Ils sont de plus en plus nombreux à faire des petits métiers pour assurer frais de scolarité, loyer, nourriture et soins. Étudier et faire de petits boults, tel est le quotidien de bon nombre d’étudiants camerounais.C’est le cas de Florent Lambou, cet étudiant inscrit en master II, filière géographie à l’université de Yaoundé I. Il parle ici des raisons qui l’ont poussé à créer un groupe d’étude.
Pourquoi avoir décidé de vous lancer dans une activité parallèle?
Je me suis lancé dans une activité parallèle à mes études parce que j’avais des soucis en famille. En effet, je suis issu d’une famille particulièrement nombreuse et l’encadrement familial n’était pas assez conséquent. Surtout pour un étudiant qui fait une filière comme la géographie où les prix du matériel didactique sont particulièrement élevés. C’est donc pour alléger les dépenses familiales que j’ai décidé de faire une activité au sein du campus. J’ai commencé comme vendeur ambulant des petites brochures et livres dans le domaine de la géographie pour aider les étudiants à mieux comprendre et approfondir les enseignements dispensés à l’université. Par la suite, le recteur de l’époque le Pr. Oumarou Bouba a interdit le commerce ambulant au sein du campus.
C’est ainsi que je vais me plier au règlement et me rabattre sur le soutien aux cadets académique en créant avec quelques amis un groupe appeler « Géo facile ». L’objectif étant d’aider les cadets académiques à accéder au niveau supérieur moyennant une somme de 300 FCFA par séance. Ce type d’activité va une fois de plus être interdit au sein du campus. Ce qui nous a poussé à créer de manière légale le Centre africain d’appui à la recherche et au développement (Caard), dont l’activité principale demeure le soutien aux étudiants de géographie. Cette fois ci nous avons acquis des locaux au quartier Bonamoussadi où nous exerçons depuis lors dans un cadre formel.
Est-ce que c’est une activité qui vous permet d’atteindre vos objectifs ?
Bien évidement. Si on ne trouvait pas notre compte on aurait déjà abandonné. Moi par exemple, j’ai largement contribué au payement de mes droits universitaires en Master professionnel, option cartographie et système d’information géographique. Je travaille au quotidien avec 15 autres jeunes étudiants qui n’ont pas de soutien mais qui trouvent également leur compte. De plus, le bénéfice que nous avons n’est pas seulement sur le plan financier. A force d’éclairer nos cadets, nous profitons pour nous former davantage.
Est-ce que c’est évident pour vous d’allier le soutien à vos cadets académiques et les cours à l’université ?
Ce n’est pas du tout facile d’allier les deux. Vous savez, il est difficile de faire des études et de travailler en même temps. Il arrive parfois que les heures de nos cours coïncident avec les heures des contrôles continus à l’université. Parfois, on se donne tellement à fond dans le soutien aux cadets, au point d’oublier nos propres cours et exercices. Cependant on n’a pas de choix. On arrive toujours à gérer la situation.
© Hervé Fopa Fogang, Quotidien de l’Economie