L’Assemblée nationale de Yaoundé a approuvé, ce 9 juillet 2024, la prorogation d’un an des mandats des députés, prolongeant ainsi l’actuelle législature du 10 mars 2025 au 30 mars 2026. Cette extension fait passer la durée des mandats à un peu plus de six ans, au lieu des cinq ans prévus par la Constitution.
Le gouvernement justifie cette extension par la nécessité de désengorger un calendrier électoral chargé en 2025, qui prévoyait initialement quatre scrutins majeurs. Selon l’exposé des motifs, l’organisation de ces élections représenterait un fardeau matériel et financier trop lourd pour le pays.
La justification a suscité des interrogations parmi certains députés, notamment Rolande Ngo Issi du PCRN, qui a questionné la capacité du Cameroun à organiser des élections générales, à l’instar de la République démocratique du Congo. La réponse du ministre François Wakata Bolvine, « Le Cameroun, c’est le Cameroun », a semblé esquiver la question.
Le report des élections législatives pourrait entraîner celui des municipales, traditionnellement couplées. Ce report est perçu par certains comme une manœuvre pour marginaliser des partis sans élus, notamment en vue de la présidentielle.
Les cas Kamto du MRC et Cabral Libii du PCRN
Le MRC, sans élus suite au boycott des élections de 2020, se trouve dans l’incapacité de présenter son leader Maurice Kamto à la présidentielle, conformément à l’article 121 du Code électoral. François Bolvine Wakata a réfuté toute intention ciblée derrière ce projet de loi, suggérant que le MRC s’est autoexclu de la présidentielle en ne participant pas aux élections locales.
Pour se présenter à la présidentielle, Maurice Kamto doit soit être investi par un autre parti, soit se lancer en tant qu’indépendant, une option peu probable étant donné les exigences de signatures majoritairement contrôlées par le RDPC et ses alliés.
Dans ce contexte, Cabral Libii, troisième à la dernière présidentielle, doit également assurer son influence au sein du PCRN, en conflit avec le cofondateur Robert Kona, pour maintenir sa candidature présidentielle, malgré le soutien apparent du ministre de l’Administration territoriale à son rival.