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Interview: Le Journal Le Monde se corrige 3 fois sur le cas Paul et Chantal Biya.

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Capture lemonde.fr (c)Lebledparle.com

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Jamais, un article publié au sujet d’un Chef d’Etat et son épouse n’a subit autant de modifications. En l’espace de 48 heures, le journal Le Monde a retouché par trois fois un article publié sur la toile relatif à la santé de Paul Biya, le Chef de l’Etat du Cameroun et de son épouse Chantal.

Les affirmations sont devenues des interrogations, des contrevérités ont été corrigées après une levée de bouclier des témoins de l’embarquement public du couple présidentiel le 1er mars dernier pour un séjour privé en Europe. Finalement, confus,le journal français a joué avec les mots pour s’amender des indiscrétions qui l’ont amené à dire que Paul Biya séjournait dans un centre hospitalier en Suisse pour des soucis cardiaques et un cancer de la prostate.

Comment comprendre ce revirement à 360 degré du Journal Le Monde ? Pour tenter de comprendre, Cameroon-Info.Net a sollicité l’analyse d’Allain Jules, un journaliste qu’on ne présente plus sur la toile et qui jouit d’une riche expérience dans les milieux de la presse hexagonale.

Quel commentaire vous inspire le comportement du Journal le Monde qui a modifié trois fois un article sur le séjour en Europe et l’état de santé du couple présidentiel camerounais?

Allain Jules: La presse française, Le Monde en particulier, est coutumière de ces abus quand il s’agit de l’Afrique. Il y a là, beaucoup de désinvolture et surtout du mépris. Mais rassurez-vous, ce serait l’œuvre, selon nos informations, d’une compatriote. Il s’agirait de l’article d’une certaine Diane Audrey Ngako, après des informations glanées par… téléphone. Son éditeur, Serge Michel, doit être très déçu d’avoir modifié l’article trois fois. Excusez du peu. Ne voulant pas signer son papier, c’est Le Monde qui est donc responsable…

Comment peut-on l’expliquer ? Est ce qu’on peut croire que le journal a subi des menaces ?

Allain Jules: Écoutez, dès que Le Monde Afrique a compris qu’il y avait une première coquille dans son texte, notamment son affirmation selon laquelle le couple présidentiel s’était déplacé séparément, il a automatiquement compris qu’il s’était gouré. Néanmoins, il y avait visiblement une intention dolosive. Pourquoi ? Son texte a changé de titres trois fois. La première mouture était intitulée “Cameroun: le couple présidentiel s’exile pour raisons médicales”. Celui-ci est devenu le même jour “Cameroun: le couple présidentiel hors du pays et en mauvaise santé”, pour changer le lendemain en “Cameroun: le couple présidentiel est à Genève et s’occupe de sa santé”. Fichtre. Si le journal avait eu des pressions, il allait simplement trapper l’article…Mais, malgré les approximations et contrevérités, qui sont en réalité des délits de presse punis par la loi, l’article est toujours en ligne…Il ne s’agit nullement d’information.

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Est ce qu’on peut dire que le journal a fait preuve d’un manque de professionnalisme dans la collecte des infos autour de ce sujet ou alors cela trahit une sorte de complot de l’ex colonisateur par presse interposée contre certains dirigeants de l’Afrique noire ?

Allain Jules: Les deux à la fois. Mais, je crois que le temps où nous avions des complexes est passé. Nous avons aujourd’hui les mêmes cursus et par conséquent, prendre encore aujourd’hui leurs sorties pour des paroles d’évangile est risible. Que les Camerounais sachent une chose sur le journal Le Monde: il y a quelques années, mon frère et ami, le journaliste Théophile Kouamouo, avait démissionné de ce journal car, non seulement ce dernier modifiait ses articles, mais le forçait à mentir dans ses différents papiers. Il est toujours vivant pour témoigner. Il était son correspondant en Côte d’Ivoire à l’époque…

Ce sujet peut-il entamer la réputation du Journal Le Monde ?

Allain Jules: Pas forcément. Il va évoquer le droit à la liberté d’expression. Or, il suffit de lire l’article pour comprendre que la déontologie journalistique n’est pas respectée. Dans tous les pays du monde, la diffamation et l’injure sont condamnables. Et puis, quelle indécence de parler de la supposée opération de la première dame ? Ce journal peut-il le faire en France ? Que nenni. Le délit de diffamation est constitué par toute allégation ou imputation d’un fait qui porte atteinte à l’honneur ou à la considération de la personne ou du corps auquel le fait est imputé.

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La réputation du Monde peut-être entamée si et seulement si le couple présidentiel porte plainte et que cette dernière aboutie. Tous les ingrédients sont là. Avoir un bon avocat qui peut attaquer au civil et au pénal assez rapidement. Les captures d’écran (screenshot) sont bien la preuve des manipulations du journal. Mais, il faut savoir qu’en France, en matière de presse en ligne, il y a prescription au bout de 3 mois.

-Tout compte fait, est ce qu’il n’y a pas une petite vérité dans l’histoire que raconte l’article, notamment en ce qui concerne la santé du couple présidentiel ?

Même s’il y a des vérités, c’est de l’ordre du privé. Parce que, chaque personne est libre de garder un secret médical. Encore plus, les médecins. Le secret médical est un des fondements de la médecine libérale dont la violation est réprimée par le code de santé publique et le code pénal. Cette violation se caractérise par la révélation d’une information à caractère secret par une personne qui en est dépositaire. Bref, le respect de la personne d’autrui compte. Et, je ne sais quelle gymnastique intellectuelle on peut évoquer pour dédouaner le journal Le Monde.

Pourquoi le sujet relatif à la santé des chefs d’État reste un tabou sur le continent ?

Allain Jules: Pas seulement en Afrique. Maintenant, dans certains pays, des chefs d’État, après un bilan de santé, le publient. Ce n’est pas une obligation. Quant à la révélation, c’est une infraction…Un avis personnel: quand il y a des institutions qui fonctionnent normalement, la santé du chef de l’État n’a aucune espèce d’importance…Mais, pire, que vient faire son épouse dans tout ça ? C’est quand même petit et sent la manipulation. Entre rumeurs et bruits de couloir sans certitude, les “qui” sont tapis dans l’ombre ? Mystère et boule de gomme…!


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