Par correspondance le 22 avril 2021, le ministre de la Justice (Minjustice), Laurent Esso, demande au secrétaire général de la présidence de la République, Ferdinand Ngoh Ngoh, de lui « faire parvenir les pièces d’investigations de la haute juridiction, non jointe à votre correspondance ».
Ces éléments auraient pourtant dû se trouver dans le rapport de la Chambre des comptes de la Cour suprême devant servir de base à l’« enquête judiciaire contre les auteurs, coauteurs et complices des cas de malversations financières », qu’aurait instruite le président de la République, selon une autre correspondance du SG/PR datée du 6 avril. Dans son courrier, Ferdinand Ngoh Ngoh affirme pourtant avoir joint une thermocopie de ce rapport.
Mais d’après des sources internes, citées par nos confrères de la SBBC, jusqu’à date, la juridiction des comptes n’a pas encore bouclé son rapport. Tout au plus, pressée par la présidence de la République, « elle a produit un rapport d’étape qui recense les observations préliminaires, n’ayant même pas fait l’objet d’un débat contradictoire avec les mis en cause », assure une source judiciaire à nos confrères.
Au moment où il obtient le financement du Fonds monétaire international (FMI) pour la lutte contre la pandémie de Covid-19, le Cameroun s’est engagé à commander un audit indépendant des dépenses liées au Covid-19 et à le rendre public. Mais cet engagement n’est toujours pas satisfait.
Sous la pression des bailleurs de fonds, le gouvernement tente de faire intervenir le Contrôle supérieur de l’État (Consupe). Aussi, le Ferdinand Ngoh Ngoh écrit le 29 mars au Consupe : « J’ai l’honneur de vous répercuter les hautes directives du chef de l’État, vous prescrivant de faire accélérer la mission d’audit des fonds Covid dont le rapport faciliterait la conclusion avec le FMI d’un nouveau programme économique et financier ».
Sauf que, fait observer cette démarche ne peut pas prospérer. D’abord parce que les bailleurs de fonds ne considèrent pas le Consupe comme un auditeur indépendant. Ensuite, la mission d’audit du Consupe ne concernerait que le ministère de la Santé qui a géré 45,6 milliards de FCFA sur les 180 milliards dédiés à la lutte contre la pandémie et repartis entre une vingtaine de ministères.