Le journaliste, doctorant en criminologie et histoire mène une enquête inédite au cœur du processus d’acquisition foireuse d’un avion pour Paul Biya, un des plus grands scandales de l’ère Biya, qui a déjà conduit une demi-douzaine de hauts responsables de la république en prison. Un ouvrage qui paraît ce 31 aout aux éditions du Schabel à Yaoundé.
En août 2001, dans la plus grande discrétion et sur instruction de Paul Biya, Marafa Hamidou Yaya secrétaire général de la présidence de la République engage le processus d’acquisition d’un avion pour le chef de l’Etat. Il s’agit d’un BBJII. Une entreprise, GIA International a été retenue pour servir d’intermédiaire entre l’Etat du Cameroun et le constructeur américain Boeing. Alors qu’il est question de verser dans un premier temps deux millions de dollars afin que Boeing puisse lancer la construction de l’avion, Michel Meva’a m’Eboutou, ministre des Finances décide de virer 29 millions de dollars dans les comptes de GIA International. L’entreprise américaine utilisera cet argent pour acheter deux avions qui seront mis en location à la CAMAIR dirigé par le fils du milliardaire de Bandjoun, Yves Michel Fotso. En mars 2002, date de la livraison du BBJII, il n’y a ni avion, ni argent.
Alors que le processus d’acquisition du BBJII se poursuit, le 24 août 2002, Marafa Hamidou Yaya est remplacé au secrétariat général de la présidence de la République par Jean Marie Atangana Mebara. Ayant pris connaissance du dossier, ce dernier décide de suspendre les négociations avec GIA International et de négocier directement avec Boeing. Lorsque l’avion est à nouveau prêt chez Boeing, sa réception est reportée à trois reprises. Au final elle n’aura jamais lieu.
Au mois de juin 2003, alors que l’avion est posé dans les ateliers de Boeing et en attente de paiement, Paul Biya renonce à l’acquisition d’un BBJII et opte pour un 767. En attendant qu’un 767 neuf lui soit livré, Atangana Mebara porte son choix sur un avion appelé « l’Albatros » qui devait être utilisé en location par le couple présidentiel. La suite de l’affaire on la connait. En voyage pour assister à un sommet sur le bassin du lac Tchad à Paris, les roues de « l’Albatros » peinent à rentrer, Paul et Chantal Biya sont pris de panique. Mais plus de peur que de mal. Tout rentrera très vite dans l’ordre, mais Paul Biya ne montera plus jamais dans « l’Albatros ». Certains membres de son entourage affirment qu’on a tenté de le tuer.