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Qui est James BKS, le fils de Manu Dibango, qui a presté à la cérémonie de clôture de la CAN 2021

James bks

Alors qu’il n’avait jusqu’ici jamais foulé le sol du pays de son feu père Manu Dibango, James BKS a été l’un des artistes invités à prester à la cérémonie de clôture de la Coupe d’Afrique des Nations le 6 février 2022 au Stade Olembé de Yaoundé. Peu connu du public, le patron du label « Grown Kid » s’est confié à la presse au soir de cette performance fort appréciée.

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James BKS (c) Droits réservés

Au cours d’un échange avec les hommes de médias à Yaoundé le 7 février, James BKS a fait plusieurs révélations sur sa carrière d’artiste, sa rencontre avec son père, et sa volonté de retourner sur sa terre natale.

Une carrière jeune, mais très riche…  

Âgé seulement de 33 ans, James cotoie les milieux de la musique depuis 2005 avant de faire la rencontre de son père biologique, Manu Dibango. Avant de se lancer dans une carrière solo, il a travaillé avec plusieurs artistes de classe mondiale, à l’instar de Snoop Dogg, Akon, Puff Daddy… Sur le marché du disque, l’artiste a déjà publié 4 sigles à succès. Dans la foulée, il annonce la sortie son tout premier album baptisé «Wolves of Africa». Le projet est un savant mélange qui puise dans du Kusema, du Bikutsi, du Rap, voire de l’Afrobeat.

La rencontre d’avec son père, Manu Dibango…

Lors que James BKS parle du saxophoniste qui fut son père, il ne manque pas de mots. «J’ai commencé la musique relativement tard. Quand ma mère a vu que je prenais ça au sérieux, c’est en ce moment-là qu’elle m’a annoncé qui est mon père et j’ai fait un blocage total. Les retrouvailles avec mon père m’ont permis d’être complet en tant qu’homme. C’était quelqu’un d’incroyable. C’est quelqu’un qui m’a beaucoup appris sur moi-même. C’est quelqu’un qui m’a appris qu’il faut toujours mettre l’instrument avant le musicien, avant l’artiste même… c’est une fierté de savoir que mon père était une encyclopédie », confie-t-il.

Manu Dibango un modèle de réussite pour James BKS

C’est avec émotion que l’artiste parle de ses derniers moment avec son père qu’il présente comme un modèle pour d’humilité : «Je me rappelle de ses derniers moments de vie. J’allais chez lui pour partager des moments de musiques. Ce qui m’a le plus frappé chez lui c’était sa discipline. Quatre-vingt ans et plus, je voyais un homme chez qui je débarquais, il continuait à réviser ses gammes comme s’il y avait encore quelque chose à prouver. Le dernier concert qu’il était censé faire avec Angélique Kidjo, j’ai eu la chance d’aller chez lui ces jours-là et de le voir travailler avec Angélique Kidjo. De voir ces deux géants de la musique mettre leurs égos de côté et travailler ensemble comme si c’était leur premier concert. Pour moi, c’est une leçon de vie parce que j’ai compris qu’on n’a jamais terminé d’apprendre et je me dis que tout reste à faire. Et c’est ce genre d’exemple là qu’il faut mettre en avant pour pouvoir continuer à prendre place au fil des générations », relate-t-il.

Et de conclure : « Aujourd’hui je n’aurais pas la prétention de dire que je vais faire plus grand que lui. D’ailleurs, je ne cherche pas à faire comme lui. Mais en puisant sur ce qu’il a laissé, ça va me permettre de me construire moi-même et de tracer ma propre route », a conclu James.

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Qui est réellement James BKS, ce fils de Manu Dibango peu connu des Camerounais ?

James BKS appartient à une nouvelle race de loups. Pas de celle qui arpente les alpages européens depuis des millénaires et qui charrie des mythes anciens. Plutôt de celle qui s’est établie en Afrique, appelée « loup doré », et qui incarne une autre ère, une nouvelle génération voyageuse. Entre la France, les Etats-Unis et le continent de ses racines, le producteur français a bâti son premier album, Wolves of Africa, résultat d’une longue quête personnelle, artistique et familiale. Car pour trouver sa voie musicale, il faut parfois des vies entières.

La sienne a donc commencé en France en 1982, mais a radicalement changé lorsque sa famille est partie vivre le rêve américain à Springfield, en Virginie. Là-bas, dans un vivier musical effréné, il découvre la production hip-hop et un talent qu’il ne soupçonnait pas. Alors, devant l’évidence, il travaille, compose inlassablement, et parvient très vite à produire des instrus pour des poids lourds tels que Snoop Dogg, Akon, Puff Daddy ou encore Ja Rule. Au crépuscule des années 2000, il touche ce fameux rêve américain du doigt, et part vivre à Atlanta, là où le futur de la sono mondiale prend forme.

