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Le 11 mai 2023, le ministre des transports du Cameroun a pris la décision de suspendre l’agence de transport terrestre – Touristique Express pour une période d’un mois.
Cette agence est accusée d’une grave violation de la réglementation en vigueur qui a entraîné un accident avec des dommages matériels et corporels ainsi que des pertes en vies humaines. La quintessence d’une telle décision est discutable dans la mesure où c’est plus une frime politico-administrative qu’une approche technique pertinente et efficace.
Responsabilisation
Le frimeur consiste à attendre que les gens meurent pour naviguer sur les émotions et prendre une décision politico-administrative décalée avec les exigences techniques.
Mieux vaut prévenir que guérir ! En effet, le gouvernement camerounais ne peut pas toujours avoir la fastidieuse habitude d’attendre la réaction des catastrophes. Il doit adopter une fois pour toutes une bonne approche préventive. C’est comme ça qu’on sauve des vies.
En matière de transport, l’une des principales missions du ministre est d’assurer la sécurité routière. Le bon monsieur manque à ses obligations professionnelles et est heureux d’appliquer des mesures répressives ! Parlons-en !
Touristique opère sur l’axe routier Douala-Maroua, environ 1500 km. Entre ces deux villes, il y a eu 117 contrôles routiers en mars 2023.
Départ de Douala, Touristique passe donc par 117 contrôles avant d’arriver Maroua. Question :
Comment une agence de voyage qui enfreint les règlements peut-elle passer par 117 contrôles sans être inquiète ? Entre nous, qui devrait être tenu responsable ? Il est clair que c’est le lien de sécurité routière qui fait défaut.
POURQUOI ? Parce qu’il y a des agents corrompus en route. En effet, chaque infraction à la circulation a un prix. Des informations fiables indiquent que ce réseau de corruption a des ramifications jusqu’au sommet.
Question : Avons-nous déjà entendu que le même ministre des transports a sanctionné un fonctionnaire de la route pour corruption ? La réponse est non. Il est tout simplement prêt à trouver un bouc émissaire pour couvrir la défaillance de son système. Je suis de plus en plus obsédé par le fait que nous attaquons des entreprises privées où nous devrions attaquer le gouvernement, qui a l’obligation de rendre des comptes aux citoyens.
Il incombe à l’État de protéger le citoyen. Cependant, le contribuable joue son rôle ; il finance des contrôles routiers qui ne servent aucun intérêt général. Malheureusement. Si le ministre des transports veut être assidu, alors il devrait fléchir ses muscles avec le réseau mafieux qui est enrichi du sang des camerounais.
Manne pour transport clandestin
Pour le moment, la suspension de Touristique a de graves conséquences dans la mesure où il n’y a pas de véritable alternative dans ce secteur où des milliers de personnes voyagent chaque jour.
Politiquement, cela peut même être vu comme le désir du ministre de couper le Nord du Sud. En 2023 et dans une atmosphère de sécession, un politicien responsable ne prendrait aucune décision qui pourrait exacerber l’idée de division.
Par sa décision sensationnelle, le ministre des transports va plutôt aggraver la situation. Dans une situation quasi monopolistique, la suspension de Touristique entraînera le développement d’un mouvement de transport clandestin sur le réseau routier.
Le transport aérien est prohibitif pour la majorité des camerounais et le transport ferroviaire est insuffisant. Danay, le seul vrai concurrent, n’a pas la capacité de transport nécessaire pour absorber la demande.
Finalement c’est toujours le citoyen qui va souffrir. Le ministre et ses agents corrompus laisseront passer des transporteurs opportunistes qui feront tout pour être utiles. Dans la profondeur de la République et en pleine année 2023, nous ne voulons plus voir de nobles citoyens obligés de s’allonger par terre dans les agences de voyage pendant des heures ou des jours à attendre un véhicule. NON ! Cette image dégradante qui ne semble pas déranger le ministre est inacceptable.
Je veux croire qu’on peut l’accuser de ne pas aller régulièrement dans le Nord pour comprendre le sérieux de la décision qu’il vient de prendre.
Ainsi va ce pays où les principaux dirigeants ne connaissent pas la profondeur de son pays. Même le président de la République qui aurait pu sanctionner ce ministre ne connaît pas le pays. Ses quelques voyages dans le Nord correspondent à des périodes électorales.
C’est aux citoyens de ce pays de savoir punir les décisions irrationnelles.
Louis Marie Kakdeu
Membre du Cabinet Shadow SDF
Économie, finances et commerce.
