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[Tribune] Quand la caserne…s’éveille

Dans un coup de Poing publié le 09 juillet 2023, Saint Eloi Bidoung, homme revient sur l’admission en deuxième section du général de division Ngambou Esaïe. Il pense que la réaction du général dans le cadre d’une affaire religieuse doit être prise au sérieux. Lebledparle.com vous propose le texte intégral.

Ngambou Esaie 2 section
Le Général de division Ngambou Esaïe désormais en deuxième section - DR

Question à un sou aux apprenants du cours supérieur de défense à l’Ecole de Guerre : qu’est-ce que le courage pour un soldat? Réponse : C’est  «  désobéir à l’ordre d’un Général ».

Le Général Ngambou Esaïe a été traduit, comme manu militari, en deuxième section. En français facile, il est immédiatement appelé  à faire valoir ses droits à la retraite, pour avoir défié une haute autorité civile. Comme pour lui rappeler que le pouvoir est civil.  Connaissant   le président Biya, il ne pouvait en être autrement. Il fallait s’y attendre.  Une telle occasion est idéale pour désillusionner ceux qui pensent  et disent que le Nnom Ngui a perdu la main.

Ceux qui côtoient le président Biya disent qu’il n’oublie rien.  Il  se serait  inspiré de cette phrase du Président Ahmadou Ahidjo à Jean Fochivé au sujet de la vraie fausse gifle de Victor Ayissi Mvodo à Paul Biya : « celui qui méprise l’envoyé du roi méprise le roi ». La grande muette est seulement taiseuse, Elle  pourrait prendre la parole un jour publiquement, parce que la caserne n’est pas sourde.

Bruits de bottes ; attention à l’ouverture des casernes.

Quand la caserne s’ouvrira-t-elle ?,

Ce ne sera pas trop tard  quand s’ouvriront les portes de la caserne.  Ce sera au bon moment. Quand le peuple en aura assez de subir le martyr imposé par un régime de mercenaires insensibles et prédateurs.

Ce sera quand on en pourra plus de voir, des voleurs, des délinquants à col blanc en vagabondage et d’autres en divagation dans la République.

Ce sera quand le contenu de la caserne aura marre de sortir,  armes aux poings, juste pour aller tabasser des femmes et des jeunes, leurs cousines et neveux, descendus dans la rue pour revendiquer leurs droits démocratiques.

On dira alors que la caserne est pleine de rebelles. Ce sera la cour martiale sans doute.  Mais, sachons que  la caserne est pleine et muette.  Surtout muette et calme. Par honneur et fidélité. Par honneur à un pays.  Par fidélité à la devise d’un pays. Une devise que tous, chez les régnants et les régents  de la République, semblent avoir oublié et que nous n’avons aucune difficulté  à rappeler ici : «  Paix-Travail-Patrie. »

Ce sera quand la troupe aura vidé son sang, son sang neuf, son sang innocent sur des champs de batailles inutiles. Ces champs de guéguerres que les gradés laissent perdurer et entretiennent pour leurs propres fortunes.

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Ces casernes où la gamelle du caporal s’est vidée pour remplir le compte en banque du colonel resté au chaud dans son bureau,  Largement caporalisée par les généraux, la troupe  est généralement faite d’hommes qui se taisent mais qui ne sont pas muets. Et le silence  des caporaux  est assourdissant. Plutôt inquiétant. Est-ce le calme avant la tempête ?

Quand  la caserne s’ouvrira, il sera trop tard. Des  fils de pauvres familles diplômés de l’Enseignement supérieur, auront déjà  épuisés les quinze années de chômage obligatoire qui les exclut de tout concours soumis à la limite d’âge.

A ce moment-là, c’est-à-dire trop tard, on ne parlera plus du « Pélican », le mythique avion présidentiel légué par Ahmadou Ahidjo, enfermé dans un grand  hangar de tôle à la base aérienne de Yaoundé depuis bientôt  quarante année. Ce qui nous vaut, chaque année,  des milliards de FCFA en location d’avion de luxe  pour lequel presque tout un gouvernement croupit   en prison,  pour un oiseau que des rapaces à la présidence de la République ont plumé: « L’albatros. »

Il sera trop tard, parce que les palais  et les duplex de pharaons des ministres et dirigeants d’entreprises publiques seront déjà à foison. Ils   auront gagné tous les terrains du pays, tel qu’il ne restera plus ni argent, ni mètre carré pour construire des écoles, des centres de santé et des ponts pour les pauvres vivants hors de la ville.   Tout aura déjà été pillé, plié  et pilé.

Il sera trop tard, Le rassemblement démocratique du peuple camerounais aura atteint ses limites.  Tous les rats  seront partis avant que le bateau ne coule.  Le Président sera mis en sécurité pour s’en servir comme bouclier en cas d’en cas.  Les Franckistes en fuite, le MRC, le PCRN, le SDF sous la table, Seul le Parti démocratique des pauvres du Cameroun (PDPC) pourra affronter les troupes,  au risque de se constituer en dégât collatéral.

La troupe ne pourra que proposer, à nous mais surtout à la très regardante «  communauté internationale »  un autre machin bidon  du genre «  Comité nationale de transition » »Comité Nationale pour le Redressement »,  dirigée par un capitaine ou un colonel, comme on  en voit tout le temps à travers l’Afrique (bien que le Cameroun soit le Cameroun).

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On attrapera quelques voleurs du régime et leurs complices pour les envoyer au bagne rejoindre leurs comparses. Et nous irons dans la rue pour chanter la libération. Ce sera le jour de gloire. Mais il sera trop tard.

Il sera également trop tard de parler de l’argent de la préparation de la Coupe d’Afrique des Nations de football. Celui-ci aura déjà définitivement disparu.   Celui de la lutte contre le Covid-19 aura cessé de respirer. Des milliards de FCFA se seront déjà noyés dans le lac Léman, à Genève, quand des millions d’enfants souffrent de malnutrition et de déperdition  scolaire.

Quand doit donc venir la troupe ? Quand doivent s’ouvrir les portes de caserne ?

Ce devrait être quand la troupe saura qu’elle est composée de citoyens camerounais. Qu’elle est  chargée de la protection des biens et des personnes. Et puisque les biens et les personnes sont attaqués, spoliés et martyrisés chaque jour au Cameroun, certains souhaitent déjà entendre le son du clairon. Même dans les casernes. Devrions-nous souhaiter des bruits de bottes comme solution à ce qui nous casse les pieds ? A l’allure ou ceux qu’on a désigné en 1984 « la bande à Biya »  s’en mettent  plein les poches, on  se demande : aurons- nous le choix ? That is the question.

Cette tribune n’est pas un appel à une insurrection. C’est juste pour rappeler aux «  dauphins », «  prétendants » et «  possibles successeurs »,  qu’il y a aussi la très bavarde grande muette. Elle aussi a le droit,  à l’allure où les choses vont  de parler,  et de se préparer à dire son mot.  Pour rendre paisible la transition voulue et tant souhaitée fut-elle vingtaine, lointaine, mais qui demeure certaine. A bon entendeur……

 


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