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Les débats politiques recommencent à se focaliser sur le MRC. La question de la représentation régionale monopolistique suscite la controverse. Beaucoup s’alarment à l’idée qu’un grand parti politique puisse être dominé par des membres d’une seule région. Pourtant, n’est-ce pas précisément ce que notre structure politique facilite, encourage, voire récompense ?
Notre système électoral fonctionne sur un principe simple, la majorité relative : celui qui obtient le plus de voix gagne, même si cette marge de victoire n’est que de deux pour cent (venus d’un seul village) si le second a 1,99 et les 80 autres candidats ont 1%, le nouveau président sera celui qui aura eu 2%.
Notre système et les logiciels communautaires mis en oeuvre par les nouveaux entrepreneurs politiques permettent, et potentiellement favorisent, la dominance régionale. Aucune clause de notre code électoral n’impose un niveau de soutien minimum dans chaque région pour qu’un candidat puisse devenir président. N’est-ce pas là une approbation tacite du régionalisme ? Une limite du présidentialisme à tour unique ?
La racine du problème réside dans la tension entre nos idéaux républicains et nos instincts infranationaux. Nous aspirons à construire une nation unifiée, une république qui transcende les affiliations régionales. Pourtant, nous ne pouvons échapper à notre instinct profondément ancré de nous identifier à notre village et de défendre des intérêts communautaires.
Il n’est donc pas surprenant qu’un parti politique puisse représenter des intérêts régionaux spécifiques. Après tout, chaque organisation politique ne naît-elle pas d’une nécessité perçue de représenter un ensemble unique d’intérêts ? Un parti politique n’a aucune obligation mandatée de maintenir l’équilibre régional.
Cependant, cette situation devrait nous inciter à affronter une vérité inconfortable. Elle nous met au défi d’examiner l’anachronisme des communautarismes dans une société ouverte. Le paradoxe n’échappe à personne : bien que nous devrions reconnaître et respecter nos diverses origines, nous devons également veiller à ce qu’elles ne deviennent pas des outils de division. La question, donc, n’est pas de savoir si un parti politique devrait représenter une région spécifique. C’est de savoir si un tel parti ayant gagné aux élections aurait un pouvoir absolu sur les Camerounais.
Avant de faire une réforme, il faut planifier, et donc générer des statistiques; avant de condamner une liste, sur la base des noms qui y figurent, il faut se demander: et si le MRC avait été victime d’antitribalisme dans cette affaire ? Et si les ressortissants d’autres régions ont refusé de se joindre au mouvement? Cela aurait-il un sens d’accuser ce parti politique d’avoir composé avec ce qu’il avait sous la main ?