Un projet de modification des conditions d’éligibilité à la présidence de la Confédération africaine de football circule en ce moment au sein des associations affiliées à la Caf.
En 1988, Issa Hayatou, alors président de la fédération camerounaise de football, est
élu à la tête de la très convoité Confédération africaine de football (Caf). Depuis 24 ans donc, il y règne. Et visiblement, il n’a pas l’intention de passer le témoin. «Si des voix en Afrique s’élèvent pour me demander de me représenter en 2013, je vais le faire. Mais, s’il n’y a pas d’appel, je vais me retirer», avait laissé entendre Issa Hayatou lors d’une sortie médiatique en 2011.
La succession de ce dernier sera ouverte en mars 2013. C’est sans doute pour lui permettre de rempiler que l’un de ses inconditionnels, Mohammed Raouraoua, président de la fédération algérienne de football, a souhaité et obtenu qu’un projet de modification du règlement des élections à la présidence de la Caf soit présentée pour adoption lors du congrès extraordinaire de l’instance prévue début septembre aux Seychelles.Cette proposition de modification envoyée aux différents présidents des associations nationales et qui met déjà le feu aux poudres est la suivante: «Tout candidat aux élections à la présidence de la CAF, outre les compétences nécessaires, devra être ou avoir été membre du comité exécutif de la CAF». Si cette proposition venait à être adoptée, elle mettrait automatiquement hors jeu, l’ivoirien Jacques Anouma, candidat déclaré à la succession d’Issa Hayatou.
Bien que membre du cercle très fermé du comité exécutif de la fédération internationale de football association (Fifa), l’ancien président de la fédération ivoirienne de football ne rempli pas les conditions d’éligibilité de la proposition Raouraoua. Il n’en fallait pas plus pour révolter certaines personnalités du football africain qui voient en ce projet, des manœuvres en vue de permettre à Issa Hayatou de demeurer aux pouvoirs. «Ce serait un véritable recul» a condamné, dans un entretien accordé au quotidien ivoirien Le Patriote, Augustin Senghor, président de l’instance faitière du football sénégalais. «La proposition de modification des statuts de la Caf à quelques mois du terme du mandat d’Issa est fallacieuse et fait honte à l’Afrique. Elle démontre qu’il n’y a pas que les politiques qui tordent le cou à la démocratie» assomme Joseph Antoine Bell dans une interview publiée par le journal ivoirien Le Soir. «Issa et ses lieutenants veulent transformer la Caf en un bunker. Ils sont convaincus que les Africains ne veulent plus d’eux à la tête de leur football, alors ils se barricadent avec des textes pour se maintenir au contrôle du football africain. Leur objectif est d’éloigner de la Caf toutes les intelligences africaines», dévoile l’ancien gardien de but double champion d’Afrique avec l’équipe nationale du Cameroun. «Le rendez-vous des Seychelles en septembre prochain, est une bonne opportunité pour les présidents de fédération de démontrer qu’ils ne sont pas des idiots, qu’ils sont plus compétents que ceux qui gèrent la Caf depuis 25 ans, qu’ils ne sont pas ce que Issa et ses hommes pensent d’eux, c’est-à-dire des pantins pour qui on doit toujours prendre des décisions», recommande Joseph Antoine Bell. «Les textes de la Caf m’autorisent encore de me porter encore candidat, car l’âge limite est fixé à 70 ans», se défend l’ancien président de la Fédération camerounaise de football, âgé aujourd’hui de 66 ans. En mars 2011, pendant le 33e congrès de la Caf, à Khartoum, au Soudan, Issa Hayatou avait pourtant laissé entrevoir la possibilité de se retirer de la présidence de la Caf, estimant qu’il était fatigué. «Comme on ne change pas une équipe qui gagne, on ne change pas un président qui fait le bonheur du football africain», affirme le laudateur Anjorin Moucharaffou, président de la fédération béninoise de football. Entre les pro et anti Issa Hayatou, il est clair que la bataille pour la succession s’annonce les plus rude.