Le Sommet France-Afrique continue d’alimenter les débats dans l’espace médiatique national et continentale. Tandis que le Pr Achille Mbembe essuie des remontrances concernant ses initiatives prises à cet égard, Dieudonné Essomba, dans une publication faite ce 11 octobre 2021, propose que les critiques soient constructives.
De la critique compulsive là où on attend des projets !
S’il y a quelque chose qui caractérise l’intellectuel africain en général et camerounais en particulier, c’est la tendance à monter sur ses grands chevaux et à critiquer violemment les initiatives des autres, sans pour autant promouvoir des alternatives viables.
Les relations entre la France et les pays africains illustrent cette situation à merveille ! Tout ce qui est entrepris dans ces relations est perçu de manière négative et critiqué avec emphase et excès. Les relations néocoloniales, la soumission des dirigeants, le mépris de la France, tout y passe !
Si le Président français rencontre les Présidents africains, cela est perçu comme un signe de mépris extrême ! Maintenant, s’il se ravise et engage plutôt des discussions avec la Société civile, c’est toujours la même frénésie dans la dénonciation !
Si jamais, cette France arrêtait ces rencontres, les mêmes Africains hurleraient encore plus fort, à l’abandon honteux de la France, après avoir dérobé les ressources de l’Afrique !
Pourtant, dans ce flot de critiques, personne ne peut vous présenter un projet alternatif fiable de coopération entre la France et nos pays. Face à la France, qu’est-ce qu’on fait ? Le tout n’est pas de passer son temps à aboyer ! Il faut proposer une démarche nouvelle plus satisfaisante !
Le problème ici n’est pas dans la pertinence de ces sommets. En tout état de cause, ils sont organisés par la France, avec les fonds de la France et dans l’intérêt de la France. Et personne ne fera aucun reproche à la France d’agir pour ses intérêts.
La question fondamentale est que face à cela, qu’est-ce que nous faisons ? C’est bien beau d’aboyer sur la France, de traiter Achille Mbembe de traitre, de pourfendre nos dirigeants incompétents. Mais la question reste : qu’est-ce qu’on fait ?
Dans ma carrière d’Economiste et de fonctionnaire, j’ai appris une chose : tout ce qu’on fait est critiquable. Mais une critique n’a de sens que si elle s’accompagne d’un projet alternatif plus efficace.
Si vous n’avez pas d’alternative, votre critique ne vaut rien.
Il en est ainsi de la situation particulière du CFA qui est devenue la bête noire de tous les anticolonialistes. Oui, personne ne doute des limites du CFA : c’est une monnaie contraignante qui a tendance à étrangler nos Economies.
Le problème n’est donc pas là ! Le problème ici est qu‘on le remplace par quoi ?
Et c’est là que tout se corse !
Car, tous ces pourfendeurs sont absolument incapables d’élaborer un système monétaire alternatif qui évite les contraintes imposées par le CFA, sans toutefois nous conduire à d’autres dysfonctionnements infiniment plus graves.
On peut à la limite tolérer des critiques de l’homme de la rue. Mais quand des intellectuels en viennent à un concert de condamnations systématiques de toutes les initiatives, sans le moindre projet alternatif, il y a quelque chose qui ne va pas !
Et c’est justement cela que j’ai toujours dénoncé : la tendance à masquer une profonde impotence intellectuelle derrière des mots creux et des critiques compulsives !
Dieudonné Essomba