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Richard Makon : « La facilité avec laquelle la fraude aux examens s’épanouit est incontestablement l’expression d’un sinistre »

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Dans une tribune publiée sur la toile le mardi 18 août 2020, l’analyste politique Richard Makon parle de la fraude aux examens de Baccalauréat 2020. Selon le juriste, la fraude aux examens est un sinistre sociétal. Pour rappel, les résultats de l’enquête sont sortis et le Minesec accuse le personnel du service de la reprographie de l’OBC. Le personnel en question a écopé d’une sanction de 3 mois de suspension.


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Richard Makon – capture photo

« À l’heure de la systématisation des TIC dans tous les domaines de la gestion administrative, technique, financière et comptable, et au moment où, après la normalisation des biens et des services, celle de la gouvernance des systèmes a fini d’imposer la dématérialisation des processus et des procédures comme l’une des clés de la qualité et de la sécurité du service, la facilité avec laquelle la fraude aux examens s’épanouit est incontestablement l’expression d’un sinistre. », écrit-il.

Lebledparle.com vous propose l’intégralité de la chronique.

UNE CRUELLE RÉGRESSION

Reparler de fuite d’épreuves aux examens officiels au Cameroun est, à n’en point douter, la plus cruelle et désastreuse régression de notre système d’enseignement, tant dans la forme que dans le fond.

Au-delà des défaillances structurelles et infrastructurelles connues et depuis longtemps décriées (étroitesse de la carte scolaire et universitaire ; vétusté et souvent l’inexistence des laboratoires, de salles informatiques, d’infirmeries, de cantines, d’installations sportives et culturelles, entre autres) et des limites substantielles inlassablement pointées du doigt (absence d’une vision et d’une politique de l’école, structuration incohérente du système éducatif, approximation et inadaptation des contenus pédagogiques, absence d’une politique nationale du livre, etc.), le constat d’importantes failles dans le dispositif de sécurisation des épreuves est à proprement parler un drame national.

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À l’heure de la systématisation des TIC dans tous les domaines de la gestion administrative, technique, financière et comptable, et au moment où, après la normalisation des biens et des services, celle de la gouvernance des systèmes a fini d’imposer la dématérialisation des processus et des procédures comme l’une des clés de la qualité et de la sécurité du service, la facilité avec laquelle la fraude aux examens s’épanouit est incontestablement l’expression d’un sinistre.

Cette situation dramatique est d’autant plus préoccupante, d’une part, lorsqu’on se rappelle du coût financier des pseudos réformes tant vantées dans l’enseignement secondaire, d’autre part, lorsque l’on prend la pleine mesure des importants moyens humains, financiers, matériels, techniques consentis par les pouvoirs publics dans la modernisation technologique : formation des formateurs, formation des ingénieurs dans des domaines scientifiques de pointe, création des filières d’innovation, création des centres d’excellence en ingénierie du numérique, des plateformes informatiques et numériques, des logiciels et des applications dédiées, et la conclusion en grande pompe d’accords de partenariats intergouvernementaux et interuniversitaires pour favoriser la modernisation et le développement technologique, une dimension essentielle de notre stratégie de développement.

Peut-on seulement imaginer la mauvaise publicité de cette énième catastrophe sur les diplômes camerounais des années à venir, et davantage de cette année, lesquels étaient déjà couverts du vernis de la gratuité, dans un contexte marqué, d’une part, par la crise sanitaire due à la pandémie de la COVID – 19, d’autre part, par le souvenir des tristes lauriers du Cameroun, deux (02) fois champion du monde de corruption, pays où la fraude est systémique et la corruption un sport national.

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Peut-on réellement évaluer la bérézina dans la politique de mobilité, clé du système Licence – Master – Doctorat (LMD), et surtout le désastre pour nos jeunes diplômés dont les trajectoires académiques et scientifiques s’en trouveront perturbées ?

La réaction tatillonne et timorée des pouvoirs publics nous fonde à en douter. Aucun comité de crise, aucune résolution ni annonce forte, aucune suspension ni démission enregistrée jusqu’à ce jour. Ce qui est tout simplement inexplicable, intolérable et impardonnable. Mais comme toujours notre gouvernement optera pour la stratégie du pourrissement. On pousse la poussière sous le tapis, et on fait un doigt d’honneur au peuple en attendant le prochain scandale.

Chronique précédemment publiée à « Mutations »

NB : Richard Makon est Juriste et  Enseignant/Chercheur, à Université de Douala. Il est aussi Ecrivain et Expert en question de développement.

 


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