Chronique De Alain Patrick Fouda Sur Abk Radio 12 Janvier 2023
Les hommes publics ont souvent droit à leur néologisme : Aux Etats-Unis, on a les Trumpistes, fanatiques de Donald Trump, en France, on a les Macronistes, partisan d’Emmanuel Macron, au Cameroun, on a les Biyaïstes. M’étant intéressé aux nombreuses publications de Djeukam Tchameni sur les réseaux sociaux, j’ai envie de vous proposer ce matin ce qu’on peut appeler le Tchaménisme. Vous allez voir, ça ne manque pas d’intérêt en contexte de transition politique. Qui est Djeukam Tchameni ? L’écrivain prolifique Enoh Meyomesse, dans un livre autobiographique intitulé « Djeukam Tchameni : Une vie pour la révolution », le présente comme un militant politique révolutionnaire qui a profondément marqué le Cameroun en 1991, à l’aube de la démocratisation du pays. Après plusieurs années passées entre le Cameroun et l’étranger, Djeukam Tchameni s’est installé dans son pays de cœur et se fait remarquer par son activisme sur les réseaux sociaux où il prend un malin plaisir à partager sa vision de la politique.
Alors Patrick, à vous entendre on a tendance à penser que Tchaménisme est plus idéologue, leader d’opinion qu’un homme politique lancé dans la conquête du pouvoir. Qu’en est-il exactement ?
Idéologue, je dirai oui et c’est la raison première de ma tentative de théorisation du Tchaménisme. Ce serait alors cette doctrine qui préconise la mutualisation des forces et la mobilisation populaire pour toute entreprise qui vise la conquête du pouvoir politique suprême. C’est en parcourant ses publications qu’il m’a été possible de déceler le Mindset, l’ADN de Djeukam Tchaméni. Par exemple, dans sa publication intitulée « Messianisme ou mobilisation populaire », il fait savoir qu’il est contre « la déification des leaders parce qu’en définitive leur contribution est marginale » », car en fait, « c’est l’action coordonnée d’une multitude de d’anonymes quadrillant la société qui est déterminante ». Il ajoute et je le cite, que « l’ego surdimensionné des messies autoproclamés qui se trouvent à la tête des églises politiques de réveil rend impossible toute coalition ». Le Tchaménisme est donc le rejet du culte de la personnalité, ennemi majuscule de la révolution, au profit des masses populaires qui sont, selon lui, le vrai moteur de l’histoire.
Est-ce à dire que l’un des mantras de Djeukam Tchameni, c’est la coalition des oppositions ?
Exactement, Didier. L’un des mots qui explique le Tchaménisme c’est le mot coalition. Pour Djeukam Tchaméni, un bon cadre organisationnel agence intelligemment les ressources humaines et matérielles, et facilite le processus de prise et d’exécution des décisions consensuelle. Exemple : une Coalition de partis politiques, associations et personnalités, regroupée autour d’un programme de transition, qui prend ses décisions de façon démocratique et les diffuse avec promptitude.
Quand on fait de la politique : ne faudrait-il pas une bonne dose de réalisme ?
S’il est réaliste, je ne saurais le dire sans courir de risque. Chacun peut se faire une idée. Toujours est-il que sa promotion des idéologies et son gout pour l’éducation des masses laissent envisager que pour lui, le changement requiert la mise en place d’un cadre institutionnel ALTERNATIF qui ouvre des perspectives de Refondation de la Nation. En des mots plus simples, éduquer, former, mobiliser, voter et encourager au vote sont les clés de la transformation qualitative de la société. Je vous propose Didier, une dernière citation que cet homme politique : « le Leadership ne se clame pas, il se démontre par la capacité à ressembler au-delà de sa chapelle et à impulser un mouvement national qui fait bouger les lignes. Ceux qui vont construire une Coalition seront les leaders incontestables. Les one-man-showistes vont tomber lentement et sûrement dans l’oubli ».
Ainsi peut-on résumer le « Tchaménisme ». Pour en savoir davantage, lisez « Djeukam Tchameni : une vie pour la révolution » de Enoh Meyomesse.
Alain Patrick Fouda