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[Tribune] Cyrille Sam Mbaka : « La guerre du Noso, un fond de commerce dangereux »

CS Mbaka

L’homme politique a publié une tribune sur la crise socio-politique au Nord-Ouest et Sud-Ouest. Il pense que c’est un fond de commerce dangereux qui peut couter plus chère au Cameroun avec d’autres maux qui minent le pays. Il attire l’attention des gouvernants.

CS Mbaka
Cyrille Sam Mbaka, Homme politique à l’AFP – capture photo

Lebledparle.com vous propose le texte intégral.

Cameroun: La Guerre Du Noso, Un Fond De Commerce Dangereux.

A notre frontière, le Nigeria. Quand tout allait bien, c’était un pays frère.

Cette expression est de moins en moins de saison. Et pourtant. Nos frontières restent poreuses.  Entre les deux pays, il existe des solidarités villageoises aimantées par la religion, l’islam. Au nom de Dieu tout puissant.

Entre le Cameroun et le Nigeria, il y a une histoire commune et des similitudes. Parfois dangereuses.

Dans notre enfance, il y a cinquante ans, nous avons entendu parler du conflit au Biafra.

Entre 1967 et 1970, cet État situé dans la partie sud-est de ce vaste pays continent avait voulu faire sécession aiguisé par la richesse de son sous-sol, qui ruisselait de pétrole.

On se souvient du titre d’un livre, « Tuez-les tous.. »

On se souvient des images effroyables d’enfants souffrants de malnutrition au vendre ballonné et au regard perdu. Des victimes expiatoires ou collatérales d’un conflit qui les dépassait.

On se souvient de ces effroyables tueries qui ont saigné à vif le peuple igbo et fait un à deux millions de morts.

On se souvient de la tentative de sécession de la République du Biafra avec à sa tête un jeune officier de 33 ans, Emeka Odumegwu Ojukwu.

On disait plus familièrement, le lieutenant Ojukwu.

En face de ces combattants  en guenilles, une armée fédérale équipée et sur-entraînée.

Trente mois auront suffi pour venir à bout de ces « va-nu-pieds ».

Le pouvoir central pouvait exulter dirigé par Yakubu Gowon et l’aide de son pays frère le Cameroun qui n’avait pas permis que notre pays serve de base arrière aux sécessionnistes.

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Il n’empêche.

Entre le Cameroun et le Nigeria, il y aura le conflit de la presqu’île de Bakassi.

Une zone riche en ressources halieutiques et dont le sous-sol regorge de pétrole.

Un conflit frontalier inter-étatique (1994/2008) et l’occupation de fait de la péninsule par la puissante armée nigériane.

Un conflit qui trouvera sa résolution devant la Cour Internationale de Justice (CIJ) de la Haye.

En 2002 elle indique que Bakassi appartient au Cameroun.

Que devient cette péninsule aujourd’hui?

Qui pêche le poisson dans cette zone?

Qui  exploite le pétrole par des pipe-lines?

Le Nigeria est coutumier du fait.

Ce pays a connu des soubresauts sanglants dont le plus tristement célèbre avec Boko-Haram.

Au nom de Dieu tout puissant.

Ce groupe sunnite pour la prédication et la guerre sainte, le Djihad, est un mouvement insurrectionnel d’idéologie salafiste.

Les spécialistes le diront mieux que moi.

Surgit en 2002, Boko Haram est surtout réputé pour ses actions d’éclat qui ciblent particulièrement les lycées et les écoles, les églises aussi. Enlèvements, rapines, attentats contre des chrétiens considérés comme des mécréants.

Le décombre est macabre.

Curieusement, le pouvoir central ne parvient toujours pas à venir à bout de ces extrémistes. A se demander pourquoi.

Pourquoi cette guerre asymétrique perdure? A qui profite le crime?

Les présidents se succèdent. Un militaire remplace un autre voire un civil au sommet de l’Etat.

Mais sur le terrain, rien ne change.

C’est toujours la désolation, des destructions, des déplacements de population, la misère.

Les dépenses militaires sont vertigineuses sans que les journaux en fassent toujours le décompte précis.

A croire qu’il y a une collusion d’intérêts pour que perdure ce conflit.

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Est-il entretenu à petits feux?

Tout ceci se passe non loin de chez nous.

Et désormais, nous assistons interloqués aux miasmes de ces fous de dieu qui essaiment dans notre pays et  font des émules.

Le cortège « des morts pour la patrie. » s’allonge.

Des soldats paient de leur vie et font le sacrifice ultime.

Les incursions de ce groupe armé se multiplient sans que les journaux en fassent toujours le décompte précis.

Notre pays se déstabilise. Petit à petit.

Au nom de la sécurité nationale, au nom de notre souveraineté qui sont sacrées les dépenses militaires atteignent des sommets. Secret d’Etat.

A cela s’ajoute un autre conflit, camerouno-camerounais. Celui du Noso.

Des attentats ont lieu contre des civils. Des enlèvements aussi.

Ne restent plus que la réclamation de rançons pour qu’une spirale dangereuse et incontrôlable se mette en place.

Jusqu’à quand?

Pourquoi les pouvoirs en place qui disposent des moyens régaliens n’arrivent pas à bout de Boko Haram?

Comment des va-nu-pieds peuvent-ils à ce point défier l’autorité de l’Etat et sa puissance?

Pourquoi cette guerre larvée et asymétrique selon l’expression des experts perdure?

Pendant ce temps, la question du développement qui taraude nos populations est mise sous le boisseau.

Ce qui est dépensé militairement ne l’est pas pour le développement économique.

Il y a des priorités.

Il y a des choix à faire. Douloureux.

Et quand vous ajoutez à cela la corruption endémique et généralisée, la mal gouvernance, la concussion et l’impunité. Comment voulez-vous que ce pays, le nôtre sorte de l’ornière?

Tout se tient.

Cyrille Sam MBAKA

Homme politique

 


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