Des expressions en vogue au cours d’une période que l’on a cru définitivement emportée dans l’effondrement des bases idéologiques de la guerre froide. Il faut avouer que la mondialisation alors émergente avait un temps laissé entrevoir la possibilité d’un rééquilibrage des relations entre les pays développés du Nord qui dictaient les termes des échanges, et les pays moins nantis du Sud considérés comme étant de simples réserves de matières premières.
Mais pour avoir jamais existé, le nouveau monde tant espéré ne l’aura été que le temps d’un rêve vite évanoui avec la résurgence d’anciens réflexes de domination et d’accaparement, piliers sur lesquels se seront bâties richesses, puissances et notoriétés.
L’on comprend dès lors qu’il ait paru suicidaire aux maitres d’hier de renoncer aux privilèges conférés par une position avantageuse.
La brutalité des secousses sociopolitiques et sécuritaires ressenties sous nos latitudes est en effet le contrecoup du sursaut de l’Occident, désormais résolu à reconstituer son empire de jadis sur lequel le soleil ne se couchait jamais.
Et pour avoir eu le tort de prétendre à l’émancipation, en prenant des voies autres que celles tracées pour notre bien par d’anciennes suzerainetés, il convient pour nous de nous préparer à affronter les pires persécutions, et aucune ne nous sera épargnée.
Machine militaires, appareils judiciaires, conglomérats des affaires, système financier, lobbies de pression et sphère médiatique sont quelques-uns des moyens mis en œuvre par les nostalgiques d’un passé colonial désormais réémergent.
À la différence que le missionnaire et le commerçant étrangers auront été remplacés par le fondamentaliste et le séparatiste de couleur locale, l’un et l’autre se passant pour dépositaires et perpétuateurs de cultures héritées de la colonisation.
Ici se trouve la racine de nos malheurs, pendant que se révèle le secret du repli stratégique opéré par les puissances dominantes d’hier. Avant de partir, elles se seront assurées de laisser derrière elles des mentalités obséquieuses qui à force d’endoctrinement, auront perdu jusqu’à l’idée d’une personnalité qui leur soit propre. Ne parlons même pas du vol des intelligences pudiquement appelé fuite des cerveaux.
Toujours est-il que les racines ancestrales sont coupées, les histoires séculaires effacées le tout au profit de vaines et dégradantes allégeances à des lignées occidentales ou orientales. Un regard sur les mobiles allégués des actuelles conflictualités dans nos pays, permet de se rendre compte de l’absence d’endogénéité, autant dans les récriminations que dans les solutions proposées par les instigateurs de la fracturation de nos sociétés et de nos États.
La porte est ainsi comme qui dirait ouverte à toutes les fenêtres, c’est-à-dire à toutes les intrusions. Du pain béni pour les compétiteurs majeurs de la scène mondiale, qui ne se privent guère d’accuser, d’imputer, de sanctionner et d’intervenir, dans le seul but de retrouver leur chasse gardée. Mais l’erreur stratégique qu’ils ont commise tout ce temps, c’est de nous avoir enseigné leur manière à eux de lier le bois au bois. À nous de savoir l’intégrer dans nos propres ressorts culturels pour nous éviter de devenir des victimes consentantes du renouveau colonial.