Lors de son discours de clôture, lors de la session parlementaire à l’assemblée nationale, de Juin 2023, le Président Cavaye Yeguie Djibril, rendant hommage au Chairman Ni John Fru Ndi, a qualifié le SDF de parti d’opposition responsable. Il n’a d’ailleurs pas manqué de souligner que cette mue progressive a été rendue possible grâce à la lucidité et la clairvoyance du Chairman. Bravo ! Étant donné que le droit de la guerre interdit de tirer sur un corbillard, on ne fera pas de procès au Président fondateur du Social Democratic Front. Son âme mérite un repos paisible après les turpitudes et les turbulences de la vie sur terre.
Toutefois, le même silence ne saurait être porté sur les dires du Président de l’Assemblée nationale surtout dans un contexte où le peuple soupçonne de plus en plus, une certaine opposition d’être de connivence avec le pouvoir en place pour des raisons ignorées.
En effet la théorie politique de Joseph Lapalombara voudrait qu’un parti politique soit une association de personnes, dont l’objectif est la conquête, l’exercice et la conservation du pouvoir politique. Et nulle part dans cette démarche méthodique, le concept de « responsable « , au sens voulu par le PAN n’apparaît. Car que ce soit dans la conquête, ou dans l’exercice ou dans la conservation, il y’a toujours un goût de combat. L’idée de lutte apparaît en permanence.
Tenons par exemple, le concept de conquête. Ce mot est par essence militaire, même terme servant à désigner les partisans d’un parti politique ; les militants. Même si, avec les démocraties modernes, la conquête du pouvoir soit davantage circonscrite à l’élection, il n’en demeure pas moins que cette dernière ne saurait être un sentier paisible. Surtout lorsqu’on sait que l’exercice et la conservation ad vitam aeternam s’opposent farouchement à la conquête. C’est-à-dire que, si les partis d’opposition ne se montrent pas menaçants, violents à la limite, aucun projet de conquête se saurait voir le jour. On reste dans ce cas dans l’accompagnement simple sans ambition politique aucune.
Les propos du Président de l’Assemblée nationale trahissent à suffire le rôle et la place donnés aux partis d’opposition au Cameroun. Des associations qui se doivent d’être responsables au risque de voir un serpent affamé sortir de nulle part pour remettre de l’ordre au sein du « petit parti politique » devenu trop ambitieux et donc irresponsable.
Nos partis politiques animent tout simplement l’activité politique, mais on ne saurait les qualifier de partis politiques au regard de l’objectif de l’exercice et de la conservation du pouvoir politique comme voulu par Roberto Michels.
François Aurelien Nguendia