L’affaire du prêt de 55 milliards pour la finition du complexe sportif d’Olembé continue de susciter des réactions au sein de l’opinion nationale et internationale camerounais. Après la marche pour dire non au prêt, Me Christian Bomo Ntimbane a adressé une lettre ouverte à l’ambassadeur de France au Cameroun, Christophe Guilhou.
L’Avocat au Barreau de Paris et du Cameroun demande au pays de Macron de ne pas apporter son soutien au régime actuel de Yaoundé au sujet de ce prêt. « Excellence Monsieur l’ambassadeur, les camerounais veulent voir la France retirer son soutien aveugle et tacite au régime de Yaoundé, en conditionnant tout apport financier, au respect des RÈGLES de bonne gouvernance, démocratiques comme prévu par les dispositions de l’Accord de Cotonou signé entre le Cameroun et l’Union Européenne, dont la France est membre », écrit l’acteur de la société civile.
L’intégralité de la lettre ouverte.
LETTRE OUVERTE A S. E MONSIEUR CHRISTOPHE GUILHOU, AMBASSADEUR ET HAUT REPRÉSENTANT DE LA FRANCE AU CAMEROUN.
Monsieur L’Ambassadeur,
Le 05 mars 2021, des camerounais de la diaspora vivant dans votre pays, la France, ont manifesté devant le siège de la Banque Publique de l’investissement ( BPI) à Paris, pour contester la caution de 55 milliards Fcfa que l’Etat Français a accordé au gouvernement camerounais au travers de cette banque, pour lui permettre de s’endetter auprès de la banque anglaise Standard Chartered Bank.
Le président du Conseil des Camerounais de la Diaspora ( CCD) qui était le porte-parole de cette manifestation, le général WANTO, au cours d’un vibrant discours a expliqué de fort belle manière, le caractère irrégulier de cet appui financier du régime Macron au pouvoir de Yaoundé.
Nous pensons qu’au lieu de faire la sourde oreille, BPI doit expliquer clairement au peuple camerounais, les raisons de son engagement pour ce prêt, au moment où, ce peuple dans sa large majorité, s’indigne et s’interroge sur la gestion opaque des fonds débloqués pour la construction des infrastructures sportives en vue de la Can au Cameroun.
Surtout que dans ses missions, BPI Export n’est pas habiletée à soutenir les États étrangers, mais les entreprises françaises dans leurs opérations de commerce extérieur.
BPI ne saurait se substituer à L’AFD.
Ses missions sont celles autrefois de la Coface et de Proparco.
Jamais en France une telle affaire ne peut passer sans explication de la structure publique indexée.
Pourquoi ce silence quand il s’agit des camerounais ?
Les camerounais pourtant respectueux de votre culture de bonne gouvernance sont très déçus par la France.
Cette contrariété dans le traitement des situations non admises en France, mais que la France supporte au Cameroun est quelque part à l’origine d’incessantes interpellations de la France dans les soulèvements populaires, pourtant de politique intérieure, il y a 05 ans au Burkina Faso, récemment au Mali, et en ce moment au Niger, au Tchad et au Sénégal.
Au Gabon, Au Congo, Brazzaville, en Côte d’Ivoire et en Centrafrique, ça bout, ça grogne contre la France.
Celui qui vous adresse ce message comme bon nombre d’africains vivant en France, respecte le peuple français et admire les valeurs de la culture Française d’égalité, de liberté, de démocratie et de justice.
Voire le pays dont nous sommes fiers de parler la langue et qui nous offre son hospitalité, se comporter, avec autant de duplicité et de cynisme, quand il s’agit du Cameroun, nous écœure et nous préoccupe.
C’est pourquoi, nous appelons les autorités françaises à ne pas se rendre complice de la spoliation des biens du peuple camerounais qui a tout aussi le droit d’aspirer à la gestion et partage équitable de sa richesse.
Excellence Monsieur l’ambassadeur, les camerounais veulent voir la France retirer son soutien aveugle et tacite au régime de Yaoundé, en conditionnant tout apport financier, au respect des RÈGLES de bonne gouvernance, démocratiques comme prévu par les dispositions de l’Accord de Cotonou signé entre le Cameroun et l’Union Européenne, dont la France est membre.
En ce qui concerne particulièrement le prêt de 55 milliards de FCFA, faites une note à Votre ministre des affaires européennes chargé de la coopération, Monsieur Yves Ledrian, aux fins de suspension dès à présent de la caution de BPI au Cameroun, sous la condition irrévocable de réalisation d’un audit de la construction du stade d’Olembe.
En le faisant, le peuple camerounais commencera à entrevoir la bonne volonté des autorités françaises à créer véritablement les conditions d’une coopération juste et équitable entre le Cameroun et la France.
Je vous remercie
Bien cordialement.
Christian Ntimbane Bomo
Société Civile Critique.