L’Autorité National des élections (ANE) a publié le lundi 4 janvier 2020, les résultats provisoires des élections législatives et présidentielles du 27 décembre 2020.
Sans surprise, les chiffres offrent la victoire dès le premier tour au président sortant, Faustin Archange Touadéra, avec 53,92%. Une victoire a priori nette et encore renforcée par un taux de participation estimé à plus de 76%.
Les félicitations du PM de la RCA
Sur son compte twitter, l’actuel Premier Ministre de la RCA a salué la victoire du président Touadera. « La brillante réélection de son Excellence Pr. Faustin Archange TOUADERA me donne l’agréable opportunité de lui adresser mes vives et chaleureuses félicitations. J’y joins mes vœux de plein succès dans l’accomplissement de ce second mandat voulu par le Peuple Centrafricain », écrit Firmin Ngrebada.
La contestation de l’opposition
Les membres, et candidats à la présidentielle, de la Coalition de l’opposition démocratique 2020 (Cod 2020) se sont réunis et annoncent le dépôt d’un recours commun auprès de la Cour constitutionnelle.
Pour l’ancien Premier ministre, Mahamat Kamoun, il s’agit d’ « une farce électorale ». « On a imposé une élection aux antipodes des normes internationales » a-t-il déclaré. « Nous continuerons à contester la réélection de Faustin Archange Touadéra » précise Mahamat Kamoun.
Ecce Homo
A 63 ans, il dirige le pays depuis cinq ans. Né en avril 1957 dans le quartier de Boy-Rabe à Bangui, fils d’un chauffeur et d’une agricultrice, Touadéra est un mathématicien talentueux. Diplomé en France et au Cameroun, il a été d’abord un syndicaliste étudiant avant de devenir l’un des responsables de l’Université de Bangui. En 2008, lorsqu’il devient premier ministre, il est pourtant un parfait inconnu du monde politique. C’est le président François Bozizé, né comme lui à Boy-Rabe, qui le choisit pour prendre la tête du gouvernement. Le contexte social est alors extrêmement tendu. Les fonctionnaires sont en grève depuis plusieurs semaines. Le gouvernement fait face à une grave crise financière et ne parvient plus à les payer. Touadéra parviendra à régler la situation en instituant notamment le versement des salaires sur des comptes en banque. Dans un portrait publié en 2016, Jeune Afrique souligne « qu’après plusieurs années d’arriérés, les fonctionnaires n’ont pas oublié » cette réforme.
Faustin Archange Touadéré occupera le poste de premier ministre pendant cinq ans, dans l’ombre du président Bozizé. Mais lors de la crise de 2013, après s’être réfugié sur une base de l’ONU, il doit quitter le pays et trouver refuge avec sa femme et ses trois enfants dans le nord de la France, à Villeneuve d’Ascq. Il connaît bien la région pour y avoir étudié et même enseigné au début des années 80. En 2016, le quotidien local La Voix du Nord rapporte que c’est dans la région que les affiches électorales du candidat Touadéra ont été imprimées.
De retour en République centrafricaine, il déjoue les pronostics en remportant la présidentielle de 2016. Arrivé deuxième au premier tour, quatre points derrière Anicet-Georges Dologuélé, Touadéra qui se présente sans étiquette, réussit à faire le plein de voix pour le second tour et l’emporte largement avec plus de 60% des suffrages.
Mais Faustin-Archange Touadéra est le président d’un champ de ruines. Trois ans de guerre civile, de violences intercommunautaires, la Centrafrique est sous assistance, les fonctionnaires sont payés par la communauté internationale. Des affrontements se succèdent, des villes sont occupées, les principales routes commerciales sont bloquées, dans un climat sécuritaire inquiétant ; la République centrafricaine est réduite à Bangui.
Pour rappel, le parquet de Bangui a diffusé le 04 janvier sur l’antenne de la Radio Nationale un communiqué ouvrant une enquête judiciaire contre François Bozizé qui apporte son soutien à la rébellion crée sous le nom de la CPC.