L’organisation de défense des droits de l’homme à travers son directeur Afrique centrale s’est prononcée sur la radiation de l’Avocat Félix Agbor Balla comme enseignant de l’université de Buéa.
Depuis le 7 mai 2020, Félix Agbor Balla ne fait plus partir de l’effectif du corps enseignant de l’université anglo-saxonne du Cameroun. Le défenseur camerounais des droits de l’homme s’est vu signifier le 7 mai au soir la fin de son contrat avec l’institution universitaire où il enseignait.
Cette exclusion de Félix Agbor Balla est l’aboutissement de plusieurs correspondances du ministre d’Etat, ministre de l’Enseignement supérieur, Chancelier des ordres académiques, Jacques Fame Ndongo, qui avait demandé au Vice-chancelor de l’unversité de Buéa de « prendre des mesures » contre lui, lui reprochant d’avoir violé le caractère « apolitique de l’université » pour avoir donné à ses élèves un sujet de dissertation sur les causes de la crise anglophone. La veille, Félix Agbor Balla avait refusé de se rendre à un conseil de discipline consacré sa situation, estimant que la procédure engagée contre lui était illégale, et animée par des motivations « politiques » et non « déontologiques ».
Dans un article tribune intitulé « Des débats étouffés dans les salles de classe du Cameroun », Lewis Mudge, responsable de Human Rights Watch (HRW) pour l’Afrique centrale pense que le gouvernement veut taire le débat sur la crise anglophone. « Au Cameroun, la suspension des cours donnés par un professeur d’université fait craindre que le gouvernement ne musèle tous ceux qui osent aborder le sujet de la crise en cours dans les régions anglophones du pays », écrit-il.
« Le limogeage d’Agbor Balla est une nouvelle étape dans les efforts du gouvernement pour réduire au silence les débats sur ce qui se passe dans les régions anglophones, analyse-t-il. Le plus problématique est qu’il suit la directive du ministre. L’université de Buea devrait défendre le principe de la liberté d’expression au lieu de contribuer aux efforts du gouvernement pour la réduire au silence. Cette action correspond à une tendance du gouvernement où les défenseurs des droits de l’homme ou les médias indépendants sont étouffés au lieu de discuter ou d’analyser des choses considérées sensibles au Cameroun, comme par exemple le procès contre Maurice Kamto ou bien les crises dans la région anglophone », peut-on lire dans les colonnes du site web de RFI.