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[Tribune] Cyrille Sam Mbaka : « L’alternance est une oxygénation pour un pays »

Cyrille S Mbaka

Dans une tribune publiée le lundi 14 juin 2021, l’homme politique analyse la situation socio-économique et sécuritaire du Cameroun. Il arrive à la conclusion que c’est un problème d’absence d’alternance. « Comme on le voit donc, l’alternance est une respiration démocratique. C’est une oxygénation pour un pays. L’alternance permet le renouvellement des équipes, de donner une nouvelle impulsion. De nouvelles orientations. Du sang neuf », écrit le militant de l’AFP.

Cyrille S Mbaka
Cyrille Sam Mbaka, Homme politique à l’AFP – capture photo

Lebledparle.com vous propose l’intégralité de la tribune.

Cameroun : Le vers est dans le fruit.

A l’époque bénie des Lions Indomptables, le Cameroun était le Panthéon du football africain. Toute une époque. Si proche et si loin.

Tous ces joueurs devenus mythiques sont notre fierté. Ils ont porté haut les couleurs nationales malgré des primes non versées et malgré la cohorte de rapaces qui profitaient de l’aubaine pour leur tailler des croupières.

Un voile pudique a couvert toutes ces turpitudes. La victoire était si belle.

Le Cameroun s’est enivré de lui-même et a fait l’économie de son examen de conscience.

Pourquoi tant de nos compatriotes et une partie de notre jeunesse croient désormais trouver ailleurs des raisons d’espérer et de se construire un avenir?

Pourquoi ce pays, le nôtre donne-t-il le sentiment d’être confisqué?

Des Camerounais à part entière et des Camerounais entièrement à part.

Les journaux commentent à satiété la mal gouvernance. Pas un jour sans son lot de révélations fracassantes sur des détournements de fonds publics, des enrichissements illicites, des marchés fictifs, des prévarications ou des passe-droits.

Un scandale chasse l’autre.

Rien ne change. Pire. Ça continue. Ça perdure.

Ne cherchons pas ailleurs la cause de nos malheurs.

Nous avons commenté à suffisance le pouvoir clivant de Donald Trump et son unilatéralisme. Ce rapport de force en toutes circonstances et le refus entêté de tenir compte des autres.

Cette volonté de s’asseoir sur des conventions internationales que ses prédécesseurs avaient pourtant signé et qui engageaient son pays à défaut de l’obliger.

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Même son départ de la Maison Blanche a été un psychodrame.

Songez s’il avait fait un second mandat…La face du monde en aurait été modifiée.

Imaginons un instant, un seul instant que Donald Trump ait été un chef d’État africain. Un Président démocratiquement élu à vie. Le pouvoir confisqué par son parti, son clan, sa famille. Le bonheur.

Le départ de Donald Trump a été vécu comme un soulagement par ses alliés européens.

Fini son unilatéralisme et son fameux Make America Great Again abrégé MAGA emprunté à Ronald Reagan lors de son élection en 1980.

Comme on le voit donc, l’alternance est une respiration démocratique. C’est une oxygénation pour un pays.

L’alternance permet le renouvellement des équipes, de donner une nouvelle impulsion. De nouvelles orientations. Du sang neuf.

Le changement évite aux hommes et aux institutions de se scléroser.

Et ce n’est pas une question d’âge.

L’arrivée de Joe Biden a été suivie avec curiosité. Un demi-siècle de carrière politique. Le plus vieux président de l’histoire des États-Unis. Et pourtant.

L’homme surprend son monde et prend tout le monde de cours.

Fini le Trumpisme et son unilatéralisme.

Jo Biden veut « rassembler les démocraties du monde autour de l’Amérique..». Rassembler et non plus diviser.

Il jette les bases du multilatéralisme. Un genre de New Deal politique.

Au sommet du G7 en Angleterre il a fait des annonces qui nous concernent et nous laissent admiratifs.

Les Etats-Unis vont acheter 500 millions de doses de vaccins de Pfizer-Bio Tech contre le Covid-19 pour les distribuer gratuitement à des pays pauvres.

Il a par ailleurs exhorté l’Union européenne à se montrer généreuse et à lui emboîter le pas. Quel changement! Jusqu’ici on avait vu que la montée des tensions et des égoïsmes.

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« America is back.. »

La sécurité sanitaire du monde préoccupe Jo Biden.

Nous sommes tous dans ce village planétaire.

C’est à ces gestes forts qu’un leadership se dessine et qu’une personnalité entre de son vivant dans l’histoire.

Et pendant ce temps que faisons-nous?

« La maison commune brûle et nous détournons les yeux.. »

La crise anglophone a été une étincelle qui ne cesse d’embraser une partie de notre pays.

Au départ une simple  revendication des hommes en robe. Une manifestation des avocats, sévèrement réprimée.

Force doit rester à la loi. On a vu. Et on s’interroge toujours.

Quatre après où en sommes-nous?

Des destructions massives. Des morts parmi les forces de l’ordre et chez les rebelles. Les civils paient un lourd tribut. Beaucoup de déplacés. C’est l’enlisement.

S’il n’y avait que cette crise.

L’organisation ratée de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) a donné lieu à des détournements sans précédent.

L’argent du Covid-19 idem. Évaporé.

Que vaut la vie d’un Camerounais?

Pourquoi faut-il toujours tendre la main?

Les thuriféraires du régime et tous les va-en-guerre sont tentés de faire du conflit anglophone un fond de commerce. Et des raisons de se repaitre sur la bête.

Pourquoi tant de nos compatriotes ne pensent plus  qu’à s’expatrier?

A qui appartient ce pays? Avons-nous toujours des raisons de croire en nous et d’espérer?

Nous regardons passer le train des réformes ailleurs et nous nous contentons de commenter, de nous égosiller, d’admirer et de regretter. Pourquoi sommes-nous hors course à chaque compétition?

Où est passé l’esprit des Lions Indomptables? A quand un sursaut d’orgueil patriotique?

Cyrille Sam MBAKA

Homme Politique à l’AFP


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