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[Tribune] : « La stratégie actuelle du MRC et de Maurice Kamto est la bonne »

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Joël Didier Engo, activiste politique répond à Me Christian Bomo Ntimbane qui a lancé le 15 novembre 2020, le débat sur la création du « Grand MRC », perspective d’un grand parti de l’opposition qui va réussir à chasser Paul Biya et son régime. Tout en épousant certains du projet de Me Christian Bomo Ntimbane, Joël Didier Engo pense que « la stratégie actuelle du MRC et de Maurice Kamto est la bonne ».


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Maurice Kamto (c) Droits réservés

Lebledparle.com vous propose l’intégralité de la tribune.

Cameroun, MRC: l’impatience d’accéder au pouvoir pour le pouvoir est très mauvaise conseillère pour combattre et triompher une « dictature reptilienne »

Comme je l’ai écrit en réaction à la proposition d’un « Grand MRC » de Me Ntimbane, le parti socialiste français d’Epinay (qu’il a pris en exemple) est parvenu à imprimer la culture de l’alternance en France, d’abord parce qu’il a su constituer une base idéologique puis imprimer en son sein malgré les différents courants une véritable culture partagée du refus de la compromission avec les conservateurs et autres extrêmes de tous bords.

Je peine objectivement à dénicher cette ligne dans la grande coalition du changement que propose Me Ntimbane à travers la constitution souhaitée d’un « Grand MRC ».

La lecture de la trajectoire socialiste indique précisément au MRC de rester inflexible sur son socle idéologique et programmatique, puis de s’élargir uniquement avec celles et ceux qui adhèrent au moins à l’esprit progressiste qui s’en dégage.

En effet sous une dictature crasse comme celle du Cameroun, l’objectif ne doit pas uniquement être de changer le pouvoir en place, mais d’imprimer une véritable culture démocratique faite d’abnégation et de cohérence dès l’opposition parfaitement assumée voire revendiquée, afin de ne pas se retrouver avec des cadres et militants versatiles et intermittents qui retournent sans scrupule leurs vestes et iraient se vendre au plus offrant à la première défaite électorale ou lors d’un « passage du désert ».

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Le Parti socialiste malgré les défaites électorales essuyées après Epinay, dont celle de la présidentielle de 1974, a su garder le Cap idéologique et sa cohésion d’ensemble avec des cadres de qualité comme Laurent Fabius, Michel Rocard, Jacques Attali, Jean Pierre Chevènement, Lionel Jospin, Jacques Delors, et autre Pierre Joxe… exerçant diverses activités et professions dans le civil mais jamais tentés de quitter le navire au motif que le pouvoir avait parfois échappé de justesse à leur champion François Mitterrand.

Je peine à retrouver cet esprit et même cette culture politique chez nombre de leaders politiques que Me Ntimabane a proposés pour la constitution d’un grand MRC. J’ai plus, à mon humble avis d’ancien militant socialiste, le sentiment que la stratégie actuelle du MRC et de Maurice Kamto est la bonne. Lentement il gagne la bataille idéologique dans l’opinion publique et imprime dans la douleur cette culture de l’abnégation voire du renoncement avec un souci de cohérence idéologique qui préfigure d’un vrai changement de mœurs politiques et de gouvernance au Cameroun. C’est le chemin inévitable pour ne pas reproduire les mêmes tares que la tyrannie en place.

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L’impatience d’une accession au pouvoir pour le pouvoir est très mauvaise conseillère en l’état de la culture politique essentiellement totalitaire des Camerounais, après plus de 38 années de zombification par Paul Biya.

Je pense que les progressistes de ce pays ne feront pas l’économie d’une révolution des mentalités y compris politiques dans la perspective du changement souhaité par tous…L’impatience d’accéder au pouvoir pour le pouvoir dans l’état de décrépitude généralisée actuelle me semble contre-productive.

C’est en cela que la stratégie non violente assise sur l’accès au pouvoir à travers des urnes transparentes du Pr. Kamto me paraît bien pensée et adaptée à la situation, même si elle génère tellement de frustrations internes. Il faudra faire comprendre à ses cadres que la politique en démocratie est une forme de sacerdoce, non un tremplin social pour un enrichissement immédiat, comme semblent l’avoir cru certains démissionnaires qui se répandent en invectives dans les médias contrôlés par le régime de Yaoundé.

Ils s’étaient simplement trompés de chapelle politique!

JDE

 


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