L’auteur de «Coller la petite» s’exprime sur le caractère obscène attribué à ce tube par une partie de l’opinion publique.
Votre chanson «Coller la petite» fait un véritable carton dans le pays, trois mois après sa sortie. Quelle appréciation portez-vous sur ce succès spontané et tous azimuts?
Je ressens naturellement de la fierté, mais de la joie également de savoir que le travail que je fais depuis de nombreuses années est aujourd’hui reconnu dans tout le Cameroun. Ce que les gens doivent savoir, c’est que je ne suis pas tout-nouveau dans la musique. J’ai sorti mon premier album intitulé «C’est le rap que tu veux voir» en 2012. Le single «Coller la petite», lui, vient annoncer un autre album dont la sortie est prévue dans les prochains mois.
Quel message transmettez-vous à travers cette chanson?
Dans «Coller la petite», je demande aux mecs qui vont dans des fêtes de s’éclater lorsqu’ils y sont. Parce qu’on ne va pas dans une fête pour jouer les rabat-joies ou pour plomber l’atmosphère. Quand on est dans une fête, il faut s’éclater et on le fait naturellement avec une cavalière qu’on colle.
Pourtant, une bonne partie de l’opinion publique trouve les textes et même le clip de cette chanson obscènes…
Je ne sais pas si c’est de la même chanson dont ces gens parlent. Si oui, je les invite à la réécouter parce que je ne pense pas avoir un seul instant parlé de sexe dans ma chanson. «Coller la petite» est pourtant très simple à comprendre. Je m’explique : Je suis dans une fête et dans un cadre bien déterminé. Je demande aux gens qui sont dans la salle de coller leur cavalière dans ce même endroit et non entre les quatre murs d’une chambre. Je ne leur demande pas d’aller prendre une chambre d’hôtel ou quoi que ce soit qui pourrait ressembler à un appel à aller coucher ensemble. Moi, j’exhorte les cavaliers à choisir leur cavalière puis à danser. Point barre ! Je suis un artiste qui a le respect de l’éthique et de la morale. Quand j’écris des textes, j’essaie toujours de me mettre à la place de ceux qui vont les écouter en chansons. De ce fait, si «Coller la petite» avait un tout petit peu d’obscénité, je vous assure que je ne l’aurais pas sorti. Je pense plutôt que ce sont des gens qui essaient de détourner les sens du message que je transmets dans ma chanson, pour en faire une image de promotion de sexe.
Et pour ce qui est du clip que certains estiment contenir des images un peu trop sensuelles…
Honnêtement, je ne vois toujours par de déviance morale à ce niveau. Même dans cette vidéo, nous sommes restés dans un contexte de fêtes telles qu’on les vit tous les jours. Dans les fêtes, on danse et les filles ont des tenues plus ou moins provocantes. Juger ce clip trop sensuel me rend donc perplexe parce qu’il n’a rien de différent que ce que nous vivons au quotidien. En tant qu’artiste, et tenant compte de ma qualité de «miroir de la société», je ne pense pas être sorti du cadre de ce qui existe déjà.
Après «Coller la petite», à quel genre de chanson le public doit-il s’attendre ?
Les gens qui me suivent depuis savent que je suis quelqu’un de socialement engagé. En sortant «Coller la petite», j’ai voulu, pour une fois, faire danser mon public. Les gens ont toujours tendance à penser que l’artiste doit toujours moraliser. C’est partiellement vrai. J’ai eu à le faire par le passé et, cette fois-ci, j’ai décidé d’égayer mes fans. Vous comprenez donc qu’après «Coller la petite» il y aura des chassons qui n’auront rien à voir avec la danse forte parce qu’à la base, je suis un artiste qui dénonce. A 80%, je suis quelqu’un de socialement engagé.
© Entretien avec Franck Evina, Mutations