Dans « Fifagate ». Comment le Qatar a fait exploser le système Blatter», deux journalistes de France football reviennent sur le scandale qui secoue l’instance mondiale du ballon rond.
Le tumulte que traverse la Fédération Internationale de Football Association est désormais consigné dans un livre. Deux journalistes du magazine France football, Philippe Auclair et Eric Champel viennent de faire publier aux éditions Michel Lafon un livre intitulé «Fifagate. Comment le Qatar a fait exploser le système Blatter».
Dans le document de 344 pages, paru en août 2015, les auteurs remontent aux origines de la crise actuelle. Le quotidien Le Jour qui a parcouru l’ouvrage, propose à ses lecteurs une note de lecture dans son numéro au 26 novembre 2015. On apprend ainsi que «le scandale qui ébranle la Fifa depuis quelques mois remonte en réalité au jeudi 2 décembre 2010. Ce jour-là, driblant tous les pronostics, le comité exécutif décide d’attribuer l’organisation de la Coupe du monde 2022 au Qatar. Avec 14 voix contre huit pour les Etats-Unis, ce minuscule émirat pétrolier du Golf remporte l’organisation d’une compétition convoitée par les plus grandes nations de football. Le choix du Qatar par certains membres du comité exécutif de la Fifa est loin d’avoir été sain».
Dans leur livre-enquête, les deux journalistes démontrent comment les Etats-Unis se sont sentis humiliés après cet échec considéré comme un affront. C’est ainsi, écrit Le Jour, que «L’Oncle Sam se sent humilié et décide de mettre tous ses services -dont le redoutable Fbi- à contribution pour savoir ce qui a bien pu pousser, même des gens comme Michel Platini, qui avait promis son vote aux Américains, à se rebiffer».
Les USA mettent ainsi en branle leurs services, afin de mettre à nu les basses manœuvres qui accompagnent la prise de décision par les responsables de la Fifa. «Pendant quatre ans, la police américaine enquête et rassemble des charges contre quelques barons de la Fifa. Le 27 mai 2015, coup de tonnerre: la police suisse, presque sous la dictée de la justice américaine fait une descente au luxueux hôtel Baur, à Zurich en Suisse, où sont logés quelques responsables de la Fifa. Six parmi eux sont ôtés de leur sommeil et interpellés. L’acte d’accusation du procureur de Brooklyn, fort de 160 pages est particulièrement accablant. Ils sont soupçonnés d’avoir perçu des pots-de-vin de 151 millions de dollars pour l’attribution des Coupes du monde 1990 et 2010. Pour la justice américaine, c’est tout le système, sur plusieurs générations qui est gangréné par la corruption», écrit notre confrère.
Après leurs recherches, les auteurs du livre affirment que le Qatar a été choisi parce que «l’émirat pétrolier a ouvert son prodigieux porte-monnaie pour arroser la galaxie du football. Avec un budget estimé à 33,75 millions d’euros rien que pour l’année 2010, le Qatar avait largement de quoi payer. La stratégie qatarie a consisté à acheter des têtes couronnées du football pour en faire les ambassadeurs de sa candidature. Zinedine Zidane a empoché 30 millions d’euros. D’autres vedettes sont passées à la caisse pour des sommes qui oscillent entre 10 et 30 millions. On cite Gabriel Batistuta, Pep Guardiola, Ronald de Boer,etc. Roger Milla l’Africain est le moins bien payé de toute la bande. Mais suffisant pour que le vieux Lion se lèche les babines», rapporte Le Jour.
Si ces anciennes gloires du ballon rond n’ont pas joué un rôle dans la «magouille», d’autres acteurs de poids sont en revanche impliqués dans le scandale. Le journal cite «l’Ivoirien Jacques Anouma, le Nigérian Amos Adamu, le Camerounais Issa Hayatou, qui jure avoir reversé sa part dans les comptes de la Caf, etc. A la manœuvre, l’ancien président de la confédération asiatique de football, Mohamed Bin Hamman qui, selon les auteurs, a distribué environ 5,2 millions d’euros de pot-de-vin à des membres de fédérations africaines et asiatiques».
Concernant Michel Platini, «un temps présenté comme le chevalier blanc de ce milieu pourri du football, il apparait entre les lignes qu’il n’est finalement pas si blanc que cela. Après avoir promis son vote aux Etats-Unis, c’est finalement à Doha qu’il a donné son bulletin (…) L’on apprendra par la suite que Laurent Platini, le fils du président de l’Uefa travaille depuis 2011 pour la branche Europe de Qatar Sports Investment (Qsi)» écrit le quotidien privé.