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[Tribune] William Bayiha : « Le régime néocolonial au Cameroun n’a pas changé depuis les Français »

Dans une tribune publiée le samedi 18 mars 2023, le Conseiller au cabinet parlementaire de l’hon. Cabral Libii parle du procès de l’indépendance du Cameroun. Le Chargé de mission auprès du président national du PCRN pense que le régime qui a remplacé l’administration française n’a pas changé et se perpétue. Lebledparle.com vous propose l’intégralité du texte.

Um Libii

DU PROCÈS DE L’INDÉPENDANCE

Les familiers de l’histoire du Cameroun savent que R. Um Nyobe utilisait quasi-exclusivement la notion de « procès de l’indépendance » pour parler de l’ensemble des actions engagées par les Nationalistes entre 1948 et 1955 pour parvenir à la Réunification et à l’Indépendance du Cameroun.

Convoquer la terminologie juridique du « procès » dans le champ de l’action politique n’était pas une fantaisie. C’était là tout le génie du Mpodol. Le secrétaire général de l’UPC savait précisément ce qu’il voulait : utiliser les voies de droit pour contraindre les Nations-Unies à accorder leur indépendance aux Camerounais.

On se rappelle de son premier voyage à New-York pour plaider la cause du Cameroun devant l’Assemblée générale des Nations-Unies. La stratégie était la suivante : imposer un agenda juridique aux puissances occidentales qui se présentaient alors – et se présentent encore – comme des parangons de l’État de droit et non de la loi de la force.

La stratégie de Um était méthodique et exigeante. Elle avait réussi à maintenir, de manière extraordinaire, les Nationalistes camerounais hors d’atteinte de la violence du colonialisme qui a de tout temps été déferlante.

Tant que la revendication restait dans le champ du droit, les Nationalistes avaient un avantage sur leurs adversaires condamnés à la cohérence de faire triompher le droit de l’État.

Le leader upéciste avait conscience que l’«Union des peuples du Cameroun» était un projet fragile et qu’elle n’avait pas les moyens de s’inscrire dans le champ de la violence débridée qui est le propre du colonialisme occidental.

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Cette vision, cela n’est pas toujours rappelé, n’était pas partagée par tous les upécistes. Beaucoup confondaient l’action de décolonisation avec une lutte idéologique dont l’ambition était surtout d’imposer coûte que vaille une organisation préconçue de la société. La décolonisation est l’ouverture de la porte des possibles.

Ces voix globalement insurrectionnelles ont longtemps été contenues par la présence et l’action quotidienne du charismatique secrétaire général. Elles constituaient, sans le savoir, la faille de l’ensemble de la volonté décoloniale de l’UPC. Les Camerounais n’avaient pas les moyens matériels de venir à bout du fascisme français au Cameroun par la violence.

Pour donner voix au chapitre aux Hérault de la loi de la force et mettre l’UPC hors d’état de nuire, le gouvernement colonial a poussé Um Nyobe à entrer en clandestinité et à abandonner l’organisation sans une direction idéologique consistante.

Les va-t-en guerre s’en sont emparée, le secrétaire général, de son maquis en Sanaga-Maritime, ne réussissant qu’à obtenir que chaque « chef de guerre » fasse la guerre chez lui, auprès des siens, dans sa région d’origine.

La suite, on la connait : ce sont les plus ardents défenseurs de la logique insurrectionnelle qui sont morts les derniers. Certains ont transigé aux premières années de l’indépendance. Um Nyobe est mort sans jamais avoir tiré un coup de feu, très tôt, un matin.

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La décision de la 4e commission de tutelle de l’ONU d’octroyer l’indépendance au Cameroun en 1959 montre que Ruben Um Nyobe avait raison de conjuguer le droit à la politique plutôt que la force à la folie.

La lutte, parce qu’irréfléchie, s’est-elle achevée par une débâcle de l’Armée nationale de libération du Kamerun matérialisée par l’instauration d’un régime néocolonial.

L’émergence de ce nouveau régime d’avilissement de l’humain a fini par faire reémerger, ces derniers temps, non pas l’UPC qui s’est figée dans sa défaite, mais l’upécisme i.e. une atmosphère intellectuelle de la décolonisation ou mieux de la dénéocolonisation. Cet upécisme s’appelle le cabralisme.

C’est nous.

Le régime néocolonial au Cameroun n’a pas changé depuis les Français. Il va tenter de nous entraîner dans la violence, son terrain de jeu favori. Libre court à nous de ne pas commettre les mêmes erreurs que l’UPC en restant dans la raison du droit.

William Bayiha,

Conseiller au cabinet parlementaire de l’hon. Cabral Libii

Chargé de mission auprès du président national du PCRN

 


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