C’était dans le cadre du programme audiovisuel Girlz Off Mute, lancé par le médial allemand Deutsche Welle.
En décembre 2020, la branche africaine du média allemand Deutsche Welle a commencé à diffuser un programme baptisé Girlz Off Mute. Lancé par le ministère fédéral des Affaires étrangères d’Allemagne, ce projet a pour principal but de donner la parole à des jeunes filles africaines âgées de 13 à 16 ans, afin qu’elles parlent librement des problèmes qu’elles rencontrent dans leur quête d’indépendance et d’autodétermination.
Ce mois, c’est la reporter en herbe Lum Precious qui est allée à la rencontre de plusieurs de ses camarades, qui comme elles, sont scolarisées dans la ville de Bamenda, embourbée dans la crise sécuritaire qui secoue les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.Ces dernières ne peuvent plus aller à l’école librement en raison des menaces de mort lancées par les sécessionnistes aux élèves qui s’y hasarderaient. Elles invitent donc le gouvernement à faire plus d’efforts pour régulariser leur situation.
«Ce qui me fait le plus peur quand je vais à l’école ce sont les kidnappings. Mais il y a également les coups de feu qui résonnent parfois sans que l’on sache très exactement où ils proviennent. Le matin il n’y a presque pas de taxis qui circulent dans la ville et on arrive très souvent en retard à l’école», affirme Mokum Favour, une lycéenne de 17 ans, en classe de terminale. Elle avoue que cette situation a considérablement affecté ses résultats scolaires. Car, en raison de ce danger permanent, elle n’arrive plus à bien se préparer pour les examens officiels.
«Quand tu es un élève de terminale et que tu dois affronter les épreuves du baccalauréat à la fin de l’année, tu dois être en classe pour pouvoir assimiler les leçons et espérer de bons résultats lors de l’examen. Parce que c’est un examen national et on ne va pas nous favoriser parce que les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest sont en crise. Ici à Bamenda, il est difficile d’aller à l’école tous les jours, ce qui constitue un frein à notre éducation», a-t-elle ajouté.
Quant à sa camarade Suh Prima, 16 ans, elle aimerait aller à l’école comme les élèves scolarisées dans les régions francophones.
« Je veux aller à l’école, vêtue de mon uniforme scolaire comme les élèves des régions anglophones. Mais pour le moment c’est impossible. Je dois empaqueter mes cahiers et mes livres dans des papiers pour ne pas être repérée et aller à l’école la peur au ventre. Je pense que le gouvernement doit urgemment faire quelque chose pour nous»
Depuis bientôt 5 ans, les deux régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest sont en proie à un conflit sanglant entre de groupes armées séparatistes qui réclament l’indépendance des deux régions suscitées, et l’armée régulière. Le conflit a déjà fait plus de 1000 morts et plus de 500 000 déplacés.