renflouer les caisses publiques de leurs pays ; pourquoi cela ne serait-il pas possible au Cameroun ?

Le dernier péché capital du pouvoir, et au-delà de toute sensiblerie, tient au fait que le chef de l’Etat n’a toujours pas pris la parole, alors que la pandémie prend du galon au Cameroun. Cette posture qui embarrasse même dans son propre camp n’est pas en résonance avec la stratégie recommandée par l’Organisation mondiale de la Santé (Oms). Avouons que les chamailleries politiciennes n’arrangent pas les choses ! Il est cependant constant que la parole présidentielle manque à cette lutte.

Georges Alain Boyomo

Pour approfondir :   Meurtre au Lycée de Deido : Paul Mahel en appelle à la responsabilité des parents vis-à-vis de leurs enfants (Point de vue)

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