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La Chine de Mao ou celle de Xi Jiping, la France de Napoléon ou celle de De Gaulle, la Russie de Pierre le Grand ou celle de Vladimir Poutine, l’Allemagne d’Otto von Bismarck ou celle d’Angela Merkel, l’Angleterre de Churchill ou celle de Margaret Thatcher, les États-Unis de Theodore Roosevelt ou ceux de Franklin D. Roosevelt, le Japon de Meiji ou celui de Shinzo Abe, l’Inde de Nehru ou celle d’aujourd’hui, l’Arabie Saoudite de Mohammed ben Salmane (l’assassin de journaliste mais stratège irréfutable pour son pays), la Turquie de Mustafa Kemal Atatürk ou celle de Recep Tayyip Erdogan, le Ghana de Kwame Nkrumah (avec son parti unique et ami intime de Sekou Touré) ou de Rawlings, le pouvoir autoritaire de Haile Sellasie, on peut continuer cet inventaire à la Prévert. Le fait est que la grandeur ne dérive pas de la médiocrité: si on choisit des chanteurs, on va danser pendant des années, si on choisit des discoureurs on va débattre pendant des décennies, si on veut des icônes de la mode ou sport, on va avoir un peuple de followers et cheerleaders pendant longtemps. On ne veut pas de leaders à l’essai (Ce n’est pas le sujet mais de ce point de vue Franck Biya mauvais candidat ferait un Président le pire qui soit, c’est le décrochage du Cameroun pour encore un siècle au moins.)
L’Afrique, comme tous les grands ensembles régionaux, se reflète dans les leaders qu’elle choisit : ils sont le miroir de nos ambitions collectives. Nous ne pouvons plus nous contenter éternellement de beaux parleurs et de figures charismatiques énigmatiques, dont le charme ne repose que sur quelques idées séduisantes mais démagogiques. L’époque des leaders sombres, armés et dangereux doit être révolue. Nous aspirons à des leaders transformateurs, des visionnaires capables de défendre vigoureusement nos intérêts tout en créant et innovant pour le bien commun. Nous avons besoin de dirigeants capables de construire des ponts, pas seulement des murs; de générer des opportunités, pas seulement de défendre le statu quo; d’inspirer par la force de leur conviction et non par la menace de leur puissance. L’allusion au Mali est claire pour tout le monde, n’est-ce pas ? Ce pays n’est pas un contre-exemple, au contraire. L’existence de pôles extrêmes permet au monde de s’ajuster. Il faut être conscient des limites de la « résistance » comme fin en soi.
Le futur de l’Afrique appelle des leaders qui, au-delà de la défense de nos droits, savent incarner nos espoirs les plus audacieux et donner vie à notre potentiel insoupçonné. Des leaders qui n’ont pas peur de défier l’impopularité pour inventer l’avenir. Car c’est en innovant que nous pourrons nous affirmer sur l’échiquier mondial. L’heure est venue pour l’Afrique de prouver qu’elle peut, elle aussi, se doter de tels leaders.
L’Afrique a besoin de partenariats internationaux qui suivent une logique panafricaine. L’Afrique doit aussi tirer parti de tous ses types d’activisme sans se limiter à un seul, embrasser tous ses courants et chérir sa diversité. Une Afrique influencée exclusivement par des acteurs populaires tels que Kemi Seba, Nathalie Yamb ou Banda Kani risquerait de régresser drastiquement. Ces personnalités sont importantes et peuvent aider à articuler une position originale, enracinée dans les aspirations les plus concrètes de la population africaine, mais c’est par facilité et paresse qu’on voit en chaque personnalité qui ose, perce, ou émerge un Messie.