Mais dans le tourbillon d’une industrie musicale fantasmée, James BKS ne se reconnaît plus artistiquement. Si ses productions ont du succès, il ressent le besoin de reprendre le contrôle de sa musique, de faire les choses pour lui, par lui.

Face à sa volonté d’être musicien, sa mère camerounaise lui révèle alors l’identité de son père biologique : Manu Dibango. Après tout, les loups ne font pas des chats. Alors, il plaque presque tout, et part se reconstruire en France, sans pour autant reconnecter d’emblée avec ses origines. « Pour moi, l’Afrique était une notion assez lointaine, avoue-t-il. Cette filiation, je l’ai longtemps mise sous le tapis, ignorée. J’ai eu plusieurs occasions de rencontrer mon père. Mais un mélange de fierté, de besoin de me protéger et de me construire seul m’en empêchait. »

Se construire, justement. Via sa nouvelle structure Grown Kid, il développe dès 2012 des projets de musique à l’image, et réalise les bandes-originales de plusieurs films : Une histoire banale en 2013, Taularde en 2014, puis Le Gang des Antillais en 2016.

Il collabore avec plusieurs artistes de la nouvelle génération, que ce soit dans le rap français avec Booba ou Meryl, mais également avec les garants de l’avenir de la musique africaine comme Mr Eazi, Dip Doundou ou Yemi Alade.

Il y a chez lui une volonté d’entreprendre, de réunir autour de lui une meute bouillonnante, un collectif. C’est dans sa nature d’homme et d’artiste. Et puis, alors que son cheminement musical prenait forme, le hasard a fait revivre un passé trop longtemps laissé de côté.

Par un concours de circonstances que certains appelleront « destin », il tombe nez à nez avec Manu Dibango dans un hôtel parisien. Sans pour autant révéler la nature de leurs liens, que le grand chanteur camerounais ignore, il parvient à établir une connexion, pas à pas, comme un retour progressif et réfléchi vers ses racines.

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Et lorsque les deux hommes se retrouvent enfin, la vision musicale de James BKS change. « Manu et ses musiciens m’ont emmené en Angleterre, au Brésil, partout en France, m’ont fait découvrir de nouvelles rythmiques, de nouveaux horizons musicaux. C’est comme ça que j’ai compris que ma musique serait désormais imprégnée par l’Afrique. »

Alors, en 2017, James BKS compose le morceau Kwele, basé sur un sample du titre Senga Abele, enregistré par son père en 1990. On ne gomme pas ses premiers réflexes hip-hop d’un claquement de doigts. Kwele est en fait la première pierre de l’édifice sonore que deviendra Wolves of Africa. C’est grâce à ce titre qu’il rencontre l’acteur et musicien anglais Idris Elba, qui le fera signer sur son label 7Wallace. Et plus les mois passent, plus James BKS comprend que pour parvenir à ses fins et s’approprier totalement son art, il faudra qu’il compose pour lui et personne d’autre.

En côtoyant les musiciens de son père, il s’imprègne des cultures douala, du bulu, ou encore des rythmiques bikutsis. La culture africaine, par la pop et ces nouvelles inspirations, hante l’album. Mais puisque James BKS est un loup dont la musique n’a pas de patrie, il s’associe avec des artistes de renoms, que ses nombreuses connexions lui permettent de solliciter. Sur New Breed, il parvient à réunir le producteur et rappeur légendaire Q-Tip, ainsi qu’Idris Elba et Little Simz. Il en sera de même avec le titre King, sur lequel il invite Agyei et Royce Da 5’9, « l’un des meilleurs rappeurs américains qui existent ». Une histoire de transmission, de filiation, d’héritage… Car tout cet album est porté par des valeurs profondes, par la volonté de laisser une trace positive sur les générations futures.

Mais la transmission est aussi synonyme de réappropriation. Sur Wolves of Africa, James BKS allie la tradition musicale retrouvée aux rythmiques les plus électroniques qui inondent le continent africain. Il rassemble les guitares maliennes, les basses assourdissantes du Nigeria, les chœurs féminins enjoués, les cuivres congolais (qui ont eux-mêmes voyagé depuis Cuba)… Chaque élément, chaque son est au service d’une forme de modernité. Comme sur les titres Kusema et Mambo Ma’Mala, symboles de cette rencontre entre les machines et tout ce qui fait la richesse des musiques africaines.

Wolves of Africa est donc l’album d’une vie, une étape phare dans un cheminement existentiel en cours. Peut-être que le morceau qui résume le mieux cet état d’esprit est celui qui clôt la tracklist : Pana Nija. En featuring avec Parker Ighile et Gracy Hopkins (qui fait également partie de son groupe New Breed Gang), il convoque la mémoire de Manu Dibango, sa voix, sa bienveillance. Comme pour symboliser un héritage, un parcours artistique et personnel désormais synonyme de fierté. Comme pour montrer que si un loup disparaît, son esprit perdure. Et engendre une nouvelle race, une nouvelle musique : celle de James BKS.


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