Le prof titulaire d’université à la retraite Alice TANG a commis une tribune pour défendre son président national après qu’il a été qualifié de « naïf » par Me Alice Nkom. Pour la militante du PCRN, son leader n’est pas du tout cela. « Il fait donc partie du puzzle qui constitue l’énigme de la société rêvée pour l’alternance », dit-elle.
Cabral Libii, un naïf ? Non et non.
Beaucoup s’étonnent de constater que depuis 2018, l’honorable député de la nation Cabral Libii n’a jamais réagi aux multiples attaques, calomnie, et dénigrements dont il fait l’objet. Ces gens demandent pourquoi il a réagi à la récente sortie dénigrante d’une avocate bien connue.
Cabral Libii maîtrise tellement bien la langue française qu’il a compris, plus que ceux-là, la portée de cette assertion : ‘ »Si Cabral n’était pas naïf… », qui est l’équivalente d’une autre affirmative: »Cabral Libii est naïf ».
Généralement, la naïveté renvoie aux grâces naïves de l’enfance. Lorsqu’un adulte est traité de naïf, il reçoit la posture d’un incapable mental toujours dupé par les autres, d’un pauvre d’esprit.
Ce traitement est inacceptable parce qu’il traduit dans un premier temps le rabaissement du peuple camerounais qui aurait élu un simple d’esprit, un incapable mental. Il faut insister sur cette notion d’incapacité mentale en rapport avec le terme »naïf » pour comprendre l’introduction du tweet de Cabral évoquant l’âge de son détracteur; car les séniors sont plus exposés à la défaillance mentale que les jeunes normalement nés.
En dehors du fait que les Camerounais ne peuvent pas être rabaissés à ce point, eux qui ont élu leur représentant au parlement, l’homme Cabral Libii est à l’antipode de la naïveté.
En effet, Cabral Libii construit quotidiennement une trajectoire de haute élite, notamment sur le plan intellectuel. De lui, on peut affirmer avec aisance que » pour les âmes bien nées, la valeur n’attend pas le nombre des années », car pour faire son portrait psychologique, il faut commencer par ces valeurs :une intelligence débordante, une culture de noblesse qui privilégie l’humilité et la bienséance, une proactivité redoutable, une érudition appropriée, une expression qui donne le mot juste dans une énonciation limpide.
Il fait donc partie du puzzle qui constitue l’énigme de la société rêvée pour l’alternance. Les Camerounais rêvent d’une société juste qui accorde une place de choix à l’humain, une société différente de celle qui prône la facilité et la perversion des mœurs comme boussole d’orientation pour notre jeunesse.
En réalité, avant l’année 2018, personne n’attaquait ce jeune homme politique. Personne n’imaginait qu’il allait un jour inculquer aux autres jeunes le courage d’oser dire »non » à l’itinéraire tracé par certains aînés, itinéraire qui est à l’origine de leur déviance ou de leur capitulation ,à savoir que pour percer dans la société, quel que soit le domaine, il faut avoir un parrain parmi ceux qui croient être incontournables.
Ah, le parrainage, les réseaux et toutes les monstruosités ! Et notre jeunesse perdue, ne sachant à quel saint se vouer, tiraillée entre l’exil et la perversion, se réfugiant dans la drogue et la criminalité. Nous les séniors, de tous les étages en âge, 50,60,70,80,90,100, devons arrêter de matraquer ceux qui constituent notre relève.
Il est demandé dans les saintes écritures que les jeunes doivent respecter les parents mais que les parents ne doivent pas irriter leurs enfants.
En 2018, saisissant l’appel du chef de l’État qui demandait aux jeunes d’oser, comme une blague pour certains, Cabral Libii affronta l’élection présidentielle sous la raillerie des séniors très expérimentés, très connus, très nantis, très, très très…
Sur les plateaux de télévision, beaucoup de prétentieux, parmi ceux qui détiennent la clé de tout, au même titre que Dieu, furent humiliés en mondovision. Comble de leur humiliation à la fin de la course, celui qui est sorti de nulle part, avec des poches vides, marqua l’histoire en s’inscrivant dans la »shirt list » des Camerounais ayant atteint au moins un taux de 5% à une élection présidentielle depuis l’avènement du multipartisme dans les années 90 au Cameroun. Ils ne sont que cinq au total: Paul Biya, Ni John Fru Ndi, Bello Bouba Maigari, Maurice Kamto et le jeune Cabral Libii.
Juste après cette élection, il a tenté en vain de créer un parti politique. Mais justement, parce qu’il est très éloigné de la naïveté, il leur a sorti, à la surprise générale, un plan B qu’il gardait dans un de ses tiroirs intellectuels.
Cinq mois seulement après qu’il avait été élu à la tête du Parti Camerounais pour la Réconciliation Nationale (PCRN), il les surprendra avec une autre carte: 5 députés, 8 mairies, près de 300 conseillers municipaux, défiant alors les pronostics de ceux qui détiennent toute la connaissance dans le domaine politique, à travers l’histoire expérimentale, comme unique source des savoirs.
Émile Zola a transposé la méthode des sciences expérimentales en littérature pour expliquer le comportement des hommes dans la société du Second Empire. Après avoir constaté que seuls deux éléments expliquent le comportement des hommes, à savoir le milieu et l’hérédité, il a tout de même reconnu que cette méthode est justifiée à 65%, mais qu’il y a une portion de plus de 35% où la raison et l’expérience abdiquent.
Quand l’humain fait face à cette portion, qu’il ne parvient pas à expliquer, ou alors, quand il croit avoir réussi à tout bloquer face à ceux qui tracent leur propre trajectoire, il devient agressif, intolérant, et dangereux. Cette intolérance naît de l’égoïsme et de l’orgueil humains.
Les étoiles (pour emprunter l’expression de Charly Gabriel Mbock), sont généralement combattues dans une société où des clans veulent ériger la tricherie, la corruption et la perversion générale des mœurs pour la promotion des jeunes.
Beaucoup se sont exilés, d’autres ont connu la dépression. Certains ont choisi le nihilisme. Il s’agit là d’une réalité qui guette les jeunes.
Le matraquage va certainement atteindre son pic dans les prochaines années. Au début, ce matraquage se faisait presqu’exclusivement par des jeunes ayant reçu une sorte de lavage de cerveau par ceux qui les utilisent. Ces jeunes sont chargés de faire le sale boulot à la place de leurs patrons qui tirent les ficelles dans l’ombre, et par d’autres jeunes complexés.
Cabral n’est pas la seule cible qui gêne ce cercle de destruction. Mais son parcours politique esquissé plus haut est considéré comme un affront pour certains qui, depuis des décennies, s’agitent, se compromettent, mais tournent toujours en rond.
Maintenant que les aînés commencent à faire des sorties incendiaires, Cabral doit, en plus de résister moralement, s’appuyer sur Dieu pour que ce dernier accomplisse ce qu’il a programmé pour lui.
Je souhaite à Honorable Cabral Libii beaucoup de courage, beaucoup de détermination et beaucoup de succès sur la route rocailleuse qu’il est en train de traverser.
Pr Alice Delphine TANG
-Professeure titulaire des universités
-Directrice de la collection »FEMMES ET SAVOIRS » à l’Harmattan Paris
-Vice-présidente en charge des Droits de l’homme, du genre et des minorités du PCRN.