La présence du Cameroun au Congrès mondial de gynécologie et d’obstétrique
Le Cameroun a pris une part active à ce Congrès de la Fédération Internationale de Gynécologie et d’Obstétrique (FIGO), avec la présence remarquée docteur Ernestine Gwet-Bell. C’est une obstétricienne-gynécologue camerounaise diplômée de Paris. Fondatrice et directrice de la Polyclinique Odyssée (Douala) Ernestine Gwet-Bell est très engagée dans les luttes pour faire progresser la santé et les droits des femmes (contraception, fertilité, lutte contre les violences faites aux femmes. Pionnière dans la PMA en Afrique, elle a codirigé de l’équipe qui a permis la naissance du 1er Bébé né par FIV en Afrique centrale en 1994. Elle a présidé de nombreuses sociétés savantes et sociales et reçu de nombreuses récompenses internationales. Elle fait partie des grandes figures féminines du Cameroun et, au-delà, du continent africain.
Le premier jour du Congrès, elle a présidé une session consacrée à la santé des femmes migrantes, mettant l’accent sur la santé reproductive et maternelle. La session a porté sur « Les discriminations chez les migrants et les réfugiés ». Les exposés présentés au cours de ce panel de réflexion ont démontré comment les violences, les discriminations et le genre provoquent des effets négatifs sur la santé des migrants, particulièrement dans la santé reproductive. « Les effets les plus marquants qui ont été mis en avant étaient les complications des grossesses. Il s’agit d’anémies sévères, d’accouchements compliqués avec un taux de césariennes ainsi qu’une mortalité maternelle très élevés. C’est particulièrement chez les immigrés africains subsahariens », explique Ernestine Gwet-Bell. Selon les statistiques de l’organisation onusienne, le Haut-Commissariat des Réfugiés (HCR), 52% des réfugiés au Cameroun sont des femmes et des filles. En effet, leurs problèmes de santé sont parfois exacerbés du fait de leur instabilité sociale, de leur incapacité à se prendre en charge de manière autonome, d’un accès restreint ou d’une interruption des soins de santé. L’insuffisance des vaccinations, l’exposition aux infections ainsi que de mauvaises conditions de vie dans les pays d’origine, de transit s’ajoutent aux problèmes auxquels ces femmes font face.
Présentation des résultats de l’étude TaCCare
À l’horizon 2030, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) s’est fixé pour objectif d’éradiquer le cancer du col de l’utérus. L’éradication du cancer du col de l’utérus, était au cœur de nombreuses sessions du congrès de la FIGO, dont celle consacrée à la présentation des résultats de l’étude TaCCare, réalisée à l’ouest du Cameroun, portant sur la fertilité et l’issue de la grossesse, après l’ablation thermique des lésions précancéreuses du col de l’utérus.
La présentation de l’étude TaCCare par le Dr Ana Wisniak (Suisse), a été l’occasion de rappeler que 90% des femmes atteintes d’un cancer du col de l’utérus vivent dans des pays à revenu faible ou intermédiaire (données OMS 2022) et que ce cancer est le deuxième plus meurtrier en Afrique subsaharienne. Dans les pays à revenus faibles ou modérés, le traitement recommandé par l’OMS est l’ablation thermique. Toutefois, l’impact de ce traitement sur la fertilité est encore peu connu. L’étude TaCCare conduite au Cameroun avait pour objectif d’évaluer les conséquences à moyen et long terme de la thermoablation. Elle a inclus 763 participantes, dont 221 avaient été traitées par ablation thermique, avec un suivi moyen de 3 ans et demi.
« Cette étude présentée au congrès de la FIGO a montré que la thermo-ablation n’entraîne pas de réduction significative de la fertilité. Elle n’augmente pas non plus le risque de fausse couche. En revanche, selon cette étude, le papillomavirus semble multiplier par deux le risque de fausse couche. Ces résultats doivent encourager les femmes à se faire traiter», explique Ernestine Gwet-Bell, obstétricienne-gynécologue camerounaise et pionnière de la procréation médicale assistée en Afrique centrale.
A propos de la Fédération Internationale de Gynécologie et d’Obstétrique (FIGO)
La FIGO est une organisation professionnelle qui regroupe plus de 130 associations d’obstétrique et de gynécologie du monde entier. La vision de la FIGO est que les femmes du monde entier atteignent les normes les plus élevées possibles en matière de santé et de bien-être physique, mental, reproductif et sexuel tout au long de leur vie. Notre travail pour réaliser cette vision repose sur quatre piliers : l’éducation, la mise en œuvre de la recherche, le plaidoyer et le renforcement des capacités.
La FIGO dirige les activités du programme mondial, avec un accent particulier sur l’Afrique subsaharienne et l’Asie du Sud-Est. Elle défend les intérêts des femmes sur la scène internationale, en œuvrant à l’amélioration de leur statut et en leur permettant de participer activement à la réalisation de leurs droits génésiques et sexuels. Elle assure l’éducation et la formation de ses sociétés membres et renforce les capacités de celles des pays à faibles ressources en consolidant le leadership, en traduisant et en diffusant les bonnes pratiques et en promouvant les dialogues politiques.
La FIGO entretient des relations officielles avec l’Organisation mondiale de la santé et jouit d’un statut consultatif auprès des Nations unies.